Comme la nostalgie aime célébrer les rites d’un passé par trop idéalisé, n’oublions pas en ce jour de compatir au sort de ces pauvres gamin(e)s qui ont pris le chemin de l’école, sous le réconfort des paroles maladroites de leurs mamans émues.
La rentrée des classes laisse-t-elle derrière elle le souvenir d’un moment heureux ? Rien n’est moins sûr, même si de charmants poèmes chantent un air de félicité…
Vers l’école
Où va-t-il, ce bambin pas plus haut qu’une botte ?
Il a mis, ce matin, sa plus belle culotte ;
Rose et frais, bien peigné, dans son habit propret,
Le voilà dans la rue, alerte et guilleret !
Le béret sur la tête et le sac à l’épaule,
Pour la première fois il se rend à l’école.
Grave comme un conscrit, il marche ferme et droit,
Sans arrêt ni détour, et crâne, ainsi qu’on doit.
Il sait qu’on le regarde et que chacun le nomme ;
Il sent bien, aujourd’hui, qu’il est un petit homme ;
Sa mère l’accompagne et le tient par la main,
Mais il pourrait, dit-il, faire seul le chemin.
Source : Frédéric BATAILLE — Les trois foyers (Paris, Librairie Juven)
Détresse d’un enfant traumatisé, le 14 septembre 1964