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francis yard

  • ACTU & NOSTALGIE N°64

    Decembre.jpgComme la nostalgie se plaît assez dans les veillées d’hiver, mettons ce mois à l’honneur sous la plume de Francis Yard, poète normand injustement tombé dans l’oubli.

    Un couple de petits vieux bercés par la chaleur du poêle, un gros chat blanc fainéant, une causerie du soir, avare de mots, autour des premiers frimas de l’hiver : voilà mise en scène toute la poésie de décembre que nous aimerions tant revivre, entre rusticité et simplicité, avec le serein réconfort de se sentir bien, tout simplement.

     Décembre

     Chez les vieux, mes voisins d’en face,

    Qui somnolent auprès du feu,

    Je suis allé causer un peu.

    En dix pas, j’ai franchi la place

    Où mes sabots laissent leur trace…

     

    Les deux pieds sur sa chaufferette,

    Ses sabots de chaque côté,

    La vieille coud, jamais distraite,

    Tâtonnante, l’air entêté,

    Le nez pointu sous ses lunettes.

     

    Et son gros chat blanc dort en rond

    Près du poêle cerclé de cuivre,

    Le poêle noir qu’en entend vivre

    Avec son ronflement profond,

    Calme et plus doux au temps de givre.

     

    La lumière est diminuée,

    Les carreaux clairs devenus gris

    Se sont voilés, comme ternis

    De somnolence et de buée,

    Soupirs émus du bon logis…

     

    On ne sait même plus l’heure…

    Le temps assoupi demeure

    Immobile et tout transi…

    En cet exil de la terre,

    On se résigne à se taire.

    L’horloge somnole aussi.

     

    Pas un soupir, pas un souffle.

    Tout s’étouffe et s’emmitoufle…

    L’oubli morne a recouvert

    La forêt, la lande immense.

    C’est le règne du silence,

    La grande paix de l’hiver…

     

    Laissons les choses s’endormir.

    La neige tombe. C’est décembre.

    Sur l’an qui meurt pourquoi gémir ?

    Espoir vaut mieux que souvenir.

    Le poêle ronfle dans la chambre…

     

    Francis YARD — L’An de la terre (Paris, Grasset éditeur, 1906)

     §

     À propos de l’auteur —

    Francis-Yard.jpgAthanase François Yard, dit Francis Yard, (1876-1947), est natif de Boissay, en Seine-Maritime.

    Le succès qu’obtient son premier recueil de poèmes, — intitulé Dehors — comble ses rêves. Nanti d’un petit héritage familial, il s’installe à Paris pour s’y faire un nom.

    À Montmartre comme au Quartier latin, le cénacle culturel l’affuble d’un surnom qui a tout l'air d'un gentil quolibet, « le Poète des Chaumes ». Après deux ans d’aventure littéraire, jonchés de cruelles désillusions, il rejoint son pays natal où il embrasse la noble carrière d’instituteur. La passion qu’il voue à son métier lui ménage assez de temps pour écrire, dans un registre enraciné dans son terroir. Son inspiration le promène alors entre almanach, contes et légendes. Le « Poète des Chaumes » cède alors la place au « Barde de la Normandie », une juste consécration pour cet écrivain qui ne sut pas résister à l’appel de la terre… Tout à la gloire de son œuvre.

    À découvrir, la note biographique fort bien construite, rédigée en classe par les élèves du Collège Francis-Yard de Buchy, en Seine-Maritime — http://francisyard-col.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article9

    Hiver.jpg

     Source : Cours SCHWEITZER — Album de planches en couleur (Paris, Librairie Armand Colin, 1908)

    § 

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    Cahier-Recitations-.jpg

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  • BELLE RÉCITATION N°16

    Décembre-.jpgComme nostalgie et tradition ont partie liée, respectons leur complicité en cette période de fêtes et sacrifions au rite de la  récitation de Noël que ce blog perpétue depuis sa création.

    Cette année encore, c’est un « hussard noir de la République », poète à ses heures, que nous choisissons d’honorer pour mieux conjurer l’oubli de son œuvre.

    Affublé d’un surnom quelque peu narquois — « le Poète des Chaumes » —, chantre de la butte Montmartre et du quartier Saint-Germain, il connaît un succès d’estime grâce à son premier recueil de poèmes, Dehors,  publié en 1900.

    Renouant avec sa Normandie natale où il embrasse une carrière d’instituteur, il publie d’autres poésies, la plupart inspirées de son terroir, ose commettre quelques pièces de théâtre et conquiert une reconnaissance tardive en barde du bocage, érudit du parler normand et mémoire vivante des légendes hantant le pays de Caux.

    Sa poésie « Noël rustique » n’oublie rien du folklore familial de la plus belle nuit de l’année, restituée là au gré de ses souvenirs d’enfant : le réveillon, la bûche, l’âtre de la cheminée, la crémaillère, les chants sacrés, l’impatience des enfants… Des émotions intimes qui savent, aujourd'hui encore, résister à la triviale fièvre consumériste de notre siècle désenchanté.

     

    Noel-01.jpgNoël rustique


    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Quand j’étais jeune comme toi,

    Ma petite fille si belle,

    On mettait, le soir de Noël,

    Dans l’âtre un beau rondin de bois

    Pour les trois fêtes solennelles :

    Noël, le Jour de l’an, les Rois.

    Enfance chère aux cœurs fidèles,

    Beaux réveillons ! je me rappelle,

    Nul ne songeait à sommeiller.

     

    Le feu dansait devant la bûche

    Tout le long de la crémaillère

    — Il semble que c’était hier… —

    On chantait, on vidait les cruches,

    Le bonheur de la maisonnée

    Nous venait de la cheminée.

    Le feu semblait se réveiller

    Dans sa flamme claire et nouvelle

    Pour souhaiter la bonne année.

    La nuit des Rois, devant le feu,

    On tirait le gâteau des Rois ;

    Et l’on donnait la part à Dieu

    Aux petits enfants qui ont froid ;

    Ils chantaient avec trois chandelles,

    Comme on chante encore maintenant…

    Ma petite fille si belle,

    Ce sont des souvenirs d’enfant

    Qu’il ne faut jamais oublier.

     

    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Francis YARD — Le roi Octobre (Paris, Grasset éditeur, 1930)


    Noel-02.jpg