Pourquoi, nostalgie aidant, le manuel scolaire devrait-il faire écho aux pseudo-débats de société qu’agite le microcosme politicien ? La polémique que Najat Vallaud-Belkacem, la télégénique ministre des Droits de la femme, vient d’ouvrir en s’étonnant du silence de nos livres d’histoire sur l’orientation sexuelle de nos héros nationaux illustre bien l’étrange valeur totémique que l’intelligentsia socialiste accorde au contenu des manuels scolaires.
Il y a trente ans déjà, avec la noble idée de briser les clichés machistes, il était urgent de dénoncer le sexisme des livres de lecture représentant trop souvent Maman qui fait la cuisine pendant que Papa lit tranquillement le journal.
Il y a vingt ans, il était de bon ton d’abolir, sous prétexte de « diversité » et par crainte de « stigmatisation », — la logomachie socialiste sait jouer de mots-code pour nous donner mauvaise conscience —, toute notion raciale dans les livres de géographie.
Il y a dix ans, il convenait déjà de s’interroger sur la pertinence de distinguer les genres féminin et masculin dans les livres de sciences, sous prétexte que la culture, beaucoup plus que la nature, s’ingénierait à les différencier.
Aujourd’hui, les mêmes grands esprits veulent lier le déterminisme des grandes figures de notre Panthéon national à leur vie sexuelle… Comme si l’histoire de France n’était déjà pas assez compliquée à expliquer sous le prisme des faits politiques, économiques et sociaux.
Imaginons alors une dissertation d’histoire sur la vie et l’œuvre du Maréchal Lyautey. En quoi son homosexualité aurait-elle pesé sur son ambition, sur ses initiatives, sur sa conception de la colonisation ? Les collégiens(nes) et lycéens(nes) devront-ils en parallèle suivre des cours de psychanalyse pour interpréter l’influence de l’orientation sexuelle sur le destin d’un héros national ? En quoi le fait d’être homo ou hétéro influencerait-il notre perception de l’héroïsme et des vertus civiques ? Comment et pourquoi ce nouveau critère d’appréciation serait-il d’un précieux secours pour briser les tabous et lutter contre les discriminations ? Autant de questions cocasses pour alimenter un débat loufoque.
Bientôt, au nom d’un « grand débat national sur la santé publique », les écoliers de France devront savoir distinguer qui, parmi nos grands personnages, étaient sobres ou alcooliques, végétariens ou carnivores, sensibles ou rétifs à l’hygiène corporelle, optimistes ou hypocondriaques, etc.
Et tout cela, bien sûr, cela fera « d’excellents Français », instruits, éclairés et tolérants. Et tant pis s’ils ne savent même plus lire et écrire… Puisque là n’est plus le débat. Foi de ministre socialiste.
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Deux liens de circonstance pour appréhender la façon dont la presse aborde le sujet :
http://www.elle.fr/Societe/News/Homosexualite-et-livres-scolaires-la-ministre-critiquee-2231716
Source : Lyautey (Liège, Éditions Gordinne, s.d.)