Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IDENTITÉ FRANÇAISE N°3

noailles.jpgAvec émotion et ferveur, la poésie vole au secours de la nostalgie quand il s’agit de louer la nation française. Splendide exemple, cet hymne à la France que composa Anna de Noailles, une comtesse issue de la « diversité », comme diraient aujourd’hui nos journalistes pudibonds…

Cette approche bucolique de l’identité française réussit à nous convaincre : être Français, c’est avant tout prendre plaisir à vibrer aux spectacles de notre terroir. Tous les sens sont alors en émoi : un « vrai Gaulois » contemple, respire, savoure, écoute, touche son pays bien-aimé.

Là où on comprend que l’identité française procède autant de la nature que de la culture. Autant du respect d’autrui que de l’amour du sol. N’en déplaise aux thuriféraires bien-pensants du communautarisme ethnique. Et tant mieux si la nostalgie se montre quelque peu insolente, en sortant de l’oubli un poème si touchant de vérité.

 

 

Le Pays

 

Ma France, quand on a nourri son cœur latin

Du lait de votre Gaule,

Quand on appris sa vie en vous, comme le thym,

La fougère et le saule.

 

Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux,

L’odeur de vos feuillages,

La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux

Dès l’aube de son âge.

 

Quand, amoureux du goût de vos bonne saisons

Chaudes comme la laine,

On a fixé son âme et bâti sa maison

Au bord de votre Seine.

 

Quand on n’a jamais vu se lever le soleil

Ni la lune renaître

Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils,

Vos chênes et vos hêtres.

 

Quand jaloux de goûter le vin de vos pressoirs,

Vos fruits et vos châtaignes,

On a bien médité dans la paix de vos soirs

Les livres de Montaigne.

Carte Régions-.jpg

 

Quand, pendant vos étés luisants, où les lézards

Sont verts comme des fèves,

On a senti fleurir les chansons de Ronsard

Au jardin de son rêve.

 

Quand on a respiré les automnes sereins

Où coulent vos résines,

Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein

Le cœur de Jean Racine.

 

Quand votre nom, miroir de toute vérité,

Émeut comme un visage,

Alors on a conclu avec votre beauté

Un si fort mariage

 

Que l’on ne sait plus bien, quand l’azur de votre œil

Sur le monde flamboie,

Si c’est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil

Qu’on a le plus de joie…

 

Comtesse de NOAILLES — Le cœur innombrable (Paris, Calmann-Lévy, 1901)

 

Paysage-.jpg

 

 

 

Commentaires

  • Cher Jacques,

    quel plaisir de vous lire à nouveau ! Comme je vous en avais déjà fait part, je suis aussi une nostalgique de certaines époques. A ce propos, je viens de publier un article où je fais un lien vers votre blog, juste pour le plaisir de la nostalgie...

    A bientôt,
    Cordialement,

    Cécile

Les commentaires sont fermés.