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Ma bibliothèque - Page 16

  • ACTU ET NOSTALGIE N°8

    8 V 1945-01.jpgPourquoi la nostalgie n'est-elle pas à son aise avec la commémoration du Jour de la Victoire, le 8 mai 1945 ?

    Cette question affective est d'autant plus pertinente que nos manuels scolaires de la décennie 1960, - parmi les rares qui osent un commentaire - semblent plutôt maladroits à cet endroit.

    La leçon d'histoire ci-dessous, extraite d'un manuel publié en 1968,  en offre une caricature saisissante. Ses trois auteurs se compromettent à laisser passer deux lapsus calami, impardonnables pour des pédagogues.

    - Le 8 mai 1945, célèbre un acte de capitulation, et non d'armistice. La nuance, sur le plan conventionnel, est pourtant lourde de sens...

    - La capitulation rémoise est réputée signée le 7 mai (et non le 8), comme l'atteste une publication officielle du ministère de la Défense : « Le 7 mai 1945, à 2h41, l'acte de capitulation allemande est signé à Reims. Les combats doivent cesser le 8mai à 23h01. La nouvelle est communiquée officiellement le 8 mai à 15h00. Le lendemain, 9 mai, à 0h16, la capitulation générale est signée à Berlin. En effet, les Soviétiques, maîtres de la ville depuis le 2 mai, estiment que la capitulation de Reims n'est qu'un acte préliminaire. »

     

    EXTRAIT - « La lutte se poursuit en France jusqu'à l'armistice signé à Reims le 8 mai 1945. La guerre a fait des milliers de morts et couvert le monde de ruines. La France entreprend sans retard la reconstruction. »

     Source : PERONNE (É.), BALLOT (M.), MARC (G.) - Nouveau livre d'histoire de France - cours élémentaire 1ère et 2e année - (Paris, Librairie Armand Colin, 1968)

     

     

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     LES ATERMOIEMENTS LARMOYANTS DU 8 MAI

     Les manuels scolaires évitent d'associer ce VED (Victory Europe Day, selon l'acronyme américain) à une fête nationale. On ne peut vraiment leur en tenir rigueur tant les gesticulations politiques ont brouillé la valeur symbolique du 8 mai. Il suffit pour s'en convaincre de restituer la laborieuse chronologie officielle de cette fête ballottée au gré des humeurs du temps...

     1946 - Premier anniversaire de la commémoration de l'armistice : le gouvernement français décide de repousser la célébration de la victoire au dimanche 12 mai pour ne pas retarder l'effort de production par un jour férié supplémentaire. Parce que la priorité est alors à la reconstruction nationale.

     1948 - Le ministre des anciens combattants de l'époque, - un certain François Mitterrand qui fut, cinq ans auparavant, en avril 1943, décoré de la Francisque en « récompense des services rendus à l'Etat français », et qui cultivera longtemps de solides amitiés collaborationnistes (sourire) - confirme la célébration du 8 mai 1945 et le caractère non férié de cette date, pour assurer la continuité dans l'effort de production.

     1951 - le gouvernement décide de célébrer le 8 mi 1945 sans attendre le dimanche suivant, comme il était pourtant convenu depuis 1946.

     1953 - La loi du 20 mars 1953 érige le 8 mai en jour férié, sous la pression des associations d'anciens combattants.

     1959 - Les sous-entendus atlantistes de la commémoration de la victoire alliée semblent indisposer le général de Gaulle. Un décret du 11 avril 1959 désacralise le 8 mai : ce jour n'est plus férié. La Victoire du 8 mai 1945 est désormais célébrée le deuxième dimanche du mois. Colère des associations d'anciens combattants.

     1965 - Pour marquer le vingtième anniversaire de la capitulation allemande, le gouvernement de Georges Pompidou décide de rétablir exceptionnellement le jour férié le 8 mai.

     1968 - Le 8 mai est rétabli la date officielle de la célébration de la victoire alliée - plutôt que le deuxième dimanche du mois - mais ce jour n'est pas férié.

     1975 - Trentième anniversaire de la commémoration du 8 mai 1945. Sous prétexte de « construction européenne », pour flatter « l'axe Paris-Bonn », le président Valéry Giscard d'Estaing décide de supprimer la commémoration de la victoire alliée au motif de la réconciliation franco-allemande. Peut-être parce qu'il fallait déjà « tout oublier » ?!

     1981 - François Mitterrand, nouveau président de la République, expie son « passé vichyste » : il rétablit la commémoration du 8 mai 1945 en jour férié. La France est, depuis 1981, le seul pays qui commémore par un jour férié et chômé le 8 mai 1945.Ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai alors qu'ils auraient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire.

     1988 - Une loi du 23 septembre 1988 consacre le 8 mai en jour férié, censé désormais célébrer « la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Parce que le mot Victoire n'est plus politiquement correct. Et parce qu'il faut (presque) tout oublier...

     2009 - Autour de la Place de l'Étoile, la France d'en-haut fait semblant de se souvenir. Et la France d'en-bas savoure « le pont du 8 mai ». Et tout le monde est heureux... Et tout ça, ça fait d'excellents Français... comme avant quarante !

     Comme quoi la nostalgie, ce n'est pas toujours triste !

     

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  • RAVISSANTE RÉCITATION N°7

    Livre ThG.jpgParce que la nostalgie épouse le rythme des saisons, n'oublions pas de saluer le retour du printemps.

    Bientôt, déjà, enfin les « beaux jours » ? Comme la nostalgie, ces adverbes sont aussi de tempérament.

    Mieux encore, les synonymes « de saison » sont riches d'espérance : renaissance, renouveau, réveil de la nature.

    Ce poème de Théophile Gautier réussit, comme nul autre pareil, à mettre des parfums, des sons, des couleurs entre les mots...

    Juste assez de quoi sourire au printemps, en attendant d'en savourer le spectacle, à la ville comme à la campagne.

     

     PREMIER SOURIRE DU PRINTEMPS

     

    Tandis qu'à leurs œuvres perverses

    Les hommes courent haletants,

    Mars qui rit, malgré les averses,

    Prépare en secret le printemps.

     

    Pour les petites pâquerettes,

    Sournoisement, lorsque tout dort,

    Il repasse des collerettes

    Et cisèle des boutons d'or.

     

    Dans le verger et dans la vigne,

    Il s'en va, furtif perruquier,

    Avec une houppe de cygne,

    Poudrer à frimas l'amandier.

     

    La Nature au lit se repose ;

    Lui descend au jardin désert

    Et lace les boutons de rose

    Dans leur corset de velours vert.

     

    Tout en composant des solfèges,

    Qu'aux merles il siffle à mi-voix,

    Il sème aux prés les perce-neige

    Et les violettes aux bois.

     

    Sur le cresson de la fontaine

    Où le cerf boit, l'oreille au guet,

    De sa main cachée, il égrène

    Les grelots d'argent du muguet.

     

    Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,

    Il met la fraise au teint vermeil,

    Et te tresse un chapeau de feuilles

    Pour te garantir du soleil.

     

    Puis, lorsque sa besogne est faite

    Et que son règne va finir,

    Au seuil d'avril tournant la tête

    Il dit : « Printemps, tu peux venir ! »

     

    Théophile GAUTIER.- Émaux et camées (Paris, Eugène Fasquelle éditeur, 1928)

     

     

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  • STÉRÉOTYPE SCOLAIRE N°2

    Français-01.jpgSous le sourire moqueur de la nostalgie, avec le recul du temps, le stéréotype scolaire transporte une belle dose d'humour.

     Observons l'image ci-dessous : ambiance traditionnelle de ces « maudits dimanches » de jadis, où les « obligations familiales » le disputaient si bien à l'ennui provincial. Les enfants ont le maintien correct. Les grands-parents, les pieds sous la table, savourent goulûment l'hospitalité de leur gentil fils adoré. D'un air goguenard, Papa contrôle l'intendance. Maman, parée de l'affreux tablier domestique, reste debout pour servir bien sûr... Rassurante répartition des rôles, encore dans l'air du temps des années soixante-dix.

    Lisons le texte à présent : le grand-père est sentencieux. Les enfants sont capricieux, presque tête-à-claque. Papa accomplit les gestes du rite dominical : il distribue le pain et découpe le rôti. Maman, elle, disparaît du récit, comme si, soudain, une fois son devoir accompli, elle devenait transparente. C'est vrai, ça se passait souvent comme ça les dimanches d'autrefois.

    Aujourd'hui, on en rit de bon cœur, parce qu'on prend un malin plaisir à les fuir...

     

    EXTRAIT -

    Grand-père sourit à Paul : « Si tu veux du gâteau, mange d'abord  ta soupe. Elle est très bonne ». Tout le monde dit que la soupe est bonne. Mais Paul n'aime pas la soupe. Il préfère le gâteau. Que faire à cela ? Aline trouve la sienne trop chaude. Elle attend qu'elle refroidisse. Papa encourage bébé qui mange tout seul. Mais il ne tient pas bien sa cuiller.

    Après la soupe, Papa coupera et distribuera le pain. Puis il découpera le rôti. Paul aime bien le rôti mais avec très peu de pommes de terre. Aline dit qu'elle ne veut pas de salade. La gourmande lorgne l'ananas qui trône au milieu de la coupe de fruits.

    Un délicieux repas ! Quel dessert succulent !

     Source : AGEORGES (J.) & ANCOMBRE (J.) - Le Français par l'usage (Saint-Germain-en-Laye, Éditions MDI, 1967)

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