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Postage & Vintage - Page 46

  • ACTU & NOSTALGIE N°36

    Leçon morale-01.jpgÀ chaque rentrée des classes son effet d’annonce. Et voilà que la nostalgie radote encore dans la bouche du nouveau ministre de l’Éducation en quête de posture républicaine…

    En préconisant l’introduction de la « morale laïque » dans la formation des enseignants à partir 2013, Vincent Peillon apporte sa contribution à une dialectique socialiste obsédée à l’idée de mettre en mouvement l’incantation présidentielle promettant le  « changement maintenant »

    Morale laïque ? Certes, la locution sent la naphtaline. Mais elle aurait pour vertu magique de réconcilier le personnel de l’Éducation nationale — le cœur de cible de l’électorat du parti socialiste — avec une matière dont l’honni Sarkozy a osé s’emparer. Suspecté hier de renouer avec « l’ordre moral », parce que l’initiative en revenait à un gouvernement de droite, l’enseignement de la morale deviendrait soudain une noble cause, avec la bénédiction d’un clergé médiatique acquis à la logomachie bobo-socialo.

    Morale laïque ? L’épithète joue de troublantes ambiguïtés qui semblent vider de son sens cet effet d’annonce…

    — Première ambiguïté : aussi loin que l’on remonte dans l’histoire de l’éducation, l’enseignement de la morale laïque n’a jamais existé. Aux pires moments de la croisade laïcarde, jusqu’en 1905, seul un enseignement laïc de la morale fut théorisé par les grandes figures de l’Instruction publique, dans le seul but d’affranchir cet enseignement des références confessionnelles que les Frères des écoles chrétiennes avaient distillées deux siècles durant.

    — Deuxième ambiguïté : le positionnement dialectique de cette « morale laïque » est inconnu à ce jour. S’agit-il d’une morale voulant proscrire toutes références à l’instruction religieuse, dans la tradition anticléricale du début du XXe siècle ? S’agit-il d’une morale cherchant à promouvoir un humanisme agnostique, comme s’y adonnent les loges maçonniques ? L’école du XXIe siècle se prête-t-elle à un tel obscurantisme ? Face à l’échec scolaire et à la dévalorisation des diplômes, la pédagogie moderne ne doit-elle pas livrer des combats plus impérieux ?

    — Troisième ambiguïté : une morale moderne, — aussi « laïque » se prétendrait-elle —, relèverait de priorités éducatives assez dérangeantes pour la rhétorique socialiste. Le rapport à la réussite, le sens de l’effort, la valeur du travail, le respect de l’autorité, la redéfinition d’une solidarité dissociable de l’assistanat s’érigent, plus que jamais, comme des « valeurs en hausse » à mille lieues de l’indécrottable esprit libertaire de la gauche française.

    « Il existe un fond commun de l’âme française, et sur ce fond, est bâtie, indestructible, l’école laïque », assénait l’historien Ernest Lavisse, républicain de stricte observance… « Fond commun », « âme française », « indestructible » : tout cela suggère un devoir d’assimilation, sans concession ni faiblesse. Là où « l’identité française » se rappelle gentiment à nous. Des gros mots que la gauche bien-pensante n’osera jamais prononcer parce que son électorat ne veut pas les entendre… Alors l’école laïque devra patienter un peu plus pour trouver un ministre habité d’un courage républicain.

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    Quelques liens assez pertinents pour nourrir le débat :

    http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/La-morale-laique-a-l-ecole-une-question-controversee-_EG_-2012-09-02-848934

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/vincent-peillon-pour-l-enseignement-de-la-morale-laique_1155535.html

    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120903.AFP7543/enseignement-de-la-morale-laique-non-a-une-morale-gauchisante-a-l-ecole.html

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/09/02/01016-20120902ARTFIG00181-des-2013-des-cours-de-morale-laique.php

    http://www.lemonde.fr/education/article/2012/09/03/redressement-moral-chatel-accuse-peillon-de-paraphraser-petain_1754877_1473685.html


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    Si vous voulez savoir à quoi ressemble la « vraie morale républicaine », découvrez le livre que je lui ai consacré. Un ouvrage de référence. Avec toute l’humilité que la morale oblige, bien sûr !

    Jacques GIMARD — Cahier pratique de morale (Paris, Éditions Hors Collection, avril 2009, 15,5 sur 23,5 cm, 96 pages, illustrations NB, 12 €)

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  • FUTUR ANTÉRIEUR N°4

    An2000- - copie.jpgLorsque la technologie du XXIe siècle s’empare des vieux fantasmes d’antan, la nostalgie se trouve soudain embellie. Ainsi en va-t-il de l’automobile volante qui fit tant rêver les gamins des années soixante-six, lecteurs assidus de Tout l’Univers, Je Sais Tout ou Sciences & Vie qui nous racontaient dans le menu détail « comment on vivra en l’An 2000 »

    Maintenant qu’elle existe « dans la vraie vie », pourquoi la voiture volante ne fait-elle plus rêver ? Sans doute parce que les basses contingences matérielles de la vie adulte ont suffi à balayer la magie du songe.

    Conduire un tel engin appellerait tout d’abord de passer son brevet de pilote. Prouesse impossible pour celles et ceux qui ont déjà eu du mal à obtenir le permis de conduire. Il faudrait en outre être domicilié tout près d’un aérodrome pour trouver une piste d’envol sécurisée échappant à la désinvolture des chauffards. Il serait prudent, par ailleurs, d’abriter cette merveilleuse machine dans un grand garage, seule solution urbaine pour la protéger de la dictature ricanante des vandales nocturnes. Trop de contrariétés, hélas, pour réaliser son rêve de gosse...Tout bien réfléchi, l’automobile volante se trouve bien où elle est : dans notre livre d’images, là où l’imagination nous porte et nous transporte, même en 2012 !


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    Source : L’automobile volante - Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000 (1953) Illustrateur : Léon Goetgeluck


    ARRÊT SUR IMAGE —

    Elle prend l’allure d’un vieux Combi Volkswagen équipé de grandes ailes sur son toit. Un puissant moteur à réaction semble avoir raison de son lourd gabarit. À en croire sa faible altitude, tout laisse penser qu’elle a pris son envol sur une petite route de province… Elle survole une autre voiture volante qui, elle, a choisi de rouler en faisant fi des limitations de vitesse puisqu’elle est propulsée par le même moteur à réaction ! Inconscience ou provocation ? Comme si la science-fiction ne pouvait résister à ses envies transgressives…


    Suivre ce lien pour découvrir la vraie voiture volante — http://www.lefigaro.fr/societes/2012/04/03/20005-20120403ARTFIG00369-la-voiture-volante-reussit-son-premier-vol-d-essai.php


     



  • JE SAIS TOUT N°5

    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaireQue la nostalgie puisse se reconnaître une vertu culturelle, il n’est plus permis d’en douter lorsqu’on feuillette le magazine JE SAIS TOUT. Pour faire honneur à son sous-titre — L’aventure humaine de tous les temps —, il nous initie aux ressorts insoupçonnés de l’imagination pour le meilleur de ce qu’elle offre : le trésor perpétuel des civilisations. Liée à la volonté et à l’audace, l’imagination trace la voie du progrès et façonne les grands hommes. Qu’elle soit habitée par l’ambition, à l’image d’Hannibal, ou portée par le rêve, à l’exemple de Don Quichotte, seule l’imagination parvient à « hausser le réel d’un ton » comme le promet notre ami philosophe Gaston (Bachelard). Une belle leçon d’instruction morale comme les publications dédiées à la jeunesse n’osent plus en servir. Parce que, depuis bien longtemps, la culture populaire déserte le terrain de l’aventure humaine, celui de l’exaltation, pour préférer le registre plus consensuel de la compassion… Là où hélas l’imagination se sent si à l’étroit.


    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaire


    EXTRAIT —

    Ce n’est pas dans le seul domaine intellectuel que règne l’imagination en faculté maîtresse. Le personnage d’Hannibal nous le montre.  Ce grand capitaine mena au IIIe siècle avant Jésus-Christ contre les Romains de longues guerres qui sont, elles aussi, un grand moment de l’aventure humaine. Hannibal, comme Alexandre le Grand, nous prouve que l’on peut être à la fois un grand homme de guerre et un homme de grande culture, — Hannibal parlait plusieurs langues dont le latin et le grec —, aussi bien qu’un homme agissant en vue de la réalisation d’un grand idéal. L’idéalisme d’Hannibal fut certes terni par le fanatisme et la haine des Romains que lui avait légués son père Hamilcar. Tout fanatisme est assurément regrettable, mais conjugué avec la force de son imagination et de sa volonté, il permet à Hannibal de tenir tête à l’impérialisme romain, à leur haine contre Carthage qu’exprimait Caton l’ancien dans sa formule célèbre « Carthago delenda est », — Carthage doit être détruite —.

    Sans doute le fanatisme des deux adversaires trouvait-il en partie sa source dans le mépris que chacun professait pour la religion de l’autre. La mythologie simpliste des Romains pouvait paraître à Hannibal une religion bien primitive et dépourvue de mystère. Le culte carthaginois de Moloch, Tanit et Astarté, qui exigeait des sacrifices humains, semblait en revanche au Romains bien barbare.

    Nous ne pouvons faire grief à Hannibal d’avoir été un homme appartenant à une civilisation donnée à un moment donné de l’histoire. Il nous montre au contraire que seule l’imagination jointe à la volonté peut donner naissance à un grand homme. Seule l’imagination, pouvoir constant à travers les siècles de l’aventure humaine, peut aussi permettre à chacun de comprendre les autres hommes. N’est-ce pas par un effort d’imagination que nous pouvons et devons comprendre telle mentalité différente de la nôtre, telle civilisation qui n’est pas la nôtre, telle œuvre que nous n’aurions su créer nous-mêmes ? L’imagination, convenablement guidée, ne serait-elle pas synonyme de civilisation ?

     Source : JE SAIS TOUT n°5, 13 mai 1969 –  L’aventure humaine de tous les temps (Paris, Édi-Monde)


     

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