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Ma bibliothèque - Page 13

  • ACTU ET NOSTALGIE N°14

    ecole02.jpgComme la nostalgie aime célébrer les rites d’un passé par trop idéalisé, n’oublions pas en ce jour de compatir au sort de ces pauvres gamin(e)s  qui ont pris le chemin de l’école, sous le réconfort des paroles maladroites de leurs mamans émues.

    La rentrée des classes laisse-t-elle derrière elle le souvenir d’un moment heureux ? Rien n’est moins sûr, même si de charmants poèmes chantent un air de félicité…

     

    Vers l’école

    Où va-t-il, ce bambin pas plus haut qu’une botte ?

    Il a mis, ce matin, sa plus belle culotte ;

    Rose et frais, bien peigné, dans son habit propret,

    Le voilà dans la rue, alerte et guilleret !

     

    Le béret sur la tête et le sac à l’épaule,

    Pour la première fois il se rend à l’école.

    Grave comme un conscrit, il marche ferme et droit,

    Sans arrêt ni détour, et crâne, ainsi qu’on doit.

     

    Il sait qu’on le regarde et que chacun le nomme ;

    Il sent bien, aujourd’hui, qu’il est un petit homme ;

    Sa mère l’accompagne et le tient par la main,

    Mais il pourrait, dit-il, faire seul le chemin.

     

    Source : Frédéric BATAILLE — Les trois foyers  (Paris, Librairie Juven)

     

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    Détresse d’un enfant traumatisé, le 14 septembre 1964

     

  • IDENTITÉ FRANÇAISE N°3

    noailles.jpgAvec émotion et ferveur, la poésie vole au secours de la nostalgie quand il s’agit de louer la nation française. Splendide exemple, cet hymne à la France que composa Anna de Noailles, une comtesse issue de la « diversité », comme diraient aujourd’hui nos journalistes pudibonds…

    Cette approche bucolique de l’identité française réussit à nous convaincre : être Français, c’est avant tout prendre plaisir à vibrer aux spectacles de notre terroir. Tous les sens sont alors en émoi : un « vrai Gaulois » contemple, respire, savoure, écoute, touche son pays bien-aimé.

    Là où on comprend que l’identité française procède autant de la nature que de la culture. Autant du respect d’autrui que de l’amour du sol. N’en déplaise aux thuriféraires bien-pensants du communautarisme ethnique. Et tant mieux si la nostalgie se montre quelque peu insolente, en sortant de l’oubli un poème si touchant de vérité.

     

     

    Le Pays

     

    Ma France, quand on a nourri son cœur latin

    Du lait de votre Gaule,

    Quand on appris sa vie en vous, comme le thym,

    La fougère et le saule.

     

    Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux,

    L’odeur de vos feuillages,

    La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux

    Dès l’aube de son âge.

     

    Quand, amoureux du goût de vos bonne saisons

    Chaudes comme la laine,

    On a fixé son âme et bâti sa maison

    Au bord de votre Seine.

     

    Quand on n’a jamais vu se lever le soleil

    Ni la lune renaître

    Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils,

    Vos chênes et vos hêtres.

     

    Quand jaloux de goûter le vin de vos pressoirs,

    Vos fruits et vos châtaignes,

    On a bien médité dans la paix de vos soirs

    Les livres de Montaigne.

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    Quand, pendant vos étés luisants, où les lézards

    Sont verts comme des fèves,

    On a senti fleurir les chansons de Ronsard

    Au jardin de son rêve.

     

    Quand on a respiré les automnes sereins

    Où coulent vos résines,

    Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein

    Le cœur de Jean Racine.

     

    Quand votre nom, miroir de toute vérité,

    Émeut comme un visage,

    Alors on a conclu avec votre beauté

    Un si fort mariage

     

    Que l’on ne sait plus bien, quand l’azur de votre œil

    Sur le monde flamboie,

    Si c’est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil

    Qu’on a le plus de joie…

     

    Comtesse de NOAILLES — Le cœur innombrable (Paris, Calmann-Lévy, 1901)

     

    Paysage-.jpg

     

     

     

  • LIVRE DÉLICIEUX N°10

    Cirque Brocardi-.jpgLa nostalgie a parfois le bonheur de réhabiliter des chouettes d'idées. Le livre que j'ai le plaisir de vous présenter aujourd'hui en apporte une preuve évidente. La créativité pédagogique, la magie du cirque et la complicité d'un éditeur courageux ont conspiré jadis pour inventer un livre scolaire vraiment pas les autres : un manuel de lecture courante conçu, écrit et illustré par les enfants eux-mêmes.

    Une drôle d'idée comme on n'oserait plus les suivre en notre frileux XXIe siècle, parce que les pédagogues experts de notre inénarrable Éducation nationale préfèrent s'abriter derrière des rassurantes circulaires plutôt que de laisser libre cours à l'imagination débridée des petits écrivains en herbe...

    EXTRAIT —

    Ce sont les récits de vos jeunes camarades que vous allez lire. Nous n'y avons rien changé, rien, ou presque rien. Nous avons seulement rectifié certaines phrases incorrectes et effacé des fautes d'orthographe. Nous avons encore ajouté quelques mots de transition pour lier les chapitres entre eux.

    Vous ne trouverez pas, dans ce livre écrit par des enfants, beaucoup de mots difficiles. S'il y en a quelques-uns, c'est qu'ils étaient connus des jeunes auteurs à qui on les avait expliqué en classe. Quand on connaît un beau mot, bien rare, on est fier de l'écrire et plus fier de le voir imprimé. À la place de vos camarades, vous vous seriez laissé parfois tenter comme eux. Vous ne leur en voudrez pas, et vous cherchez le mot dans le dictionnaire, si les illustrations ne permettent pas d'en deviner le sens.

    Les illustrations, elles aussi, ont  été faites par des élèves. Vous croyez que vous ne pourriez jamais en faire autant : avez-vous essayé ?

    Source : GÉRARD (Lucien), GUENOT (Mlle H.) , CLAP (Ch.) - Le Cirque Brocardi - Le beau voyage d'un enfant autour de la France (Paris, Librairie Delalain, 7e édition, 1932)

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