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Postage & Vintage - Page 45

  • BELLE RÉCITATION N°16

    Décembre-.jpgComme nostalgie et tradition ont partie liée, respectons leur complicité en cette période de fêtes et sacrifions au rite de la  récitation de Noël que ce blog perpétue depuis sa création.

    Cette année encore, c’est un « hussard noir de la République », poète à ses heures, que nous choisissons d’honorer pour mieux conjurer l’oubli de son œuvre.

    Affublé d’un surnom quelque peu narquois — « le Poète des Chaumes » —, chantre de la butte Montmartre et du quartier Saint-Germain, il connaît un succès d’estime grâce à son premier recueil de poèmes, Dehors,  publié en 1900.

    Renouant avec sa Normandie natale où il embrasse une carrière d’instituteur, il publie d’autres poésies, la plupart inspirées de son terroir, ose commettre quelques pièces de théâtre et conquiert une reconnaissance tardive en barde du bocage, érudit du parler normand et mémoire vivante des légendes hantant le pays de Caux.

    Sa poésie « Noël rustique » n’oublie rien du folklore familial de la plus belle nuit de l’année, restituée là au gré de ses souvenirs d’enfant : le réveillon, la bûche, l’âtre de la cheminée, la crémaillère, les chants sacrés, l’impatience des enfants… Des émotions intimes qui savent, aujourd'hui encore, résister à la triviale fièvre consumériste de notre siècle désenchanté.

     

    Noel-01.jpgNoël rustique


    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Quand j’étais jeune comme toi,

    Ma petite fille si belle,

    On mettait, le soir de Noël,

    Dans l’âtre un beau rondin de bois

    Pour les trois fêtes solennelles :

    Noël, le Jour de l’an, les Rois.

    Enfance chère aux cœurs fidèles,

    Beaux réveillons ! je me rappelle,

    Nul ne songeait à sommeiller.

     

    Le feu dansait devant la bûche

    Tout le long de la crémaillère

    — Il semble que c’était hier… —

    On chantait, on vidait les cruches,

    Le bonheur de la maisonnée

    Nous venait de la cheminée.

    Le feu semblait se réveiller

    Dans sa flamme claire et nouvelle

    Pour souhaiter la bonne année.

    La nuit des Rois, devant le feu,

    On tirait le gâteau des Rois ;

    Et l’on donnait la part à Dieu

    Aux petits enfants qui ont froid ;

    Ils chantaient avec trois chandelles,

    Comme on chante encore maintenant…

    Ma petite fille si belle,

    Ce sont des souvenirs d’enfant

    Qu’il ne faut jamais oublier.

     

    La bûche de Noël

    C’est le cœur du foyer.

     

    Francis YARD — Le roi Octobre (Paris, Grasset éditeur, 1930)


    Noel-02.jpg


     

     

     

     

  • NOBLE JEU & BEAU LIVRE N°8

    P1000113.jpgUn vieux manuel d’initiation au jeu d’échecs sourit toujours à la nostalgie. Parce qu’il suffit d’en tourner les pages pour réveiller en nous les souvenirs du joueur débutant, hésitant et étourdi que nous fûmes au moment d’assimiler les règles élémentaires du noble jeu.

    Le « livre rare » que j’ai aujourd’hui le plaisir de vous présenter révèle une authentique pépite d’une certaine ethnologie française du « jeu des échecs », selon la connotation antique de son titre.

    Humble et pragmatique, l’auteur ne se triture pas l’esprit à se demander si le jeu d’échecs est un art, une science ou un sport. Il l’aborde tel qu’il est d’abord et avant tout : « un jeu où il faut réfléchir » !

    Il déplore le faible intérêt que, au cours de l’entre-deux-guerres, ses contemporains portent à l’échiquier, expliquant à lui seul le peu de persévérance qu’ils déploient sur les soixante-quatre cases.

    Il se pose surtout en pédagogue pionnier, voulant convertir « les adeptes du jeu de dames » aux merveilleuses combinaisons dont l’échiquier est le théâtre. Preuve manifeste que le noble jeu ne souffre aucune comparaison…


    EXTRAIT 1 —

    "Il a été écrit sur le jeu des échecs quelques traités savants. Mais hélas, ils sont pour la grande masse des joueurs de véritables grimoires indéchiffrables. Aussi m’a-t-il paru nécessaire de condenser dans ce petit volume le minimum de connaissances nécessaires qi permettront à tous de devenir un bon jouer d’échecs. Contrairement à qui existe dans les autres pays du monde, le jeu d’échec est relativement très peu connu en France. Beaucoup de personnes y jouent, mais peu nombreuses sont celles qui savent bien le jouer. Dans les autres pays d’Europe et en Amérique, ce jeu est bin plus connu. En France, tout le monde le connaît de nom et sait que c’est un jeu où il faut réfléchir. Les étudiants voudraient le connaître, afin d’y trouver le délassement nécessaire, tout en exerçant leur intelligence. Les habitués des cercles, des foyers, voudraient bien y jouer pour changer un peu avec le jeu de dames, de jacquet ou de cartes. Les sportifs ne demandent qu’à l’apprendre pour reposer leurs muscles, tout en développant leur intelligence. Enfin, tout le monde veut l’apprendre, mais personne n’a les moyens nécessaires pour le faire. Aussi, pendant la guerre, soit en tranchées, soit au repos, soit dans les hôpitaux, soit dans les foyers du Soldat, il m’a été donné bien rarement de rencontrer des joueurs d’échecs dignes de ce nom, et quand j’en trouvais, c’étaient généralement de bien maigres débutants n’en sachant même pas les principes les plus élémentaires et ignorant tout de la stratégie. Et aussitôt que l’échiquier était en place, tout le monde aurait voulu connaître ce noble jeu.

    C’est pourquoi j’ai cru utile, pour vous permettre la diffusion du jeu des échecs, de résumer dans cet ouvrage les éléments nécessaires et suffisants qui permettront à tous, non initiés, débutants, amateurs, de devenir un bon jouer d’échecs."

     

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    EXTRAIT 2 —

    "L’origine du jeu d’échecs est toujours restés une chose bien confuse, mais il est très probable qua ce jeu prit naissance dans l’Inde et qu’il fut introduit en Europe par les Arabes. Mais cela importe peu. Il nous suffit de constater que c’est un des plus beaux jeux qui existent, où la chance intervient pour zéro et où le succès de la partie n’appartient qu’au joueur le plus fort. Pour les adeptes ou connaisseurs du jeu de dames qui pourraient douter du nombre et de la beauté des combinaisons que permet le jeu des échecs, il me suffira de leur dire que ce dernier jeu est au jeu de dames comme mille (pour ne pas dire plus) est à un."

     

    Livre-échecs-.jpg


    Source : PRUVOT (Charles) — La pratique du jeu des échecs à l’usage des débutants, amateurs, etc

    (Paris, Amand Girard, s.d., 19 sur 12 cm, 92 pages)

     

     

     

     

  • PAGE D'HISTOIRE N°10

    Livre Histoire.jpgPourquoi, nostalgie aidant, le manuel scolaire devrait-il faire écho aux pseudo-débats de société qu’agite le microcosme politicien ? La polémique que Najat Vallaud-Belkacem, la télégénique ministre des Droits de la femme, vient d’ouvrir en s’étonnant du silence de nos livres d’histoire sur l’orientation sexuelle de nos héros nationaux illustre bien l’étrange valeur totémique que l’intelligentsia socialiste accorde au contenu des manuels scolaires.

    Il y a trente ans déjà, avec la noble idée de briser les clichés machistes, il était urgent de dénoncer le sexisme des livres de lecture représentant trop souvent Maman qui fait la cuisine pendant que Papa lit tranquillement le journal.

    Il y a vingt ans, il était de bon ton d’abolir, sous prétexte de « diversité » et par crainte de « stigmatisation », — la logomachie socialiste sait jouer de mots-code pour nous donner mauvaise conscience —, toute notion raciale dans les livres de géographie.

    Il y a dix ans, il convenait déjà de s’interroger sur la pertinence de distinguer les genres féminin et masculin dans les livres de sciences, sous prétexte que la culture, beaucoup plus que la nature, s’ingénierait à les différencier.

    Aujourd’hui, les mêmes grands esprits veulent lier le déterminisme des grandes figures de notre Panthéon national à leur vie sexuelle… Comme si l’histoire de France n’était déjà pas assez compliquée à expliquer sous le prisme des faits politiques, économiques et sociaux.

    Lyautey-01.jpgImaginons alors une dissertation d’histoire sur la vie et l’œuvre du Maréchal Lyautey. En quoi son homosexualité aurait-elle pesé sur son ambition, sur ses initiatives, sur sa conception de la colonisation ? Les collégiens(nes) et lycéens(nes) devront-ils en parallèle suivre des cours de psychanalyse pour interpréter l’influence de l’orientation sexuelle sur le destin d’un héros national ? En quoi le fait d’être homo ou hétéro influencerait-il notre perception de l’héroïsme et des vertus civiques ? Comment et pourquoi ce nouveau critère d’appréciation serait-il d’un précieux secours pour briser les tabous et lutter contre les discriminations ? Autant de questions cocasses pour alimenter un débat loufoque.

    Bientôt, au nom d’un « grand débat national sur la santé publique », les écoliers de France devront savoir distinguer qui, parmi nos grands personnages, étaient sobres ou alcooliques, végétariens ou carnivores, sensibles ou rétifs à l’hygiène corporelle, optimistes ou hypocondriaques, etc.

    Et tout cela, bien sûr, cela fera « d’excellents Français », instruits, éclairés et tolérants. Et tant pis s’ils ne savent même plus lire et écrire… Puisque là n’est plus le débat. Foi de ministre socialiste.

    § 


    Deux liens de circonstance pour appréhender la façon dont la presse aborde le sujet :

     http://www.elle.fr/Societe/News/Homosexualite-et-livres-scolaires-la-ministre-critiquee-2231716

     http://www.marieclaire.fr/,najat-vallaud-belkacem-homosexualite-manuels-scolaires-education,20123,663815.asp?xtor=EPR-62


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    Source : Lyautey (Liège, Éditions Gordinne, s.d.)