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RAVISSANTE RÉCITATION N°5

Ecole Papa.jpgLa nostalgie n’offrirait-elle pas une saine alternative à la psychothérapie ?

Sans même requérir un spécialiste des « bleus à l’âme », elle a le mérite de laisser libre cours à la parole, et à vider de « vieux contentieux perso » enfouis dans une multitude crasseuse de blessures narcissiques…

 

 

Ainsi jaillit de mon moi endormi cette pénible heure de la récit’ qu’il me plaît aujourd’hui de restituer dans les moindres émotions futiles.

 

 DOUCE TORTURE POÉTIQUE

 Le stylo de la maîtresse balaie de haut en bas le registre d’appel. Elle cite votre nom.

Vous « piquez un fard ou un phare », comme vous voulez.

Votre cœur bat la chamade. Et soudain vous étreint « l ‘angoisse nauséeuse des leçons mal apprises »…

Vous vous levez sans enthousiasme. Puis vous gagnez l’estrade.

Commence alors la « douce torture poétique »

Vous débitez la récitation en plissant les yeux : ne pas rater la rime, éviter les liaisons mal-t-à-propos, soigner la chute en donnant un semblant d’assurance à la voix tremblotante.

Tout cela sous les regards moqueurs ou compatissants des copains goguenards qui scrutent la moindre défaillance.

La maîtresse opine du chef, signifiant la permission d’aller vous rasseoir.

Et vous soupirez un bon coup, libérant soudain une ignoble jouissance intérieure. Parce que la prochaine fois, c’est « un autre » qui devra s’improviser « poète sur l’estrade »

Inséparable de cette « petite dramaturgie scolaire », voici une belle récitation de saison qui a fini par me plaire !

 

Cahier Récitations.jpgPLAISIR D’AUTOMNE

 J’ai  pris, au fond du grenier,

Ma serpette et mon panier.

Frappe du pied !

Les vendangeurs m’ont fait signe !

Je suis allé dans la vigne

Et j’ai coupé les raisins.

Frappe des mains !

 

J’ai cueilli dans mon verger,

Trois pommes sur mon pommier.

Pique du nez !

Automne 01.jpgLa plus grosse était amère,

La plus douce pour ma mère,

La plus rouge était pour moi.

Pique du doigt !

 

J’ai pris, au fond du buffet,

Ma tasse et mon gobelet,

Saute d’un pied !

J’ai goûté le jus de pommes

Et j’ai bu, comme les hommes,

Trois gouttes de vin nouveau.

Saute bien haut !

 

Ernest PÉROCHON.- Au point du jour (Paris, Delagrave éditeur)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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