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Ma bibliothèque - Page 23

  • LIVRE DÉLICIEUX N°6

    80928153.jpg La nostalgie supporte-t-elle le matraquage ? L’avalanche d’articles et d’ouvrages commémorant Mai 1968 nous « interpelle quelque part au niveau du vécu », comme diraient les anciens combattants de ce printemps vraiment pas comme les autres.
    Ceux qui ne l’ont pas vécu se plaisent à idéaliser la « révolution » de la jeunesse embourgeoisée des Trente Glorieuses.
    Ceux qui y ont pris part s’inventent une « conscience citoyenne », préparant la France au crépuscule du gaullisme historique. Autant de miroirs qui renvoient aujourd’hui les images d’un folklore pathétique, dont les honnêtes historiens peinent à trouver le sens.
    Faut-il alors « commémorer » Mai 1968 ? Assurément le verbe est trop beau. Ni grandeur ni douleur nationale dans ce feuilleton seventies. Laissons à la Victoire du 8 mai 1945 l’honneur de la mémoire.

    Pour autant, Mai 1968 réveille à notre esprit une sympathique créativité imaginative, peuplée de « slogans », devenus aujourd’hui vestiges d’une « parole libérée ».
    Des slogans nourris d’une solide culture philosophique, pétrie d’humour subtil, en rien comparables avec les « tags ethniques », dénués de sens, qui souillent impunément les murs de nos villes.

    Le LIVRE que j’ai le plaisir de vous présenter cette semaine eut la bonne idée de vouloir restituer à chaud la mémoire de cette « démocratie de la rature » aux allures libertaires, mais combien élitiste, à en juger le niveau bac + 15 de certains graffitis…

    EXTRAIT :
    « Le grafitti en soi devenait liberté. Et combien de sincères ont écrits « je n’ai rien à écrire » : ils n’étaient pas naïfs. Ils ont crié pour se « sentir avec ».
    Célébration d’un anonymat qui participe. Ceux qui ont cité n’ont pas signé, annexant l’auteur aux circonstances.
    Mais ces cris, au clou sur la craie, à la chaux sur le parpaing et à l’encre sur le papier, niant la politique, contestant la philosophie, l’esthétique, la poésie, ont créé. Forum vertical, démocratie de la rature : les rajouts, les réponses instituaient un dialogue.
    Déjà les lessivages blancs de juin écrasent à plat les pamphlets noirs et rouges de mai : on repeint.
    Pour la première fois sans doute, un monument historique n’avait pas prétention de l’être.
    Les dissonances et les discussions, monument éphémère d’un printemps, auraient disparu…
    Ces murs aux grandes oreilles, qui revendiquaient la parole, n’auraient plus eu d’yeux ? Pourquoi ?
    D’où ce recueil. »

    Source : Journal mural Mai 1968 - Sorbonne, Odéon, Nanterre, etc… -
    Les murs ont la parole…
    Citations recueillies par Julien Besançon
    (Paris, Tchou éditeur, juin 1968, 17,5 cm sur 11,5 cm, 182 pages)

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    « Je ne pense pas qu’il faille attacher
    plus d’importance que cela n’en vaut la peine à quelques enragés. »
    Alain Peyrefitte - Extrait d’un discours 3 mai 1968

  • RAVISSANTE RÉCITATION N°2

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    Est-il maudit ou oublié ? Qui se souvient de Gustave Nadaud (1820-1893) ?
    Avant tout « chansonnier », comme on disait à l’époque, il compose d’anodines opérettes de salon et un seul roman, - « Une idylle » - qui recueille un succès d’estime.
    Conjuguant ironie et parti pris, les morceaux qu’il compose affichent sans prétention un comique facétieux.
    Avec « le roi boiteux », il se risque à une satire politique du Second Empire, qui ne lui en tient point rigueur puisqu’il est, en 1861, décoré de la Légion d’honneur.
    Il meurt dans le dénuement pour avoir obstinément refusé de « servir la soupe »…
    Cette récitation, souvent publiée dans les manuels scolaires du début de la Troisième République, ne fait-elle pas un malin clin d’œil aux mœurs médiatico-politiques d'aujourd'hui ? Grâce à sa morale souriante, elle mériterait en tout cas de figurer parmi les « fondamentaux » de l’école primaire du XXIème siècle…


    LE ROI BOITEUX

    Un roi d’Espagne, ou bien de France,
    Avait un cor, un cor au pié ;
    C’était au pied gauche, je pense ;
    Il boitait à faire pitié.

    Les courtisans, espèce adroite,
    S’appliquèrent à l’imiter,
    Et, qui de gauche, qui de droite,
    Ils apprirent tous à boiter.

    On vit bientôt le bénéfice
    Que cette mode rapportait,
    Et de l’antichambre à l’office,
    Tout le monde boitait, boitait.

    Un jour, un seigneur de province,
    Oubliant son nouveau métier,
    Vint à passer devant le prince
    Ferme et droit comme un peuplier.

    Tout le monde se mit à rire ;
    Excepté le roi qui, tout bas,
    Murmura : - Monsieur, qu’est-ce à dire ?
    Je crois que vous ne boitez pas.

    - Sire, quelle erreur est la vôtre !
    Je suis criblé de cors ; voyez :
    Si je marche plus droit qu’un autre,
    C’est que je boite des deux pieds.

    G. NADAUD

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  • LIVRE DÉLICIEUX N°5

    VISITONS LE FUTUR !

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    Les amoureux de la nostalgie se complaisent à revisiter le passé à l’aune de leur mal-être présent. Pourquoi ne prendraient-ils pas le même plaisir à explorer le futur ?
    Oublions vite la tradition pesante des « Vœux du Nouvel An », trop convenable pour amuser, trop rôdée pour surprendre. Livrons-nous plutôt en ces temps d’humeur maussade à « l’amusette » que nous propose Mademoiselle Lenormant, la célèbre cartomancienne.
    Pas besoin de cartes cette fois ! Une épingle, deux dés ou un jeu de dominos suffisent à tout savoir sur ce que nous promet l’avenir. À celles et ceux qui oseraient en douter, je veux bien proposer mes humbles services de « courtier en oracle » : je leur fournis le mode d’emploi, et la grille de lecture leur prodiguera en secret de précieux conseils pour déjouer les facéties de 2008…

    Source : LENORMANT (Mademoiselle) .- L’oracle des dames et des demoiselles, contenant l’art de prédire l’avenir avec un cadran et une épingle, avec des dés et des dominos
    (Paris, H. Delarue et Cie, s.d., 12 sur 18,5 cm, 182 pages)

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    EXTRAIT : Ce serait attribuer à l’Oracle des Dames une science qu’il n’a pas, que de croire à la véracité de ses prédictions ; car il n’est donné à personne ici-bas de prévoir l’avenir.
    Les croyances populaires, les préjugés disparaissent de jour en jour, mais le besoin de se divertir n’a point disparu. C’est donc à titre de récréation que notre opuscule se présente au public, et c’est en disant ouvertement ce qu’il est qu’il espère l’indulgence des belles lectrices qui voudraient bien le consulter.
    Ainsi, lorsque le hasard voudra que quelque vraisemblance se rencontre dans la réponse de l’oracle, la bienveillance de la consultante lui sera acquise. Et dans le cas contraire, notre lectrice pourra rire franchement encore, parce qu’elle est prévenue ici que ce livre est une amusette, depuis le commencement jusqu’à la fin.
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