Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

poème

  • ACTU & NOSTALGIE N°67

    « La crêpe couleur d’or »

    Fevrier.jpgComme la nostalgie est assez gourmande, et que la gourmandise se nourrit bien souvent de nostalgie, n’oublions pas d’associer ce mois de février à la savoureuse tradition des crêpes que Philéas Lebesgue* a célébrée en quelques vers alléchants.

    Même si la Chandeleur est déjà loin derrière nous, n’est-il pas tentant de profiter du jour supplémentaire qu’offre cette année bissextile pour déguster encore quelques crêpes, avec juste ce qu’il faut de sirop d’érable ?

    Pas le moindre péché de gourmandise ici puisque, selon une tradition bien établie, la coutume devrait sa naissance à l’initiative d’un Pape, Gélase Ier qui, le jour de la fête de la Purification de la Vierge, demanda à ce que des crêpes soient distribuées aux pèlerins venant à Rome grossir les processions généreusement éclairées de chandelles, d’où le nom de Chandeleur.

    En 472, le même pape mit un terme à la cérémonie. La dégustation de crêpes, elle, a su résister à cette abolition. Sans doute parce que, par leur allure ronde et blonde, elles évoquent le disque solaire, comme une incantation profane au retour du printemps… Preuve que la gourmandise a toujours le dernier mot.

    *À propos de Philéas Lebesgue, notre chronique du 9 août 2013 lui consacre quelques mots, sur sa vie comme sur son œuvre. Suivez le lien — Philéas Lebesgue

    §§§

    Crepe-01.jpegLes crêpes

     La poêle en main et la figure illuminée

    Par l’âtre fauve, Aline est debout au milieu

    Du cercle qui babille en la grande cheminée.

    Dans la jarre aux dessins couleur de camaïeu,

    Œufs, lait, farine ont fait la pâte bien tournée ;

    Et saute en l’air, aux cris de l’ample maisonnée,

    La crêpe couleur d’or qui reluit dans le feu…

    Source : Philéas LEBESGUE — La bûche dans l’âtre (Paris, Mercure de France, 1923)

     

    Crepe-02.jpg

    Crepes-03.jpg

     

  • BELLE RÉCITATION N°14

    Père Noël-02.jpgComme la nostalgie participe à la magie de Noël, n’oublions pas, en ce premier dimanche de l’Avent, de célébrer en poésie l’approche de la fête la plus enchanteresse de l’année.

    À en croire les statistiques de ce blog, cette chronique semblait assez attendue puisque les mots-clefs « Récitation Noël » reviennent souvent au nombre des critères de recherche conduisant à ce site qui veut, de la sorte, faire honneur à sa haute tenue culturelle !

    Opportunité fortuite, de surcroît, pour honorer l’œuvre d’un poète oublié de nos jours : Armand Got, instituteur périgourdin, qui taquinait la muse au début du XXe siècle pour mieux louer les charmes de son terroir.

    Une récitation de Noël écrite par un vrai « hussard noir de la République » : quoi de plus insolite pour inspirer nos lecteurs(rices) pédagogues en quête de beaux textes de saison…

     

    Le vieux Noël


    Le vieux Noël dont l’œil luit

    En décembre

    Dans la chambre,

    Le vieux Noël dont l’œil luit

    Rentre chez nous vers minuit

    Sans bruit.

     

    De glaçons il est vêtu,

    Pendeloques

    Et breloques,

    De glaçons il est vêtu

    Et porte un chapeau pointu.

     

    On aperçoit sur son dos

    Une hotte

    Qui ballotte,

    On aperçoit sur son dos

    Un tas de jolis cadeaux.

     

    C’est pour les petits garçons,

    Pour les filles

    Bien gentilles,

    C’est pour les  petits garçons

    Qui dorment dans les maisons.

     

    Armand GOT — Cantilène du bon Pauvre (Paris, Lemerre éditeur)

    Décembre-.jpg


  • BELLE RÉCITATION N°13

    Calvet-.jpgLa nostalgie recèle de curieuses pépites pédagogiques, comme l’illustre cette récitation pour le moins « stigmatisante », pour reprendre un mot à la mode.

    Les canons de la masculinité — dans le registre « Tu seras un homme » — proscrivaient jadis la moindre émotivité et rendaient toute idée de confort suspecte de la part d’un garçon.

    Le ton de cette étrange récitation tourne en dérision l’expression de la sensibilité, à une époque où elle était censée être l’exclusive du genre féminin. Une franche discrimination que la pédagogie assumait alors sans honte ni complexe… Preuve que l’éducation morale campe sur les certitudes de son temps, pour le meilleur comme pour le pire.

     

    Monsieur Douillet

     

    Monsieur Douillet a bonne mine,

    Le teint frais d’un rose naissant :

    On mettrait sa chair en tartine

    Tant elle a l’air appétissant.

     

    Il est gras comme un coq en pâte ;

    Dans ses habits tout est rempli.

    Mais ce garçonnet que l’on gâte

    N’est bien qu’à table ou dans son lit.

     

    L’hiver, quand le froid nous assiège,

    Tout fourneau devient son voisin ;

    Il attend, pour toucher la neige,

    Des gants fourrés du magasin.

     

    En été, Monsieur s’exténue ;

    Et dès qu’il se met au travail,

    Il a trop chaud, il souffle et sue :

    Passez-lui donc un éventail !

     

    Pour une épine qui le blesse,

    Le voilà les yeux à l’envers.

    Vite des sels ! Une compresse !

    Monsieur se pâme ! Il a ses nerfs !

     

    Un rien lui fait des peurs extrêmes :

    Peur des chutes, peur d’un faux pas,

    Peur des coups, peur des gestes mêmes.

    C’est du verre, n’y touchez pas !

     

    Douillet, puisqu’ainsi je le nomme,

    C’est en vain qu’un jour, mon garçon,

    Tu porteras barbe au menton.

    Tu ne seras jamais un homme.

     

    Maurice MOREL — Violettes et Primevères (Paris, Larousse éditeur, s.d.)

    Récitation extraite d’un manuel scolaire : CALVET (J.) & LAMY (R.) — Le Français par la lecture expliquée – cours moyen (Paris, J. de Gigord éditeur, 5e édition, 1934)

    Jeune homme-.jpg