Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter un « Choix de Poésies » de ma poétesse préférée, Marceline Desbordes-Valmore, celle en qui Verlaine reconnaissait « la seule femme de génie, en compagnie de Sapho peut-être et de sainte Thérèse. »
Choix de Poésies de Marceline Desbordes-Valmore - Préface de André Dumas –
(Paris, Bibliothèque-Charpentier, Fasquelle éditeur, 1933 – 12 sur 18,5 cm, 282 pages)
NDLR – Sa vie, sublime et sordide à la fois, écorchée de passions et noyée de larmes, « nous offre un roman d’amour.»
EXTRAIT -
Le secret perdu
Qui me consolera ? – « Moi seule, a dit l’étude ;
J’ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours. » -
Les livres ont dès lors peuplé ma solitude,
Et j’appris que tout pleure, et je pleurai toujours.
Qui me consolera ? – « Moi, m’a dit la parure ;
Voici des nœuds, du fard, des perles et de l’or ! » -
Et j’essayai sur moi l’innocente posture,
Mais je parais mon deuil, et je pleurais encor.
Qui me consolera ? – « Nous, m’ont dit les voyages ;
Laisse-nous t’emporter vers de lointaines fleurs. » -
Mais, tout éprise encore de mes premiers ombrages,
Les ombrages nouveaux n’ont caché que mes pleurs.
Qui me consolera ? – Rien ; plus rien ; plus personne !
Ni leurs voix, ni ta voix ; mais descends dans ton cœur ;
Le secret qui guérit n’est qu’en toi, Dieu le donne :
Si Dieu te l’a repris, va ! renonce au bonheur !
Ma bibliothèque - Page 33
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LE LIVRE DE LA SEMAINE (n°8)
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LE LIVRE DE LA SEMAINE (n°7)
Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter une touchante biographie, celle de Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, dont le talent maudit ne saurait faire oublier la tragique existence…
CLOUARD (Henri).- La destinée tragique de Gérard de Nerval
(Paris, Bernard Grasset éditeur, 1929 – 12 sur 19 cm, 256 pages)
NDLR – Là où l’on comprend que le rêve, l’alcoolisme et la démence offrent une source inépuisable d’inspiration poétique. Avis à celles et ceux qui sont en quête…
EXTRAIT - Trois châteaux se sont dressés sur les bords de la Dordogne, lorsque depuis longtemps déjà Gérard s’appelait Gérard de Nerval et que son imagination avait achevé sa légende de « Prince d’Aquitaine à la tour abolie… »
Les trois donjons imaginaires dressaient l’orgueil moyenâgeux des Labrunie et regardaient s’effacer au fil de l’eau les reflets d’un chevalier d’Othon, ancêtre de ces ancêtres… Mais c’était tout de même pour faire commencer l’Espagne trop au nord, et la réalité fut beaucoup moins féodale.
Le sang méridional que Gérard avait dans les veines tait celui de braves gens que du côté paternel on connut tapissiers à Agen. Mais le courant de famille maternelle a descendu la vallée de l’Oise ; avec lui Gérard nous vint de la contrée où, comme il l’a dit, le cœur de la France a battu pendant plus de mille ans : le Valois, le sylvestre et mélancolique Valois, bien fait pour être le berceau d’un poète. Il fut celui de Gérard de Nerval, né pourtant à Paris.
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LE LIVRE DE LA SEMAINE (n°6)
Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter un livre fort instructif, opportunément « couronné par l’Académie française », où le vieux Paris sourit à notre imagination.
DRUMONT (Édouard).- Mon vieux Paris
(Paris, Ernest Flammarion éditeur, 1879 – 11,5 sur 18 cm, ilustr. Gaston Coindre, 384 pages)
NDLR – Oublions un peu le polémiste Drumont, avec sa nauséabonde « France Juive », et découvrons le conteur Drumont, ami de Daudet, qui sait mettre tant de poésie dans l’érudition…
EXTRAIT - « Au portrait de la ville troublante, il nous a plus de substituer un portrait d’aïeule qui sait bien es choses et qui a vu les plus grands parmi les hommes s’efforcer de conquérir pour une minute sa difficile attention.
Tout en badinant jadis à son heure, elle a rempli le monde du brut d’événements formidables ; elle aime à revenir maintenant dans toutes ces vieilles maisons où grandissent des fils et des petits-fils qui seront dignes d’elle ; c’est là qu’elle révèle à l’écrivain ou à l’artiste qui l’interroge quelques fragments de cette histoire qui est la plus retentissante du genre humain et qui a été écrite par nos pères.
Grâce à notre naïveté, l’étranger effectivement a fait souvent la mode dans nos murs, quelquefois même s’il a fait la loi, nos pères ont seuls fait l’histoire. Commencée avec la petite Lutèce perdue dans les roseaux, cette histoire a été tant bien que mal jusqu’au Champ de Mars de 1878. Il nous semble opportun de nous rappeler ces traditions et de mettre en tête de ce livre où nous avons essayé de ressusciter quelques pages de l’existence d’autrefois et d’évoquer quelques personnages du Passé, ce titre à la fois respectueux et familier, ce titre qui constate une durée glorieuse et un âge vénérable et qui affirme aussi une affection juvénile et vivante : Mon vieux Paris. »