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Postage & Vintage - Page 27

  • ACTU & NOSTALGIE N°62

    10-octobre.jpgComme la nostalgie aime, elle aussi, prendre les couleurs de l’automne, poursuivons notre balade saisonnière en compagnie de Maurice Rollinat. L’œuvre de ce poète berrichon, aujourd’hui tombée dans l’oubli, était souvent mise à l’honneur dans les manuels scolaires de jadis. Sans doute parce que ses métaphores offraient une belle passerelle entre réalisme et romantisme.

    Dans Paysages d’octobre, douceur et tristesse s’incarnent sur le visage d’une « vieille », affairée « au bord du lavoir ». Le regard lointain et songeur, « avec des yeux qui se désolent », elle croit voir sa jeunesse enfouie pour toujours, au fil des « derniers beaux jours qui s’envolent ». Le soleil devient pâle, les feuilles jaunissent, les oiseaux migrent. La nature se prépare au sommeil, dans une impassible sérénité que l’homme lui envie. Preuve que la nostalgie, entre rêve et espérance, nous rendrait presque philosophes…

     

    Paysage d’octobre

     

    Les nuages sont revenus,

    Et la treille qu’on a saignée

    Tord ses longs bras maigres et nus

    Sur la muraille renfrognée.

    La brume a terni les blancheurs

    Et cassé les fils de la vierge ;

    Et le vol des martins-pêcheurs

    Ne frissonne plus sur la berge.

     

    Les arbres se sont rabougris.

    La chaumière ferme sa porte.

    Et le joli papillon gris

    A fait place à la feuille morte.

    Plus de nénuphars sur l’étang ;

    L’herbe languit, l’insecte râle,

    Et l’hirondelle, en sanglotant,

    Disparaît à l’horizon pâle.

     

    Près de la rivière aux gardons

    Qui clapote sous les vieux aunes,

    Le baudet cherche les chardons

    Que rognaient si bien ses dents jaunes.

    Mais comme le bleuet des blés,

    Comme la mousse et la fougère,

    Les grands chardons s’en sont allés

    Avec la brise et la bergère.

     

    Dans les taillis voisins des rocs

    La bécasse fait sa rentrée.

    La corneille autour des socs

    Piétinent la terre éventrée.

    Et décharné comme un fagot,

    Le peuplier morne et funèbre

    Arbore son nid de margot

    Sur le ciel blanc qui s’enténèbre.

     

    Au-dessus des vallons déserts

    Où les mares se sont accrues,

    À tire-d’aile dans les airs,

    Passe le triangle des grues.

    Et la vieille, au bord du lavoir,

    Avec des yeux qui se désolent,

    Les regarde fuir et croit voir

    Les derniers beaux jours qui s’envolent.

     

    Maurice ROLLINAT — Les Névroses (Paris, Fasquelle éditeur, 1883)

    Lavoir-.jpeg

    À propos de l’auteur —

    MR.jpegMaurice Rollinat (1846-1903)

    Poète français originaire du Bas-Berry, né à Châteauroux.

    Il soumet ses premiers poèmes à George Sand qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. En panne de succès littéraire, il fréquente le groupe des Hydropathes, réunissant au cabaret Le Chat noir des poètes décadents, anticléricaux et antibourgeois. Il exécute au piano ses poèmes, comme ceux de Baudelaire, avec une énergie convulsive qui impressionne les spectateurs, jusqu’à fasciner Jules Barbey d’Aurevilly, l’ami-promoteur d’une œuvre hétéroclite, puisant à la fois dans la fibre pastorale et le registre macabre.

     

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    Cahier-Recitations-.jpg 

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  • ACTU & NOSTALGIE N°61

    Charlie.jpgL’éphémère « air du temps » — qui tend un beau miroir à la nostalgie —, a-t-il sa place dans l’école républicaine ?

    La question jaillit de l’actualité, au moment où les nouveaux manuels d’enseignement moral et civique s’emparent (déjà) de « l’esprit Charlie ». Démagogie ambiante ou pédagogie urgente ? Difficile de deviner quel ressort agite les éditeurs scolaires dans l’âpre concurrence que nourrit soudain la « branchitude vallaud-belkacemienne ».

    Apologie de la culture de la dérision…

    Magnard-Charlie.jpgRemarquons simplement que Magnard et Nathan font assaut d’imagination pour inculquer la vulgate socialiste aux collégiens et lycéens de France. Au nom de la « liberté d’expression », la réflexion puise dans l’émotion. Et l’émotion oublie trop vite le doute méthodique, si cher à la démarche historique, si nécessaire à la conscience civique.

    Le discernement, le libre arbitre et la lucidité — les trois piliers du jugement — trouvent-ils vraiment leur compte dans cette démonstration de bien-pensance ?

    À la lecture des articles de presse consacrés au sujet, fort bienveillants pour la plupart, des interrogations de bon sens viennent aiguiser notre perplexité, jusqu’à jeter la suspicion sur l’étrange culte républicain voué à « l’esprit Charlie ».

    Premier doute : dresser Charlie Hebdo en héraut de la liberté d’expression, n’est-ce pas l’affubler d’une dimension journalistique quelque peu disproportionnée à son contenu ? Ni reportage, ni enquête dans cet hebdomadaire satirique dont le talent se résume plutôt à arborer des caricatures couilles-bites-nichons. Qui oserait prétendre que Charlie-Hebdo rivalise avec la finesse investigatrice du Canard Enchaîné ?

    S’il se réclame « journal d’opinion », son horizon philosophique est très limité : la culture de la dérision – rien n’est sacré et tout se vaut — est son seul sillon. Créneau facile et inépuisable puisqu’il épargne aux méninges de conjuguer nuance et profondeur. Pourquoi les manuels scolaires oublient-ils cette évidence ? Les éditeurs semblent curieusement faire fi de leur rigueur proverbiale.

    … Au nom du sentencieux « vivre ensemble »

    Charlie-Nathan.jpgDeuxième doute : l’idéal humaniste que revendique « l’esprit Charlie » peut-il vraiment cohabiter avec le « droit de blasphémer », alibi bien commode pour ceux qui préfèrent fuir le débat ? En quoi, sous prétexte d’impertinence, le droit de ridiculiser publiquement une religion participe-t-il au « vivre ensemble » dont se gargarisent les beaux esprits ? Tout un chacun est-il capable de pratiquer cette « lecture au second degré » qu’implorent les esprits libertaires, du haut de leur suffisance intellectuelle à se réclamer de la « tradition voltairienne » ? Entre la moquerie et l’humiliation, la frontière n’est-elle pas très étroite ? Lorsque « le droit à l’irrespect » se nourrit de sarcasmes, l’humour ne recèle-t-elle pas aussi une violence inouïe ? Là encore, les éditeurs scolaires préfèrent ignorer le parfum malsain de ces ambiguïtés.

    Troisième doute : comment ceux qui prêchent l’irrespect tous azimuts peuvent-ils implorer le respect de leur « liberté de blasphémer » ? En quoi mériteraient-ils ce respect si eux-mêmes ne respectent rien ni personne ? Au nom d’une laïcité  complaisamment interprétée, comment un manuel d’enseignement moral et civique peut-il à la fois promouvoir l’idéal républicain et suggérer une admiration béate pour la culture libertaire ? Là encore, les éditeurs font peu de cas de ce paradoxe pour le moins perturbant… mais tellement nécessaire pour inculquer « l’esprit Charlie » aux écoliers de France, quitte à les envoyer paître sur les gras pâturages du panurgisme, là où la « branchitude » vaut certificat de bonne conduite.

     §

    Lien édifiant vers un article gentiment complaisant —

    http://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/des-la-rentree-comment-les-enfants-vont-ils-apprendre-a-etre-charlie_1058673.html

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  • ACTU & NOSTALGIE N°60

    KTO.jpgAcquiert-on la connaissance par la grâce ? Ou la grâce par la connaissance ? Cette célèbre controverse entre saint Augustin et saint Thomas d’Aquin semble valoir aussi pour les prestations télévisuelles… Ma participation au jeu Quizz du Chrétien en Marche sur la Chaîne KTO ne livre hélas aucun élément de réponse à cette question existentielle, d’autant moins qu’un déplorable trou de mémoire prit un malin plaisir à me priver de la finale.

    Sans remords (ou presque) ni regret, le pauvre homme, — humble et pécheur — que je suis vous convie à revisiter ce moment ludique que le temps livrera bientôt à la nostalgie, tendre et souriante.

    Vous aussi mesurez-vous au jeu et inscrivez-vous… juste pour gagner en grâce !

    Lien pour vous entraîner… et vous qualifier => http://www.ktotv.com/qcm - /