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Mon humble avis - Page 9

  • PAGE D'HISTOIRE N°10

    Livre Histoire.jpgPourquoi, nostalgie aidant, le manuel scolaire devrait-il faire écho aux pseudo-débats de société qu’agite le microcosme politicien ? La polémique que Najat Vallaud-Belkacem, la télégénique ministre des Droits de la femme, vient d’ouvrir en s’étonnant du silence de nos livres d’histoire sur l’orientation sexuelle de nos héros nationaux illustre bien l’étrange valeur totémique que l’intelligentsia socialiste accorde au contenu des manuels scolaires.

    Il y a trente ans déjà, avec la noble idée de briser les clichés machistes, il était urgent de dénoncer le sexisme des livres de lecture représentant trop souvent Maman qui fait la cuisine pendant que Papa lit tranquillement le journal.

    Il y a vingt ans, il était de bon ton d’abolir, sous prétexte de « diversité » et par crainte de « stigmatisation », — la logomachie socialiste sait jouer de mots-code pour nous donner mauvaise conscience —, toute notion raciale dans les livres de géographie.

    Il y a dix ans, il convenait déjà de s’interroger sur la pertinence de distinguer les genres féminin et masculin dans les livres de sciences, sous prétexte que la culture, beaucoup plus que la nature, s’ingénierait à les différencier.

    Aujourd’hui, les mêmes grands esprits veulent lier le déterminisme des grandes figures de notre Panthéon national à leur vie sexuelle… Comme si l’histoire de France n’était déjà pas assez compliquée à expliquer sous le prisme des faits politiques, économiques et sociaux.

    Lyautey-01.jpgImaginons alors une dissertation d’histoire sur la vie et l’œuvre du Maréchal Lyautey. En quoi son homosexualité aurait-elle pesé sur son ambition, sur ses initiatives, sur sa conception de la colonisation ? Les collégiens(nes) et lycéens(nes) devront-ils en parallèle suivre des cours de psychanalyse pour interpréter l’influence de l’orientation sexuelle sur le destin d’un héros national ? En quoi le fait d’être homo ou hétéro influencerait-il notre perception de l’héroïsme et des vertus civiques ? Comment et pourquoi ce nouveau critère d’appréciation serait-il d’un précieux secours pour briser les tabous et lutter contre les discriminations ? Autant de questions cocasses pour alimenter un débat loufoque.

    Bientôt, au nom d’un « grand débat national sur la santé publique », les écoliers de France devront savoir distinguer qui, parmi nos grands personnages, étaient sobres ou alcooliques, végétariens ou carnivores, sensibles ou rétifs à l’hygiène corporelle, optimistes ou hypocondriaques, etc.

    Et tout cela, bien sûr, cela fera « d’excellents Français », instruits, éclairés et tolérants. Et tant pis s’ils ne savent même plus lire et écrire… Puisque là n’est plus le débat. Foi de ministre socialiste.

    § 


    Deux liens de circonstance pour appréhender la façon dont la presse aborde le sujet :

     http://www.elle.fr/Societe/News/Homosexualite-et-livres-scolaires-la-ministre-critiquee-2231716

     http://www.marieclaire.fr/,najat-vallaud-belkacem-homosexualite-manuels-scolaires-education,20123,663815.asp?xtor=EPR-62


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    Source : Lyautey (Liège, Éditions Gordinne, s.d.)

  • ACTU & NOSTALGIE N°36

    Leçon morale-01.jpgÀ chaque rentrée des classes son effet d’annonce. Et voilà que la nostalgie radote encore dans la bouche du nouveau ministre de l’Éducation en quête de posture républicaine…

    En préconisant l’introduction de la « morale laïque » dans la formation des enseignants à partir 2013, Vincent Peillon apporte sa contribution à une dialectique socialiste obsédée à l’idée de mettre en mouvement l’incantation présidentielle promettant le  « changement maintenant »

    Morale laïque ? Certes, la locution sent la naphtaline. Mais elle aurait pour vertu magique de réconcilier le personnel de l’Éducation nationale — le cœur de cible de l’électorat du parti socialiste — avec une matière dont l’honni Sarkozy a osé s’emparer. Suspecté hier de renouer avec « l’ordre moral », parce que l’initiative en revenait à un gouvernement de droite, l’enseignement de la morale deviendrait soudain une noble cause, avec la bénédiction d’un clergé médiatique acquis à la logomachie bobo-socialo.

    Morale laïque ? L’épithète joue de troublantes ambiguïtés qui semblent vider de son sens cet effet d’annonce…

    — Première ambiguïté : aussi loin que l’on remonte dans l’histoire de l’éducation, l’enseignement de la morale laïque n’a jamais existé. Aux pires moments de la croisade laïcarde, jusqu’en 1905, seul un enseignement laïc de la morale fut théorisé par les grandes figures de l’Instruction publique, dans le seul but d’affranchir cet enseignement des références confessionnelles que les Frères des écoles chrétiennes avaient distillées deux siècles durant.

    — Deuxième ambiguïté : le positionnement dialectique de cette « morale laïque » est inconnu à ce jour. S’agit-il d’une morale voulant proscrire toutes références à l’instruction religieuse, dans la tradition anticléricale du début du XXe siècle ? S’agit-il d’une morale cherchant à promouvoir un humanisme agnostique, comme s’y adonnent les loges maçonniques ? L’école du XXIe siècle se prête-t-elle à un tel obscurantisme ? Face à l’échec scolaire et à la dévalorisation des diplômes, la pédagogie moderne ne doit-elle pas livrer des combats plus impérieux ?

    — Troisième ambiguïté : une morale moderne, — aussi « laïque » se prétendrait-elle —, relèverait de priorités éducatives assez dérangeantes pour la rhétorique socialiste. Le rapport à la réussite, le sens de l’effort, la valeur du travail, le respect de l’autorité, la redéfinition d’une solidarité dissociable de l’assistanat s’érigent, plus que jamais, comme des « valeurs en hausse » à mille lieues de l’indécrottable esprit libertaire de la gauche française.

    « Il existe un fond commun de l’âme française, et sur ce fond, est bâtie, indestructible, l’école laïque », assénait l’historien Ernest Lavisse, républicain de stricte observance… « Fond commun », « âme française », « indestructible » : tout cela suggère un devoir d’assimilation, sans concession ni faiblesse. Là où « l’identité française » se rappelle gentiment à nous. Des gros mots que la gauche bien-pensante n’osera jamais prononcer parce que son électorat ne veut pas les entendre… Alors l’école laïque devra patienter un peu plus pour trouver un ministre habité d’un courage républicain.

    §


    Page morale.jpg

    Quelques liens assez pertinents pour nourrir le débat :

    http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/La-morale-laique-a-l-ecole-une-question-controversee-_EG_-2012-09-02-848934

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/vincent-peillon-pour-l-enseignement-de-la-morale-laique_1155535.html

    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120903.AFP7543/enseignement-de-la-morale-laique-non-a-une-morale-gauchisante-a-l-ecole.html

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/09/02/01016-20120902ARTFIG00181-des-2013-des-cours-de-morale-laique.php

    http://www.lemonde.fr/education/article/2012/09/03/redressement-moral-chatel-accuse-peillon-de-paraphraser-petain_1754877_1473685.html


    §


    Si vous voulez savoir à quoi ressemble la « vraie morale républicaine », découvrez le livre que je lui ai consacré. Un ouvrage de référence. Avec toute l’humilité que la morale oblige, bien sûr !

    Jacques GIMARD — Cahier pratique de morale (Paris, Éditions Hors Collection, avril 2009, 15,5 sur 23,5 cm, 96 pages, illustrations NB, 12 €)

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  • ACTU & NOSTALGIE N°35

    Carte-electorale.jpgLa nostalgie se reconnaîtrait-elle dans le scrutin législatif ? Aussitôt posée, la question nous propulse vers une lointaine époque où le tempérament français se nourrissait d’un antiparlementarisme primaire. Tout au long des années trente, il est vrai, les scandales politiques étaient assez nombreux pour donner du grain à moudre à l’humeur frondeuse de nos aïeux.

    Si les élections législatives font aujourd’hui la part moins belle aux notables bedonnants jouant d’influences plus ou moins occultes, il n’en demeure pas moins que la perception de ce scrutin recèle la même ambiguïté dans l’esprit des électeurs… Surtout depuis que notre vénérable Ve République voue un culte respectueux au scrutin de circonscription.


    SCRUTIN AMBIGU

    Comme notre député est réputé être « représentant du peuple et élu de la nation », — souveraineté nationale oblige, selon l’article 3 de notre Constitution —, il n’a en théorie aucun compte à rendre à ses électeurs. Mais comme il s’agit d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, impossible pour un candidat, et encore moins pour le député sortant, de nier le rapport direct de légitimité qui le lie aux électeurs de son ressort territorial.

    Dès lors, chaque élection législative demeure prisonnière des mêmes ambiguïtés : s’agit-il de donner une majorité parlementaire au nouveau président de la République ou de contribuer à l’équilibre des pouvoirs en exprimant le souhait d’une « cohabitation institutionnelle » ? S’agit-il d’approuver ou de désavouer une politique nationale ou des promesses d’actions locales, plus perceptibles et plus rationnelles pour une démocratie de proximité ? S’agit-il de souscrire au programme d’un parti politique ou d’exprimer l’attachement que l’on porte à une personnalité locale ?

    Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les sensibilités lors d’un scrutin législatif d’autant plus qu’il se prête à 577 élections locales !

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    AMATEURISME DÉBRIDÉ

    Cette confusion dialectique est mieux encore orchestrée depuis que le marketing politique s’est emparé des campagnes électorales, du moins pour les candidats qui se donnent les moyens de leur ambition…

    Si elle n’est pas encore une science exacte, la communication politique repose sur des principes élémentaires. Pour mieux conjuguer émotion, séduction et conviction, — les trois qualités que Cicéron attribuait au bon orateur — le message est désormais « segmenté » selon les « cibles prioritaires » en fonction d’un « planning de campagne » méthodique privilégiant les meilleurs supports médiatiques.

    Cette approche rationnelle ne vaut bien sûr que pour les candidats aguerris jouissant d’une solide logistique partisane. Les autres candidats, dont l’amateurisme débridé fait souvent sourire, ont pour mérite de donner tout son charme à la campagne électorale, entre folklore désuet et pas de clerc…

    Pour en avoir un aperçu grandeur nature, comparez les professions de foi que vous venez de recevoir par voie postale et amusez-vous à dénicher « le détail qui tue »

    Juste pour l’exemple, venez explorer le « petit inventaire esthétique » auquel mon blog villageois vient de se livrer sur la propagande électorale de la 3e circonscription du Cher

    Là comme ailleurs, certains candidats ne ratent pas l’occasion de « se tirer une balle dans le pied »… Faut-il s’en réjouir ou s’en lamenter ? Tout dépend du zeste de compassion que nous mettons dans l’expression de notre suffrage. 

    Cf. lien ad hoc — http://librherry.canalblog.com

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