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RAVISSANTE RÉCITATION N°2

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Est-il maudit ou oublié ? Qui se souvient de Gustave Nadaud (1820-1893) ?
Avant tout « chansonnier », comme on disait à l’époque, il compose d’anodines opérettes de salon et un seul roman, - « Une idylle » - qui recueille un succès d’estime.
Conjuguant ironie et parti pris, les morceaux qu’il compose affichent sans prétention un comique facétieux.
Avec « le roi boiteux », il se risque à une satire politique du Second Empire, qui ne lui en tient point rigueur puisqu’il est, en 1861, décoré de la Légion d’honneur.
Il meurt dans le dénuement pour avoir obstinément refusé de « servir la soupe »…
Cette récitation, souvent publiée dans les manuels scolaires du début de la Troisième République, ne fait-elle pas un malin clin d’œil aux mœurs médiatico-politiques d'aujourd'hui ? Grâce à sa morale souriante, elle mériterait en tout cas de figurer parmi les « fondamentaux » de l’école primaire du XXIème siècle…


LE ROI BOITEUX

Un roi d’Espagne, ou bien de France,
Avait un cor, un cor au pié ;
C’était au pied gauche, je pense ;
Il boitait à faire pitié.

Les courtisans, espèce adroite,
S’appliquèrent à l’imiter,
Et, qui de gauche, qui de droite,
Ils apprirent tous à boiter.

On vit bientôt le bénéfice
Que cette mode rapportait,
Et de l’antichambre à l’office,
Tout le monde boitait, boitait.

Un jour, un seigneur de province,
Oubliant son nouveau métier,
Vint à passer devant le prince
Ferme et droit comme un peuplier.

Tout le monde se mit à rire ;
Excepté le roi qui, tout bas,
Murmura : - Monsieur, qu’est-ce à dire ?
Je crois que vous ne boitez pas.

- Sire, quelle erreur est la vôtre !
Je suis criblé de cors ; voyez :
Si je marche plus droit qu’un autre,
C’est que je boite des deux pieds.

G. NADAUD

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Commentaires

  • Ah oui, c'est Patrick RAMBAUD qui s'amuserait particulièrement de lire cela en ce moment, lui qui s'est érigé en chroniqueur sarcastique de la cour de Nicolas 1er...!

    Amitiés

    Michel VIALATTE

  • Votre album photo du village de Herry montre votre passion pour la France des villages ruraux. C'est pourquoi je me permets de vous signaler un blog qui vous séduira, car il est consacré à un village typique de Brie champenoise, Villiers-Saint-Denis et est rédigé par un seine-et-marnais des années 80, à une époque où vous y résidiez également... Peut-être, à la lecture de ses articles, vous remémorerez-vous le visage de ce Monsieur AÊT ?
    N'hésitez pas à mettre en lien sur votre site l'adresse http du blog de VSD :

    http://v-s-d-le-village.over-blog.com/

    Enfin, je suis sur que vous lirez avec plaisir le livre que vient de publier aux éditions Bords de Loir (1) l'auteur du blog, "Le dictionnaire de Villiers-Saoint-Denis", magnifiques chroniques littéraires consacrées à ce petit bout de terroir...

    Daniel Lefennec

    (1) 122 rue de Provence 75008 PARIS; l'exemplaire 9,90 euros + 2,90 euros de frais de port

  • Bonjour,

    J'ai le souvenir assez vif d'un poème appris à l'école primaire sur un escargot qui allait à l'enterrement d'une feuille morte et qui arrivait au printemps. Est-il d'Emile Verhaeren?

  • Je vous remercie d'avoir exhumé cette "ravissante récitation", je l'avais apprise moi-même en CM1 (vers 1985)... mais j'avais oublié deux vers !

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