La nostalgie oserait-elle faire du mauvais esprit ?
La question n’est pas incongrue depuis que nos anciennes colonies des Caraïbes s’emploient à nous donner mauvaise conscience.
Puisque « nos Antilles » sont à la mode, côté exotisme social ou assistanat exotique – selon notre lecture de l’actualité – je ne résiste pas au plaisir de vous proposer une petite leçon de géographie à la gloire de nos lointaines colonies.
Un petit extrait de la préface permet d’apprécier le ton de la démonstration.
Et le corpus de la leçon nous permet de découvrir les spécificités de ces deux îles, déjà consacrées en 1900 comme de « véritables départements français »…
PRÉFACE —
« Développer l’intelligence est bien, former le caractère est mieux. Tout en montrant à nos fils une source nouvelle d’activité, d’énergie, nous avons pris soin de les mettre en garde contre un égoïsme brutal qui fait bon marché des droits d’autrui. Nous n’avons eu qu’à leur rappeler notre tradition nationale : bonté envers les faibles, justice dans nos rapports avec les autres peuples, spécialement avec les indigences de nos colonies. »
LEÇON —
La Martinique a une sœur : la Guadeloupe. Les deux îles ont le même climat, les mêmes cultures, les mêmes habitants ; elles ont eu les mêmes destinées.
La Guadeloupe se compose de deux îles, à peine séparées par un détroit pas plus large qu’une rivière. L’une, la Guadeloupe, proprement dite, à l’ouest, est très montagneuse, abrupte, et ses sommets dépassent 1.400 mètres : ce sont, pour la plupart, des volcans. L’autre île, la Grande-Terre, est calcaire, plate, sa plus haute cime n’a pas 120 mètres !
Toutes deux sont bien cultivées. Mais, tandis qu’à la Guadeloupe, trop montagneuse, les plantations n’occupent guère que le littoral, à la Grande-Terre, l’intérieur est couvert de vastes champs de cannes dont le sucre est expédiés à Pointe-à-Pitre, un des plus beaux ports des Antilles, et, de là, en Europe.
La Pointe-à-Pitre a subi bien des désastres dont un seul eût suffi pour détruire à jamais une ville moins bien située et moins active. Successivement renversée par un tremblement de terre, détruite de fond en comble par des incendies, ravagée par les ouragans, elle s’est toujours relevée, et, au lendemain de chaque catastrophe, elle est encore si vivante, si coquette, qu’on ne peut croire à ses malheurs passés.
Comme la Martinique, la Guadeloupe est surpeuplée. Ces deux îles sont de véritables départements français où il n’y a plus place pour de nouveaux colons.
Source : JOSSET (E.) – À travers nos colonies – Livre de lectures sur l’histoire, la géographie , les sciences et la morale – cours moyen et supérieur – (Paris, Librairie Armand Colin, 3ème édition, 1903)