Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Postage & Vintage - Page 36

  • JE SAIS TOUT N°7

    JST7-01.jpgÀ l’image de JE SAIS TOUT, l’hebdomadaire culturel préféré de mes tendres années, la nostalgie aime pardonner aux génies leurs excès et leurs faiblesses. Outre mon initiation collégienne à la Renaissance italienne, ce feuilleton consacré à Michel-Ange a suffi pour allumer la flamme de la passion que je voue à ce personnage rugueux, moins sympathique, mais tellement plus romanesque que le gentil Leonard de Vinci.

    Est-il bourru, caractériel, capricieux ? On pardonne tout à un génie parce que son talent nous semble surnaturel.  Est-il mégalomane, asocial, égocentrique ? On oublie le pire pour retenir le meilleur : ses chefs-d’œuvre lui accordent une absolution éternelle, tant son art détient le secret de nous rendre heureux.

    EXTRAIT —

    Ce qui caractérise Michel-Ange, ce qui donne l’essence même de son talent, c’est son tempérament créateur ; c’est cette sorte d’étincelle divine qui lui a permis de « récréer » sous forme de sculptures puissantes — David ! — et de fresques impressionnantes — par exemple celles de la chapelle Sixtine —, un monde jaillit de la pierre brute et du  néant. (…)

    Ce corps déformé par un labeur surhumain, ce visage brûlé par une indomptable passion cachaient une âme exceptionnelle, une personnalité entièrement originale, un génie qui nous aident à connaître les écrits de Michel Ange : sa correspondance et, par dessus tout, ses poèmes, qui comptent parmi les plus beaux de la poésie italienne de son temps. Nous y découvrons Michel-Ange dans une nouvelle dimension, plus paradoxal sans doute, moins fascinant, mais profondément humain dans ses contradictions.

    JST7-02.jpgTour à tour passionné et mesquin, généreux et avare, il pouvait s’enthousiasmer pour une œuvre nouvelle et se laisser arrêter aussitôt par les difficultés de l’entreprise. Ardent et travailleur, il se montrait instable et capricieux lorsqu’il s’agissait de remplir ses engagements. Prêt à se dévouer pour ceux qui le méritaient le moins, il était, inexplicablement, méprisant et dur envers ceux qui, pourtant, l’entouraient de leur estime.

    Possédé par son génie, il lutta toute sa vie pour réaliser d’impossibles rêves : faire entrer l’univers dans quelques mètres carrés de peinture, édifier des monuments gigantesques, sculpter même les montagnes. Ces rêves inassouvis furent le grand tourment de son existence.

    Il vécut sans amis : il suscitait l’admiration, le dévouement, la crainte même, mais personne, sauf peut-être la noble Vittoria Colonna, qui fut l’amie de sa vieillesse, ne parvint à tirer un peu de chaleur humaine de ce cœur qui était pourtant capable de donner à la pierre une vie immortelle.

    Source : JE SAIS TOUT n°7, 27 mai 1969 –  L’aventure humaine de tous les temps (Paris, Édi-Monde)


    JST7-03.JPG


     

  • BELLE RÉCITATION N°23

    09-septembre.jpgPuisque la nostalgie emprunte beaucoup de ses émotions au romantisme classique, accueillons la saison nouvelle avec un texte de Lamartine qui figura longtemps en bonne place dans la table des récitations de l’école républicaine.

    L’auteur associe son humeur au deuil de la nature, dans une débauche un rien exaspérante de sensibleries. Mais la magie du romantisme opère quand même, parce que les mots conspirent à mettre en scène un impressionnisme automnal tout en charme et en délicatesse.

     

    L’automne

    Salut, bois couronnés d’un reste de verdure !

    Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

    Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

    Convient à ma douleur et plaît à mes regards.

     

    Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;

    J’aime à revoir encor pour la dernière fois

    Ce soleil pâlissant dont la faible lumière

    Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

     

    Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,

    À ses regards voilés, je trouve plus d’attraits ;

    C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire

    Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.

     

    Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,

    Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,

    Je me retourne encore, et d’un regard d’envie

    Je contemple ces biens dont je n’ai point joui.

     

    Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,

    Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau !

    L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !

    Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

     

    Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie

    Ce calice mêlé de nectar et de fiel :

    Au fond de cette coupe où je buvais la vie,

    Peut-être restait-il une goutte de miel !

     

    Peut-être l’avenir me gardait-il encore

    Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu !

    Peut-être dans la foule une âme que j’ignore

    Aurait compris mon âme et m’aurait répondu !...

     

    La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;

    À la vie, au soleil, ce sont ses adieux ;

    Moi je meurs ; et mon âme, au moment qu’elle expire,

    S’exhale comme un son triste et mélodieux.

     

    Alphonse de LAMARTINE

    Automne-.jpg

     

    JGlivre.jpgAutre morceau d’anthologie, en parfaite harmonie avec la saison, mon dernier opus bien sûr. Lors des promenades d’automne, ne devait-on pas ramasser les feuilles mortes de marronnier pour découvrir en classe « nos belles leçons de choses » ?

    Source : Jacques GIMARD — Nos belles leçons de choses (Hors Collection, août 2013, 120 pages, 22,5 sur 28,5 cm, 19 €)

     

     

     

     

  • JE SAIS TOUT N°6

    P1020828.jpgPuisque la nostalgie aime le jeu des comparaisons, profitons de cette chronique pour sourire aux efforts de vulgarisation scientifique que déployait jadis l’hebdomadaire JE SAIS TOUT à l’endroit d’une génération dont la curiosité entretenait la soif de lecture, et vice-versa.

    Dans sa chronique Album des sciences, des anecdotes marquantes, joliment illustrées, livraient des explications sur des phénomènes anodins de notre environnement, dans le même esprit esthétique que soignaient nos manuels scolaires de leçons de choses pour attirer les élèves vers les disciplines scientifiques.

    La pédagogie jouait alors de séduction avec les lois des mondes animal, minéral, végétal. Un charme intact que mon dernier opus prend plaisir à remettre en scène à partir des grandes pages inoubliables de « nos belles leçons de choses »

    JST-06.jpg

    Source : JE SAIS TOUT n°6, 25 mai 1969 –  L’aventure humaine de tous les temps (Paris, Édi-Monde)

     

     

    JG-livre.jpg

    Source : Jacques GIMARD — Nos belles leçons de choses

    (Hors Collection, août 2013, 120 pages, 22,5 sur 28,5 cm, 19 €)

     

    NB- Nos belles leçons de choses dans la presse du mois :

    http://www.20minutes.fr/livres/1218145-20130904-nos-belles-lecons-choses-jacques-gimard-chez-hors-collection-paris-france