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panurgisme

  • MOT VIRAL 05

    Meuf : histoire d’un mot snob.

    Là où ce mot viral révèle des mutations plus ou moins connotées. Est-il sympa ou malveillant, neutre ou vulgaire, ce mot qui sent la fleur de banlieue ? A vous de trancher, selon votre sensibilité au panurgisme linguistique.

     1__3_.png« Tu fais trop la meuf », « arrête de faire la meuf », « fais pas ta meuf ». Admettons que ces expressions ne font pas honneur à la cause féministe. Et pourtant, depuis plus de vingt ans, le mot meuf se revendique plus cool que le conventionnel nana.

    Exprimerait-il une quête de fraternité générationnelle ? Toujours est-il que le mot a pris racine dans une jeunesse bourgeoise toute excitée à l’idée de s’encanailler avec les mots de la banlieue plutôt qu’avec ses maux. Snob, le mot meuf ? Oui, au sens étymologique du terme, sine nobilitate, sans noblesse.

    Ainsi va le panurgisme linguistique du sexisme : difficile de trouver la source de ces triviales apostrophes. Que signifient-elles ? Relèvent-elles de la mise en garde ou de la moquerie ? Sont-elles dégradantes pour la gent féminine ? Immersion improvisée dans le langage de la rue. Curiosité dictée par le silence conspirateur des lexiques en tout genre.

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  • ACTU & NOSTALGIE N°61

    Charlie.jpgL’éphémère « air du temps » — qui tend un beau miroir à la nostalgie —, a-t-il sa place dans l’école républicaine ?

    La question jaillit de l’actualité, au moment où les nouveaux manuels d’enseignement moral et civique s’emparent (déjà) de « l’esprit Charlie ». Démagogie ambiante ou pédagogie urgente ? Difficile de deviner quel ressort agite les éditeurs scolaires dans l’âpre concurrence que nourrit soudain la « branchitude vallaud-belkacemienne ».

    Apologie de la culture de la dérision…

    Magnard-Charlie.jpgRemarquons simplement que Magnard et Nathan font assaut d’imagination pour inculquer la vulgate socialiste aux collégiens et lycéens de France. Au nom de la « liberté d’expression », la réflexion puise dans l’émotion. Et l’émotion oublie trop vite le doute méthodique, si cher à la démarche historique, si nécessaire à la conscience civique.

    Le discernement, le libre arbitre et la lucidité — les trois piliers du jugement — trouvent-ils vraiment leur compte dans cette démonstration de bien-pensance ?

    À la lecture des articles de presse consacrés au sujet, fort bienveillants pour la plupart, des interrogations de bon sens viennent aiguiser notre perplexité, jusqu’à jeter la suspicion sur l’étrange culte républicain voué à « l’esprit Charlie ».

    Premier doute : dresser Charlie Hebdo en héraut de la liberté d’expression, n’est-ce pas l’affubler d’une dimension journalistique quelque peu disproportionnée à son contenu ? Ni reportage, ni enquête dans cet hebdomadaire satirique dont le talent se résume plutôt à arborer des caricatures couilles-bites-nichons. Qui oserait prétendre que Charlie-Hebdo rivalise avec la finesse investigatrice du Canard Enchaîné ?

    S’il se réclame « journal d’opinion », son horizon philosophique est très limité : la culture de la dérision – rien n’est sacré et tout se vaut — est son seul sillon. Créneau facile et inépuisable puisqu’il épargne aux méninges de conjuguer nuance et profondeur. Pourquoi les manuels scolaires oublient-ils cette évidence ? Les éditeurs semblent curieusement faire fi de leur rigueur proverbiale.

    … Au nom du sentencieux « vivre ensemble »

    Charlie-Nathan.jpgDeuxième doute : l’idéal humaniste que revendique « l’esprit Charlie » peut-il vraiment cohabiter avec le « droit de blasphémer », alibi bien commode pour ceux qui préfèrent fuir le débat ? En quoi, sous prétexte d’impertinence, le droit de ridiculiser publiquement une religion participe-t-il au « vivre ensemble » dont se gargarisent les beaux esprits ? Tout un chacun est-il capable de pratiquer cette « lecture au second degré » qu’implorent les esprits libertaires, du haut de leur suffisance intellectuelle à se réclamer de la « tradition voltairienne » ? Entre la moquerie et l’humiliation, la frontière n’est-elle pas très étroite ? Lorsque « le droit à l’irrespect » se nourrit de sarcasmes, l’humour ne recèle-t-elle pas aussi une violence inouïe ? Là encore, les éditeurs scolaires préfèrent ignorer le parfum malsain de ces ambiguïtés.

    Troisième doute : comment ceux qui prêchent l’irrespect tous azimuts peuvent-ils implorer le respect de leur « liberté de blasphémer » ? En quoi mériteraient-ils ce respect si eux-mêmes ne respectent rien ni personne ? Au nom d’une laïcité  complaisamment interprétée, comment un manuel d’enseignement moral et civique peut-il à la fois promouvoir l’idéal républicain et suggérer une admiration béate pour la culture libertaire ? Là encore, les éditeurs font peu de cas de ce paradoxe pour le moins perturbant… mais tellement nécessaire pour inculquer « l’esprit Charlie » aux écoliers de France, quitte à les envoyer paître sur les gras pâturages du panurgisme, là où la « branchitude » vaut certificat de bonne conduite.

     §

    Lien édifiant vers un article gentiment complaisant —

    http://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/des-la-rentree-comment-les-enfants-vont-ils-apprendre-a-etre-charlie_1058673.html

    Le seul Cahier pratique de morale qui résistera toujours à "l’esprit Charlie" !

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    Jacques GIMARD — Cahier pratique de morale

    (Paris, Éditions Hors Collection, avril 2009, 15,5 sur 23,5 cm, 96 pages, illustrations NB, 12 €)

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