La nostalgie n’offrirait-elle pas une saine alternative à la psychothérapie ?
Sans même requérir un spécialiste des « bleus à l’âme », elle a le mérite de laisser libre cours à la parole, et à vider de « vieux contentieux perso » enfouis dans une multitude crasseuse de blessures narcissiques…
Ainsi jaillit de mon moi endormi cette pénible heure de la récit’ qu’il me plaît aujourd’hui de restituer dans les moindres émotions futiles.
DOUCE TORTURE POÉTIQUE
Le stylo de la maîtresse balaie de haut en bas le registre d’appel. Elle cite votre nom.
Vous « piquez un fard ou un phare », comme vous voulez.
Votre cœur bat la chamade. Et soudain vous étreint « l ‘angoisse nauséeuse des leçons mal apprises »…
Vous vous levez sans enthousiasme. Puis vous gagnez l’estrade.
Commence alors la « douce torture poétique »…
Vous débitez la récitation en plissant les yeux : ne pas rater la rime, éviter les liaisons mal-t-à-propos, soigner la chute en donnant un semblant d’assurance à la voix tremblotante.
Tout cela sous les regards moqueurs ou compatissants des copains goguenards qui scrutent la moindre défaillance.
La maîtresse opine du chef, signifiant la permission d’aller vous rasseoir.
Et vous soupirez un bon coup, libérant soudain une ignoble jouissance intérieure. Parce que la prochaine fois, c’est « un autre » qui devra s’improviser « poète sur l’estrade »…
Inséparable de cette « petite dramaturgie scolaire », voici une belle récitation de saison qui a fini par me plaire !
PLAISIR D’AUTOMNEJ’ai pris, au fond du grenier,
Ma serpette et mon panier.
Frappe du pied !
Les vendangeurs m’ont fait signe !
Je suis allé dans la vigne
Et j’ai coupé les raisins.
Frappe des mains !
J’ai cueilli dans mon verger,
Trois pommes sur mon pommier.
Pique du nez !
La plus grosse était amère,
La plus douce pour ma mère,
La plus rouge était pour moi.
Pique du doigt !
J’ai pris, au fond du buffet,
Ma tasse et mon gobelet,
Saute d’un pied !
J’ai goûté le jus de pommes
Et j’ai bu, comme les hommes,
Trois gouttes de vin nouveau.
Saute bien haut !
Ernest PÉROCHON.- Au point du jour (Paris, Delagrave éditeur)
Si la nostalgie préserve bien souvent de l’oubli, elle ne parvient pas hélas à embellir la banalité. Comme le démontre cet exploit chinois que les agences de
Ce bel album d’images, je me plais parfois à le feuilleter. Le charme opère encore, parce qu’il mettait en scène les pionniers d’un rêve millénariste.
Parce que la nostalgie ouvre souvent la porte aux rêves, intéressons-nous un instant aux « livres d’utilités et d’amusement » - comme ils s’auto-proclamaient jadis - qui raviront les esprits facétieux aimant plaisanter de tout à partir de presque rien. Le livre que j’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui est à cet égard vraiment « délicieux »…
PETIT ÉCHANTILLON D’INTERPRÉTATIONS À RETENIR…