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mai

  • NOSTAL-ZIK N°06

    En image comme en musique, la nostalgie n’aurait-elle d’autre génie que d’embellir le passé ? La question nous caresse l’esprit… et l’oreille en écoutant Bourvil chanter Joli mois de mai.

    Une mélodie hawaïenne, quelque peu incongrue, se mêle à l’ambiance glauque d’un bistro de coin de rue. Et pourtant la magie opère. Avec un talent incomparable, Bourvil prend la posture du « gentil franchouillard au cœur tendre », à l’air désabusé, brin de muguet dans la main droite et verre de vin dans la main gauche. Comme si le réconfort baladait son refrain d’une main à l’autre, à la seule idée que « le joli mois de mai connaît tant de choses puisqu’il fait naître les roses… »

    Autre temps, autre mœurs : cette chansonnette paraîtra bien niaise, aujourd’hui, à nos générations Y et Z qui aiment tant cultiver la dérision. Admettons que le charme des chansons de jadis peine à survivre à leur époque quand bien même cherchent-elles à la magnifier. Raison de plus pour les écouter : ne nous donnent-elles pas envie de partir explorer les émotions et les rêves qui trottaient dans la tête de nos parents et grands-parents ? Inépuisable trésor de la nostalgie que ce voyage dans le temps, sans oublier pour autant de savourer les belles surprises du présent

     

     

  • ACTU & NOSTALGIE N°69

    3.3-Mai - copie.jpgComme la nostalgie adore comparer le présent au passé, mettons le mois de mai à l’épreuve de la méfiance que lui inflige la tradition. Quand bien même « Mai, comme un jeune prodigue, égrène ses trésors », selon la promesse réjouissante de Théophile Gautier, une sagesse empirique de bon aloi nous met en garde contre l’action parasite des saints de glace. Preuve que les jardiniers ont raison de ne pas trop écouter les poètes !

    Par un curieux revers de la médaille mémorielle, le trio de nos saints de glace sait se rappeler à nous jusqu’à insuffler un grain de poésie dans son fidèle rendez-vous, au cours duquel nous avons toutes les bonnes raisons de disserter sur la pluie et le beau temps. Pour le plus grand plaisir des jardiniers…

     

    Le sentier

     Il est un sentier creux dans la vallée étroite,

    Qui ne sait trop s’il marche à gauche ou bien à droite.

    — C’est plaisir d’y passer, lorsque Mai sur ses bords,

    Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors ;

    L’aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,

    Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.

    La pâle violette, en son réduit obscur,

    Timide, essaie au jour son doux regard d’azur,

    Et le gai bouton d’or, lumineuse parcelle,

    Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.

    Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots,

    Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos ;

    Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles,

    À rendre riche en miel tout un peuple d’abeilles.

    Sous la haie embaumée un mince filet d’eau

    Jase et fait frissonner le verdoyant rideau

    Du cresson. — Ce sentier, tel qu’il est, moi je l’aime

    Plus que tous les sentiers où se trouvent de même

    Une source, une haie et des fleurs ; car c’est lui,

    Qui, lorsque au ciel laiteux la lune pâle a lui,

    À la brèche du mur, rendez-vous solitaire

    Où l’amour s’embellit des charmes du mystère,

    Sous les grands châtaigniers aux bercements plaintifs,

    Sans les tromper jamais, conduit mes pas furtifs.

    Source : GAUTIER (Théophile) — Premières Poésies in Œuvres de Théophile Gautier — Poésies (Paris, Lemerre, 1890, Volume 1)

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    Source : Cours SCHWEITZER — Album de planches en couleur (Paris, Librairie Armand Colin, 1908)

    §

    Méfions-nous des saints de glace !

    En mai, les jours augmentent de 1h 16mn, la température s’élève d’une manière très sensible. Cependant certaines journées du mois sont encore froides et les agriculteurs redoutent avec raison l’effet désastreux des gelées tardives. Ces gelées de mai peuvent se produire, soit parce que sous l’influence des vents du nord la température générale de l’air s’abaisse au-dessous de zéro, soit parce la température du sol s’abaisse par rayonnement au-dessous de zéro, la température de l’air pouvant être d’ailleurs de 3° ou 4°.

    Ces gelées de mai peuvent arriver à une époque quelconque du mois, mais il a été bien constaté, depuis de longues années, qu’il y a toujours un refroidissement de la température vers les 11, 12 et 13 mai. Cette remarque n’avait pas échappé à l’esprit observateur des agriculteurs, qui donnaient aux saints Mamert, Pancrace et Servais, auxquels sont consacrés ces trois jours de mai, les noms de saints de glace.

    On raconte que le grand Frédéric se promenait, le 1er mai 1780, sur les terrasses du palais de Sans-Souci. L’air était tiède, le soleil chaud. Le roi s’étonna que les orangers fussent encore renfermés. Il appela son jardiner, et lui ordonna de faire sortir les arbres. « Mais, sire, lui objecta le jardinier, vous ne craignez donc point les trois saints de glace ? » Le roi philosophe se mit à rire et renouvela son ordre. Jusqu’au 10 mai tout alla bien ; mais le jour de saint Mamert, le froid survint ; le lendemain, jour de saint Pancrace, la température baissa davantage, et il gela fortement dans la nuit qui précéda la fête de saint Gervais. Les orangers furent gravement endommagés.

    Source : LÉVY (Albert) — La Légende des Mois (Paris, Librairie Hachette et Cie, 1879) 

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  • BELLE RÉCITATION N°19

    05-mai.jpgComme la nostalgie voue une certaine sympathie aux poètes maudits, profitons de ce printemps maussade pour évoquer l’œuvre d’Emmanuel Signoret qui, entre autres trésors de l’imagination, a su trouver des mots souriants pour louer les vertus de la pluie au mois de mai…

    Cet auteur provençal, mort trop jeune — en 1900, à l’âge de vingt-huit ans — pour se faire un nom dans les cercles littéraires parisiens qu’il fréquentait assidument, connut une éphémère gloire posthume grâce à André Gide qui sélectionna un douzaine de ses poèmes dans son Anthologie de la poésie française, publiée en 1949. 

    Ironie suprême d’une notoriété tardive : le recueil de ses Poésies complètes ne fut publié qu’en 1908. Preuve que si la valeur n’attend pas le nombre des années, la reconnaissance oublie parfois le valeureux de son vivant…


    Averse de mai

    Les demeures du jour s’écroulent ; leurs décombres

    Fument sur la montagne. Ah ! quel affreux tison

    Transforme en blocs cendreux de nuages et d’ombres

    Les tempes d’or léger où riait la maison.

     

    Bientôt sur les ormeaux, les rochers, les mers sombres,

    Sur la prairie en fête et la blanche maison,

    Pluie ! on entend sonner ta lyre aux riches nombres

    Dont les cordes sans fin traînent sur l’horizon.

     

    Mais soudain sur ton char aux rayonnantes roues

    Tu t’élances, soleil, tu bondis, tu secoues

    De tes flambeaux mortels la  frayeur et l’amour.

     

    Tes coursiers de la pluie ont gonflé leurs poitrines ;

    Toi, le laurier au front, de tes mains purpurines,

    Riant, tu rebâtis les demeures du jour.

     

    Emmanuel SIGNORET.- Poésies complètes (Paris, Mercure de France éditeur, 1908)

     

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