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Ma bibliothèque - Page 22

  • PAGE D'HISTOIRE N°3

    14 Juillet 01.jpg Nostalgie et commémoration font-elles bon ménage ?
    La première laisse libre cours à l’émotion, la seconde participe à l’éclat de l’institution. Autant dire qu’elles se dérobent à toute comparaison.
    Le traditionnel « défilé militaire du 14 juillet », parce qu’il consacre notre « Fête nationale », est sans doute la seule célébration où le sentiment patriotique sait encore faire battre notre cœur…
    Sentimentalisme désuet, penseront certains mauvais esprits, à une époque où toute effusion nationaliste devient suspecte.
    Au fil des « leçons en images », les manuels scolaires de jadis n’omettaient pas d’expliquer aux enfants de France pourquoi notre Fête nationale est célébrée le 14 juillet, même si les explications trahissent parfois un certain embarras…
    Ainsi, le manuel que j’ai le plaisir de vous présenter cette semaine joue sur deux registres pour légitimer notre Fête nationale :
    Le 14 juillet 1789, prise de la Bastille : acte de rébellion, colère du peuple, vindicative, sanglante et destructrice.
    Le 14 juillet 1790, Fête de la Fédération : acte de communion, exaltant l’unité de la nation française, en présence de notre bon Roi.
    Pour s’acheter une bonne conscience, et donner un peu plus de respectabilité à notre Fête nationale, l’Histoire a préféré retenir la deuxième version.

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    Aujourd’hui, depuis 1880, un défilé militaire rehausse le prestige de notre 14 juillet, en soulignant la vocation patriotique de cette célébration.
    Moins médiatique à présent, parce que trop traditionnel sans doute, ce « joli défilé » a beaucoup de mal à capter l’attention de la presse, qui préfère désormais commenter les peoplesques anecdotes de la garden-party dans les Jardins de l’Élysée. Là, grands commis de l’État, courtisans serviles et clergé médiatique rivalisent de ramage pour capter un sourire du Prince.
    Le 14 juillet, entre fontaines de champagne et délicats macarons, l’aristocratie républicaine célèbre à sa manière la Fête nationale, pendant que le bas peuple s’encanaille au bal des pompiers… Ainsi se perpétue la Fête de la Fédération, « la fête de l’union, de la fraternité entre les Français ». Alors vive le Roi, et vive la République !

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    EXTRAIT -
    Le 14 juillet 1789, le peuple avait crié sur les murs de la Bastille qu’il allait démolir : « Nous sommes libres ! »
    Un an plus tard, il va crier : « Nous sommes frères ! »
    Une grande fête s’organise à Paris sur une place appelée le Champs-de-Mars. Il y viendra des Français de toutes les provinces.
    Les Parisiens prennent la pioche et roulent la brouette en chantant. Et le Champs-de-Mars est prêt pour le grand jour.
    Sur toutes les routes de France, des Bretons, des Normands, des Poitevins, des Gascons gagnent à pied Paris. Ils s’en vont vers le Champs-de-Mars.
    La grande cérémonie a lieu. Le roi y assiste. On appelle cette fête : Fête de la Fédération, c’est-à-dire la fête de l’union, de la fraternité entre les Français.
    Quand tous sont réunis comme se réunissent des amis ou des frères, les canons tonnent, les musiques éclatent ; l’on crie : « Vive la Nation ! » L’on applaudit, l’on s’embrasse, l’on chante et l’on danse.
    Tous sont heureux d’être Français et de former une même patrie.

    Source : BERNARD (P.) & REDON (F.) - Notre premier livre d’Histoire - cours élémentaire - (Paris, Fernand Nathan éditeur, 1972)

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  • RAVISSANTE RÉCITATION N°3

    1870282585.jpg Nostalgie et pédagogie font-elles bon ménage ?
    Nos chers enseignants vont répondront bien sûr que « tout, aujourd’hui, est si différent » et que « rien n’est comparable »…
    Se surprend-on à admirer le contenu des manuels scolaire de jadis, et nous voilà suspectés d’être un « vieil esprit réactionnaire », rétif à l’épanouissante école moderne.

    Observons pourtant cet exercice de récitation de 1900.

    Une charmante poésie sert de support à une leçon de « morale édifiante » sur la constance dans le travail.
    Une courte maxime, non dénuée d’humour, sert à marquer l’esprit.
    Des images éloquentes mettent en scène la honteuse paresse.

    Poésie, résumé, maxime, images : quatre façons convergentes de mettre la morale en action pour apprendre le jeune enfant à devenir consciencieux…
    Quel reproche oserait-on faire à cette méthode pédagogique ?
    En quoi les livres du passé seraient-ils dépassés ?
    Pourquoi certaines « bonnes valeurs » seraient-elles plus périmées que d’autres ?

    Chut, pas de polémique !
    Les experts pédagogues de l’Éducation nationale ont sans doute la réponse…
    Celle qui n’est pas intelligible à notre pauvre esprit rétrograde.

    Source : MOY (L.) - La première année de récitation - L’enseignement par l’image - cours moyen et cours supérieur -
    (Paris, Armand Colin et Cie éditeurs, 20e édition, 1900, 112 pages, 13,5 sur 18,5 cm)

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  • BEAU LIVRE D'ÉCOLE N°14

    1726479215.jpg Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter un livre de morale qui, à n’en pas douter, provoquerait un énorme scandale aujourd’hui. Et pourtant, comme tout manuel scolaire, il reçut en son temps l’autorisation des autorités compétentes pour être diffusé dans les écoles.
    L’extrait n°1 est représentatif des livres de « lecture morale » de l’époque : une préface pavée de bonnes intentions, avec le ton incantatoire qu’appelle le genre.
    L’extrait n°2 nous met beaucoup plus mal à l’aise. Sous couvert de dénoncer les préjugés, il n’hésite pas à faire la part du vrai et du faux parmi les qualités et défauts de la « race juive »…
    Une leçon de « morale édifiante », écrite en 1927 (bien avant les « années noires ») qui révèle entre les lignes combien la « civilisation française » était contaminée par les relents de l’Affaire Dreyfus, et comment la sage école laïque abordait le sujet de la tolérance… en mêlant, sans complexe, condescendance et insinuation !

    Source : MARTINON (Suzanne) & DESPIQUES (Paul) - Paul Defrance - Histoire d’un petit citoyen français –
    (Paris, Librairie Delagrave, 1ère édition, 1927, 192 pages, 12 sur 18,5 cm)

    EXTRAIT N°1 -
    « L’éducation est la pierre angulaire de toute vie humaine. Or, elle n’est plus aussi en honneur qu’autrefois dans les familles, et c’est là un danger sans cesse plus menaçant, auquel il faut parer de toute sa meilleure volonté, de toute sa croyance, de toute sa ferveur pour un idéal.
    Idéal… voilà un grand mot prononcé ! Mais en est-il un plus beau ? Est-il tâche plus noble, et qui requière plus de persévérance et d’enthousiasme profond, que d’élever l’enfant, avec simplicité et tendresse, vers tout ce qui est vrai, sain, juste et beau ?
    Mais là même ne se bornait pas notre ambition. Nous nous sommes efforcés de lui faire aimer la terre… ; d’abord ses aspects les plus séduisants : les arbres et l’eau, les fruits et les fleurs ; et puis les bêtes et la ferme ; enfin le travail libre et fécond, sous le ciel vaste et pur…, loin des bureaux étroits, loin des fumées d’usine… ; la terre, c’est-à-dire l’orgueil de récolter et l’orgueil de nourrir… ; la terre, le pain de tous…, la terre, le bien le plus vrai, le plus sûr, celui qui, mieux qu’aucun autre, fait l’homme libre ! »


    EXTRAIT N°2 -
    « Quand j’étais petit, j’avais, je ne sais trop pourquoi, horreur des Juifs. Était-ce d’avoir entendu prononcer autour de moi l’injure : « Sale Juif » ? Je ne prononçais moi-même jamais ce mot de juif sans l’épithète sale. Pas à la maison, naturellement : papa et maman m’en auraient vertement grondé ! À force de dire « sale juif », je m’étais persuadé que les Juifs étaient la race la plus déplaisante et la moins intéressante qui fût. En quoi je me trompais fort. Convenons qu’elle a ses défauts, qui nous rebutent un peu. Il n’en est pas moins vrai qu’elle nous donne l’exemple de vertus essentielles, telles que l’amour du travail, la persévérance et l’esprit de solidarité. Et, si peu que j’ai fréquenté des Juifs, j’ai gardé le souvenir de jeunes gens intelligents, particulièrement doués pour les arts, et de qui la volonté d’atteindre un but fixé m’impressionna plus d’une fois très vivement. »

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