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octobre

  • ACTU & NOSTALGIE N°62

    10-octobre.jpgComme la nostalgie aime, elle aussi, prendre les couleurs de l’automne, poursuivons notre balade saisonnière en compagnie de Maurice Rollinat. L’œuvre de ce poète berrichon, aujourd’hui tombée dans l’oubli, était souvent mise à l’honneur dans les manuels scolaires de jadis. Sans doute parce que ses métaphores offraient une belle passerelle entre réalisme et romantisme.

    Dans Paysages d’octobre, douceur et tristesse s’incarnent sur le visage d’une « vieille », affairée « au bord du lavoir ». Le regard lointain et songeur, « avec des yeux qui se désolent », elle croit voir sa jeunesse enfouie pour toujours, au fil des « derniers beaux jours qui s’envolent ». Le soleil devient pâle, les feuilles jaunissent, les oiseaux migrent. La nature se prépare au sommeil, dans une impassible sérénité que l’homme lui envie. Preuve que la nostalgie, entre rêve et espérance, nous rendrait presque philosophes…

     

    Paysage d’octobre

     

    Les nuages sont revenus,

    Et la treille qu’on a saignée

    Tord ses longs bras maigres et nus

    Sur la muraille renfrognée.

    La brume a terni les blancheurs

    Et cassé les fils de la vierge ;

    Et le vol des martins-pêcheurs

    Ne frissonne plus sur la berge.

     

    Les arbres se sont rabougris.

    La chaumière ferme sa porte.

    Et le joli papillon gris

    A fait place à la feuille morte.

    Plus de nénuphars sur l’étang ;

    L’herbe languit, l’insecte râle,

    Et l’hirondelle, en sanglotant,

    Disparaît à l’horizon pâle.

     

    Près de la rivière aux gardons

    Qui clapote sous les vieux aunes,

    Le baudet cherche les chardons

    Que rognaient si bien ses dents jaunes.

    Mais comme le bleuet des blés,

    Comme la mousse et la fougère,

    Les grands chardons s’en sont allés

    Avec la brise et la bergère.

     

    Dans les taillis voisins des rocs

    La bécasse fait sa rentrée.

    La corneille autour des socs

    Piétinent la terre éventrée.

    Et décharné comme un fagot,

    Le peuplier morne et funèbre

    Arbore son nid de margot

    Sur le ciel blanc qui s’enténèbre.

     

    Au-dessus des vallons déserts

    Où les mares se sont accrues,

    À tire-d’aile dans les airs,

    Passe le triangle des grues.

    Et la vieille, au bord du lavoir,

    Avec des yeux qui se désolent,

    Les regarde fuir et croit voir

    Les derniers beaux jours qui s’envolent.

     

    Maurice ROLLINAT — Les Névroses (Paris, Fasquelle éditeur, 1883)

    Lavoir-.jpeg

    À propos de l’auteur —

    MR.jpegMaurice Rollinat (1846-1903)

    Poète français originaire du Bas-Berry, né à Châteauroux.

    Il soumet ses premiers poèmes à George Sand qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. En panne de succès littéraire, il fréquente le groupe des Hydropathes, réunissant au cabaret Le Chat noir des poètes décadents, anticléricaux et antibourgeois. Il exécute au piano ses poèmes, comme ceux de Baudelaire, avec une énergie convulsive qui impressionne les spectateurs, jusqu’à fasciner Jules Barbey d’Aurevilly, l’ami-promoteur d’une œuvre hétéroclite, puisant à la fois dans la fibre pastorale et le registre macabre.

     

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