Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ma bibliothèque - Page 7

  • BELLE RÉCITATION N°16

    Décembre-.jpgComme nostalgie et tradition ont partie liée, respectons leur complicité en cette période de fêtes et sacrifions au rite de la  récitation de Noël que ce blog perpétue depuis sa création.

    Cette année encore, c’est un « hussard noir de la République », poète à ses heures, que nous choisissons d’honorer pour mieux conjurer l’oubli de son œuvre.

    Affublé d’un surnom quelque peu narquois — « le Poète des Chaumes » —, chantre de la butte Montmartre et du quartier Saint-Germain, il connaît un succès d’estime grâce à son premier recueil de poèmes, Dehors,  publié en 1900.

    Renouant avec sa Normandie natale où il embrasse une carrière d’instituteur, il publie d’autres poésies, la plupart inspirées de son terroir, ose commettre quelques pièces de théâtre et conquiert une reconnaissance tardive en barde du bocage, érudit du parler normand et mémoire vivante des légendes hantant le pays de Caux.

    Sa poésie « Noël rustique » n’oublie rien du folklore familial de la plus belle nuit de l’année, restituée là au gré de ses souvenirs d’enfant : le réveillon, la bûche, l’âtre de la cheminée, la crémaillère, les chants sacrés, l’impatience des enfants… Des émotions intimes qui savent, aujourd'hui encore, résister à la triviale fièvre consumériste de notre siècle désenchanté.

     

    Noel-01.jpgNoël rustique


    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Quand j’étais jeune comme toi,

    Ma petite fille si belle,

    On mettait, le soir de Noël,

    Dans l’âtre un beau rondin de bois

    Pour les trois fêtes solennelles :

    Noël, le Jour de l’an, les Rois.

    Enfance chère aux cœurs fidèles,

    Beaux réveillons ! je me rappelle,

    Nul ne songeait à sommeiller.

     

    Le feu dansait devant la bûche

    Tout le long de la crémaillère

    — Il semble que c’était hier… —

    On chantait, on vidait les cruches,

    Le bonheur de la maisonnée

    Nous venait de la cheminée.

    Le feu semblait se réveiller

    Dans sa flamme claire et nouvelle

    Pour souhaiter la bonne année.

    La nuit des Rois, devant le feu,

    On tirait le gâteau des Rois ;

    Et l’on donnait la part à Dieu

    Aux petits enfants qui ont froid ;

    Ils chantaient avec trois chandelles,

    Comme on chante encore maintenant…

    Ma petite fille si belle,

    Ce sont des souvenirs d’enfant

    Qu’il ne faut jamais oublier.

     

    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Francis YARD — Le roi Octobre (Paris, Grasset éditeur, 1930)


    Noel-02.jpg


     

     

     

     

  • FUTUR ANTÉRIEUR N°4

    An2000- - copie.jpgLorsque la technologie du XXIe siècle s’empare des vieux fantasmes d’antan, la nostalgie se trouve soudain embellie. Ainsi en va-t-il de l’automobile volante qui fit tant rêver les gamins des années soixante-six, lecteurs assidus de Tout l’Univers, Je Sais Tout ou Sciences & Vie qui nous racontaient dans le menu détail « comment on vivra en l’An 2000 »

    Maintenant qu’elle existe « dans la vraie vie », pourquoi la voiture volante ne fait-elle plus rêver ? Sans doute parce que les basses contingences matérielles de la vie adulte ont suffi à balayer la magie du songe.

    Conduire un tel engin appellerait tout d’abord de passer son brevet de pilote. Prouesse impossible pour celles et ceux qui ont déjà eu du mal à obtenir le permis de conduire. Il faudrait en outre être domicilié tout près d’un aérodrome pour trouver une piste d’envol sécurisée échappant à la désinvolture des chauffards. Il serait prudent, par ailleurs, d’abriter cette merveilleuse machine dans un grand garage, seule solution urbaine pour la protéger de la dictature ricanante des vandales nocturnes. Trop de contrariétés, hélas, pour réaliser son rêve de gosse...Tout bien réfléchi, l’automobile volante se trouve bien où elle est : dans notre livre d’images, là où l’imagination nous porte et nous transporte, même en 2012 !


    Voiture volante-.jpg

    Source : L’automobile volante - Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000 (1953) Illustrateur : Léon Goetgeluck


    ARRÊT SUR IMAGE —

    Elle prend l’allure d’un vieux Combi Volkswagen équipé de grandes ailes sur son toit. Un puissant moteur à réaction semble avoir raison de son lourd gabarit. À en croire sa faible altitude, tout laisse penser qu’elle a pris son envol sur une petite route de province… Elle survole une autre voiture volante qui, elle, a choisi de rouler en faisant fi des limitations de vitesse puisqu’elle est propulsée par le même moteur à réaction ! Inconscience ou provocation ? Comme si la science-fiction ne pouvait résister à ses envies transgressives…


    Suivre ce lien pour découvrir la vraie voiture volante — http://www.lefigaro.fr/societes/2012/04/03/20005-20120403ARTFIG00369-la-voiture-volante-reussit-son-premier-vol-d-essai.php


     



  • JE SAIS TOUT N°5

    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaireQue la nostalgie puisse se reconnaître une vertu culturelle, il n’est plus permis d’en douter lorsqu’on feuillette le magazine JE SAIS TOUT. Pour faire honneur à son sous-titre — L’aventure humaine de tous les temps —, il nous initie aux ressorts insoupçonnés de l’imagination pour le meilleur de ce qu’elle offre : le trésor perpétuel des civilisations. Liée à la volonté et à l’audace, l’imagination trace la voie du progrès et façonne les grands hommes. Qu’elle soit habitée par l’ambition, à l’image d’Hannibal, ou portée par le rêve, à l’exemple de Don Quichotte, seule l’imagination parvient à « hausser le réel d’un ton » comme le promet notre ami philosophe Gaston (Bachelard). Une belle leçon d’instruction morale comme les publications dédiées à la jeunesse n’osent plus en servir. Parce que, depuis bien longtemps, la culture populaire déserte le terrain de l’aventure humaine, celui de l’exaltation, pour préférer le registre plus consensuel de la compassion… Là où hélas l’imagination se sent si à l’étroit.


    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaire


    EXTRAIT —

    Ce n’est pas dans le seul domaine intellectuel que règne l’imagination en faculté maîtresse. Le personnage d’Hannibal nous le montre.  Ce grand capitaine mena au IIIe siècle avant Jésus-Christ contre les Romains de longues guerres qui sont, elles aussi, un grand moment de l’aventure humaine. Hannibal, comme Alexandre le Grand, nous prouve que l’on peut être à la fois un grand homme de guerre et un homme de grande culture, — Hannibal parlait plusieurs langues dont le latin et le grec —, aussi bien qu’un homme agissant en vue de la réalisation d’un grand idéal. L’idéalisme d’Hannibal fut certes terni par le fanatisme et la haine des Romains que lui avait légués son père Hamilcar. Tout fanatisme est assurément regrettable, mais conjugué avec la force de son imagination et de sa volonté, il permet à Hannibal de tenir tête à l’impérialisme romain, à leur haine contre Carthage qu’exprimait Caton l’ancien dans sa formule célèbre « Carthago delenda est », — Carthage doit être détruite —.

    Sans doute le fanatisme des deux adversaires trouvait-il en partie sa source dans le mépris que chacun professait pour la religion de l’autre. La mythologie simpliste des Romains pouvait paraître à Hannibal une religion bien primitive et dépourvue de mystère. Le culte carthaginois de Moloch, Tanit et Astarté, qui exigeait des sacrifices humains, semblait en revanche au Romains bien barbare.

    Nous ne pouvons faire grief à Hannibal d’avoir été un homme appartenant à une civilisation donnée à un moment donné de l’histoire. Il nous montre au contraire que seule l’imagination jointe à la volonté peut donner naissance à un grand homme. Seule l’imagination, pouvoir constant à travers les siècles de l’aventure humaine, peut aussi permettre à chacun de comprendre les autres hommes. N’est-ce pas par un effort d’imagination que nous pouvons et devons comprendre telle mentalité différente de la nôtre, telle civilisation qui n’est pas la nôtre, telle œuvre que nous n’aurions su créer nous-mêmes ? L’imagination, convenablement guidée, ne serait-elle pas synonyme de civilisation ?

     Source : JE SAIS TOUT n°5, 13 mai 1969 –  L’aventure humaine de tous les temps (Paris, Édi-Monde)


     

    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaire