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Ma bibliothèque - Page 20

  • RAVISSANTE RÉCITATION N°5

    Ecole Papa.jpgLa nostalgie n’offrirait-elle pas une saine alternative à la psychothérapie ?

    Sans même requérir un spécialiste des « bleus à l’âme », elle a le mérite de laisser libre cours à la parole, et à vider de « vieux contentieux perso » enfouis dans une multitude crasseuse de blessures narcissiques…

     

     

    Ainsi jaillit de mon moi endormi cette pénible heure de la récit’ qu’il me plaît aujourd’hui de restituer dans les moindres émotions futiles.

     

     DOUCE TORTURE POÉTIQUE

     Le stylo de la maîtresse balaie de haut en bas le registre d’appel. Elle cite votre nom.

    Vous « piquez un fard ou un phare », comme vous voulez.

    Votre cœur bat la chamade. Et soudain vous étreint « l ‘angoisse nauséeuse des leçons mal apprises »…

    Vous vous levez sans enthousiasme. Puis vous gagnez l’estrade.

    Commence alors la « douce torture poétique »

    Vous débitez la récitation en plissant les yeux : ne pas rater la rime, éviter les liaisons mal-t-à-propos, soigner la chute en donnant un semblant d’assurance à la voix tremblotante.

    Tout cela sous les regards moqueurs ou compatissants des copains goguenards qui scrutent la moindre défaillance.

    La maîtresse opine du chef, signifiant la permission d’aller vous rasseoir.

    Et vous soupirez un bon coup, libérant soudain une ignoble jouissance intérieure. Parce que la prochaine fois, c’est « un autre » qui devra s’improviser « poète sur l’estrade »

    Inséparable de cette « petite dramaturgie scolaire », voici une belle récitation de saison qui a fini par me plaire !

     

    Cahier Récitations.jpgPLAISIR D’AUTOMNE

     J’ai  pris, au fond du grenier,

    Ma serpette et mon panier.

    Frappe du pied !

    Les vendangeurs m’ont fait signe !

    Je suis allé dans la vigne

    Et j’ai coupé les raisins.

    Frappe des mains !

     

    J’ai cueilli dans mon verger,

    Trois pommes sur mon pommier.

    Pique du nez !

    Automne 01.jpgLa plus grosse était amère,

    La plus douce pour ma mère,

    La plus rouge était pour moi.

    Pique du doigt !

     

    J’ai pris, au fond du buffet,

    Ma tasse et mon gobelet,

    Saute d’un pied !

    J’ai goûté le jus de pommes

    Et j’ai bu, comme les hommes,

    Trois gouttes de vin nouveau.

    Saute bien haut !

     

    Ernest PÉROCHON.- Au point du jour (Paris, Delagrave éditeur)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • ACTU ET NOSTALGIE N°3

    Shenzou VII 03.jpgSi la nostalgie préserve bien souvent de l’oubli, elle ne parvient pas hélas à embellir la banalité. Comme le démontre cet exploit chinois que les agences de  presse  viennent de saluer poliment mais sans enthousiasme.

    Zhai Zhigang, le premier « taïkonaute » sorti 15 minutes dans l’espace : personne ne retiendra son nom. Et qui se souviendra de cette mission Shenzhou VII, confirmant l’ambition de la Chine pour la reconquête de l’espace ?

     « À la conquête de l’Espace », c’était le titre d’un album d’images que je collectionnais lorsque j’étais enfant. Sur le chemin de l’école, en fin d’après-midi, petite halte à la boulangerie du coin. Achat de « bonbons-cochonneries-colorants-chimiques », et dans chaque sachet, une belle image en carton de la Conquête spatiale. Spoutnik, Soyouz, Gemini, Appolo, Saturn V : des noms qui ont écrit une fabuleuse épopée, de splendides photos qui ont illustré de grands reportages dans les magazines « Life » ou « Paris-Match ».

     Aujourd’hui de courtes dépêches parlent de « mission accomplie » sans même prendre le soin d’en souligner la performance technologique.

     

    Pourtant, grâce à la nostalgie qui réveille juste un instant la magie de cette époque, me reviennent en mémoire les noms des deux « premiers hommes sortis dans l’espace » : le russe Alexei Leonov, et l’Américain Edward White, en 1965, à quatre mois d’écart, sous la pression d’une « guerre de froide » qui se jouait aussi en prouesses médiatiques.

    Conquête Espace.jpgCe bel album d’images, je me plais parfois à le feuilleter. Le charme opère encore, parce qu’il mettait en scène les pionniers d’un rêve millénariste.

    Mais aujourd’hui, l’An 2000 est dernière nous. La navette américaine décolle et se repose sans reportage télévisée « in live ». Et notre ami Zhai n’est accueilli en héros que par la nomenklatura communiste, comme au bon vieux temps de l’URSS triomphante.

     Comme si la nostalgie aimait remettre à l’honneur le décor suranné de la conquête spatiale. 

     

    Shenzou VII 02.jpg

     

     

     

     

     

     

  • LIVRE DÉLICIEUX N°7

    Rêve 03.jpgParce que la nostalgie ouvre souvent la porte aux rêves, intéressons-nous un instant aux « livres d’utilités et d’amusement » - comme ils s’auto-proclamaient jadis - qui raviront les esprits facétieux aimant plaisanter de tout à partir de presque rien. Le livre que j’ai le plaisir de vous présenter aujourd’hui est à cet égard vraiment « délicieux »

    Quoi de mieux que les songes en guise de « presque rien » ? Ces souvenirs évanescents qui nous saisissent au réveil, et que nous refoulons d’un sourire tellement ils sont souvent absurdes.

    À la Belle Époque, l’interprétation des rêves était en vogue. Et les éditeurs se livraient une âpre concurrence pour offrir enfin une vraie « Clef des Songes » à des lecteurs - plutôt lectrices ?! - avides de puiser dans le sommeil la lucidité ou la raison qu’ils peinent à trouver le jour.

    L’exercice est inoffensif, et ne mérite franchement aucun blâme. Au mieux, l’exégèse donnera au rêveur la certitude d’être habitée par une intuition infaillible. Au pire, elle démontrera que le rêve n’indique jamais la date à laquelle sa signification prendra forme terrestre.

    Bref, le rêve offre toujours prétexte à se rassurer. Matière à s’inspirer aussi, puisqu’il n’est jamais vain de les consigner dans un petit carnet pour nourrir son génie littéraire. Exercice matinal auquel se prêtait Alphonse Daudet. Preuve que la Clef des Songes ouvre la porte de l’imagination…

     

    EXTRAIT-

    À propos de rêve prémonitoire, une aventure bien amusante est arrivée à Balzac. Un matin, il arrive chez Théophile Gautier, où il se rencontre avec Jules Sandeau et Laurent Jan.

    Il leur expose qu’il vient de découvrir, en rêve, une mine d’une richesse incalculable, au Cap, et leur propose d’aller l’exploiter de compagnie. En vrais idéalistes, en enfants, séduits par la description mirifique qu’il fait de sa trouvaille, ils acceptent.

    Et les voilà partis, séance tenante, acheter une provision sérieuse de pelles, de pioches, de tous les instruments nécessaires, au magasin qu’a remplacé La Ménagère, boulevard Bonne-Nouvelle.

    Au moment de se mettre en route, Laurent Jan veut par prévoyance, établir entre eux un traité en bonne et due forme, désignant la part de chacun dans l’opération.

    Balzac.gif

    Balzac, comme promoteur de l’idée, comme « découvreur » de la mine, exige la moitié des bénéfices et n’en démord pas. Les trois autres s’arrangeront du reste.

    Devant cette exigence, l’affaire n’a pas de suite, et les quatre explorateurs restent à Paris, au coin de leur feu.

    Or, trente ans après, à l’endroit exact indiqué par l’auteur du Père Goriot, on trouva une mine de diamants, bien connue, bien exploitée, à l’heure actuelle. Et de nos jours, à faible distance de là, des gisements d’or qui font tant de bruit maintenant.

    Que ce soit de la divination, soit ! Tout ce que l’on voudra : mais sûrement pas du hasard…

     

    Source : ***- Les songes et les présages

    (Paris, Albin Michel éditeurs, s.d. vers 1920, 12 sur 19 cm, 224 pages)

     

    Rêve 01.jpgPETIT ÉCHANTILLON D’INTERPRÉTATIONS À RETENIR…

    - Voir un ACCIDENT, signe d’ennui passager ; en être victime, réussite définitive, mais lente.

    - Rêver d’ACCOUCHEMENT, signe de fortune ; si c’est celui d’un animal, signe de succès, mort d’un ennemi.

    - Rêver BANANES, signe de réussite ; en manger, signe de trahison féminine.

    - Toucher des fonds dans une BANQUE, signe de perte ; en payer, signe de discussions.

    - Prendre  un BAIN CHAUD, signe de mariage à bref délai ; s’il est trop brûlant, c’est fâcherie ; dans l’excès contraire, infortune.

    - Voir un BATEAU, signe d’arrivée d’un ami ; s’il est en péril, signe de maladie.

    - Rêver CAMPAGNE, signe de fortune inattendue ; y courir, signe de bonheur assuré ; y manger, signe de mariage avantageux.

    - Rêver CELLULE, signe de dispute.

    - Voir un CHEMIN, signe de tracas intimes.

    - Rêver CHEMIN DE FER indique que l’on fera bientôt un voyage, même quand rien ne le laisse prévoir actuellement.

    - Voir du CHOCOLAT, signe de maladie prochaine.

    - Faire la CUISINE, signe de séparation, de divorce.

     

    Pour une interprétation sur mesure, à partir de ce « livre rare », n’hésitez pas à livrer votre rêve dans la rubriques « Commentaires »

     

    Rêve 02.jpg