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Postage & Vintage - Page 57

  • ACTU ET NOSTALGIE N°18

    234.jpgQuand la nostalgie explore les fictions d’antan, — celle  que la télévision accompagnait d’un rectangle blanc pour éloigner les enfants du petit écran — revient en mémoire l’ombre terrifiante de Belphégor qui jetait nuitamment ses malédictions dans le dédale du Louvre.

    Réflexe incongru bien sûr : cette silhouette inquiétante rejaillit aujourd’hui sous l’apparence des inénarrables femmes en niqab qui déambulent sur les trottoirs parisiens sans respect aucun pour la divinité moabite.

    Belphégor, elle, savait se tenir. Elle ne quittait jamais les murs de son monument historique préféré. Elle n’apparaissait que la nuit. Elle ne revendiquait aucun droit à l’identité culturelle ou religieuse.

    Rien de comparable, sinon l’allure spectrale, aux étranges femmes en niqab. Leur accoutrement échauffe les grands esprits de notre représentation nationale. Au nom d’une laïcité qui ne sait plus où donner de la tête, ce port vestimentaire est désormais proscrit sur l’espace public. La loi votée le 12 octobre 2010 est entrée en vigueur le 11 avril, à l’appui d’une curieuse dialectique où les prétentions pédagogiques se mêlent confusément aux  circonlocutions politicardes.

    Les zélés porte-parole du législateur nous expliquent qu’avant de sanctionner notre mutine Belphégor, l’autorité judiciaire lui fera un « rappel à la loi »… Un « stage de citoyenneté » lui sera proposé comme alternative à l’amende de 150 Euros. Au besoin, « une ambassadrice de la laïcité », — un dispositif financé à hauteur de 80.000 euros par le ministère de l’immigration —  l’assistera pour l’aider à mieux assumer de lever le voile, et ainsi mieux prendre confiance sur notre généreuse terre d’asile…

    Que d’égards républicains pour d’indomptables sosies de Belphégor...

    Et quel affront pour une divinité qui, par sa discrétion, incarnait la plus noble des vertus laïques !

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    Serie TV - Belphegor - Generique par webmaster18



  • BELLE RÉCITATION N°13

    Calvet-.jpgLa nostalgie recèle de curieuses pépites pédagogiques, comme l’illustre cette récitation pour le moins « stigmatisante », pour reprendre un mot à la mode.

    Les canons de la masculinité — dans le registre « Tu seras un homme » — proscrivaient jadis la moindre émotivité et rendaient toute idée de confort suspecte de la part d’un garçon.

    Le ton de cette étrange récitation tourne en dérision l’expression de la sensibilité, à une époque où elle était censée être l’exclusive du genre féminin. Une franche discrimination que la pédagogie assumait alors sans honte ni complexe… Preuve que l’éducation morale campe sur les certitudes de son temps, pour le meilleur comme pour le pire.

     

    Monsieur Douillet

     

    Monsieur Douillet a bonne mine,

    Le teint frais d’un rose naissant :

    On mettrait sa chair en tartine

    Tant elle a l’air appétissant.

     

    Il est gras comme un coq en pâte ;

    Dans ses habits tout est rempli.

    Mais ce garçonnet que l’on gâte

    N’est bien qu’à table ou dans son lit.

     

    L’hiver, quand le froid nous assiège,

    Tout fourneau devient son voisin ;

    Il attend, pour toucher la neige,

    Des gants fourrés du magasin.

     

    En été, Monsieur s’exténue ;

    Et dès qu’il se met au travail,

    Il a trop chaud, il souffle et sue :

    Passez-lui donc un éventail !

     

    Pour une épine qui le blesse,

    Le voilà les yeux à l’envers.

    Vite des sels ! Une compresse !

    Monsieur se pâme ! Il a ses nerfs !

     

    Un rien lui fait des peurs extrêmes :

    Peur des chutes, peur d’un faux pas,

    Peur des coups, peur des gestes mêmes.

    C’est du verre, n’y touchez pas !

     

    Douillet, puisqu’ainsi je le nomme,

    C’est en vain qu’un jour, mon garçon,

    Tu porteras barbe au menton.

    Tu ne seras jamais un homme.

     

    Maurice MOREL — Violettes et Primevères (Paris, Larousse éditeur, s.d.)

    Récitation extraite d’un manuel scolaire : CALVET (J.) & LAMY (R.) — Le Français par la lecture expliquée – cours moyen (Paris, J. de Gigord éditeur, 5e édition, 1934)

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  • IDENTITÉ FRANÇAISE N°4

    Clio-01.jpgLa nostalgie aurait-elle la mémoire courte ? Pourquoi faudrait-il blâmer aujourd’hui ce que nos aïeux louaient jadis ? La représentation de l’identité française est au cœur de ces questions.

    Preuve par le texte et par l’image, de 1880 à la décennie 1960, les programmes scolaires ont sagement perpétué une certaine idée de l’excellence française.

    En préface d’un manuel scolaire dont le sous-titre — Livre d’or de la Patrie — soulèverait de vives polémiques de nos jours, Ernest Legouvé démontre en quelques lignes comment trois personnages illustres suffisent à justifier la fierté d’être Français : un sentiment estampillé « politiquement incorrect » en notre XXIe siècle où le culte de la diversité proscrit toute allusion à notre tempérament national…

    Alors puisque ce n’est pas convenable, osons bousculer les conventions, tout à l’honneur de la République française, bien sûr.

     

    Hanriot-02.jpgEXTRAIT —

    Toutes les classes de la société sont animées de deux nobles passions, le besoin de s’instruire ou d’instruire et le besoin de secourir. La charité n’a jamais été aussi active. Jamais aucun peuple n’a tant donné que ce peuple qui a tant payé. Jamais on n’a combattu avec plus d’énergie ces deux fléaux du monde : l’ignorance et la misère. Que nous manque-t-il donc ? Un peu de gloire ? Nous en avons toujours eu ; nous ne pouvons nous résigner à nous en passer. Notre amoindrissement nous blesse. Notre effacement nous humilie. Eh bien ! ne soyons pas si humbles. D’abord, le passé est plein des glorieux réveils de la France ! Puis, aujourd’hui même, il y encore un côté par où nous l’emportons sur toutes les autres nations. Trois hommes rayonnent aujourd’hui sur le monde, comme de purs foyers de lumière. L’un représente le génie, l’autre la science, le troisième l’esprit d’initiative et d’invention. Ce qui distingue ces trois hommes de plusieurs autres personnages illustres, c’est qu’ils n’ont pas une goutte de sang à leurs mains, c’est qu’ils n’ont pas fait couler une seule larme. Tout est pur dans leur gloire, tout leur œuvre est bienfaits, consolation, services rendus. Eh bien ! ces trois hommes sont Français : l’un s’appelle Victor Hugo, l’autre de Lesseps, le troisième Louis Pasteur. Croyez-bien, la race et l’époque qui produisent de tels hommes ne sont pas en décadence, et l’on peut être fier de sortir de l’une et d’appartenir à l’autre.

    Ernest LEGOUVÉ

    Source : HANRIOT (E.) — Vive la France ! Livre d’or de la Patrie – Lectures, Récitations et chants patriotiques (Paris, Librairie Picard-Bernheim et Cie, 2e édition, 1885)

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    Source : CHAULANGES (M.&S.) — Premières Images d'Histoire de France - cours élémentaire (Paris, Librairie Delagrave, 1958)