Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • FUTUR ANTÉRIEUR N°1

    An2000-.jpgLa nostalgie révèle un autre registre de poésie lorsqu’elle se conjugue au futur antérieur : le futur tel que nous, vénérables quinquénaires aujourd’hui, nous nous représentions l’an 2000 lorsqu’on était gamin.

    Conquête spatiale, énergies nouvelles, modes de transports, architecture, équipement ménager, culture et loisirs, etc. : aucun domaine n’échappait à la science-fiction. Demain nous promettait un monde merveilleux puisque la science œuvrait alors à l’invention du bonheur.

    Cette nouvelle rubrique, agrémentée de belles images, — « celles qui nous expliquaient le monde quand on sera grand » —, prendra plaisir à explorer l’iconographie du progrès, à comparer ce qui nous était jadis annoncé et ce qui appartient à notre environnement quotidien.

    Curieux caprices de l’anticipation : la prémonition est souvent là où on ne l’attend pas, et beaucoup de visions d’hier appartiennent encore à un univers chimérique. Miroir magique d’un avenir qui savait alors faire rêver. Trésor d’une génération qui croyait à un futur enchanteur…

    An2000-04.jpg

     Source : Équipement de passagers interplanétaires - Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000 (1953)

     

    ARRÊT SUR IMAGE — Cette combinaison de l’astronaute préfigure grosso modo celle que portent les équipages de la NASA. Le scaphandre, les réserves d’oxygène, le casque émetteur en rappellent les accessoires usuels.

    Les poches à pression sur les jambes, les grandes bottes en caoutchouc, la paire de  jumelles autour de cou, et l’étrange casquette à visière nous font sourire, bien sûr. Mais deux détails suffisent à nous intriguer : l’astronaute de face arbore un couteau impressionnant à sa ceinture, l’astronaute de dos est équipé d’un revolver : preuve que nos voyageurs interplanétaires sont parés à rencontrer des civilisations extra-terrestres plus ou moins accueillantes… Alors là, laissons libre cours à notre imagination !

     

     

  • ACTU ET NOSTALGIE N°16

    DécorationLH.jpgLa nostalgie use parfois du « droit de remontrances ». Et on lui donne raison lorsqu’on parcourt la liste des heureux promus du Nouvel an dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.

    Soyons charitables à l’endroit des noms qui nous affligent parmi les récipiendaires. Depuis trop longtemps déjà, il est vrai, la tradition est établie : les trois promotions annuelles (1er janvier, Pâques et 14 juillet) suscitent plus d’indignation que d’admiration. Triste destin pour la plus prestigieuse distinction française !

    Certes, la pensée profonde de son instigateur dissimule un certain cynisme : « Les Français ne sont pas changés par dix ans de révolution, et n’ont qu’un sentiment : l’honneur, il faut donner un aliment à ce sentiment ; il leur faut des distinctions », déclarait Bonaparte en mai 1802.

    Mais cette distinction, pour justifier son appellation, retient une conception assez rigoureuse de l’honorabilité. La loi du 29 floréal an II — 19 mai 1802 —, portant création de la Légion d’honneur, entend récompenser des services militaires. Elle jette aussi les bases d’une nouvelle aristocratie qui, reconnue pour son talent ou son mérite, participe au prestige du régime napoléonien, magnanime à l’égard de ses valeureux sujets.

    Bonaparte.jpgPrenant soin de distinguer les militaires des citoyens, l’article 1er de ladite loi aménage des critères précis d’attribution : « Sont membres de la Légion d’honneur tous les militaires qui ont reçu les Armes d’honneur. Pourront y être nommés les militaires qui ont rendu des services majeurs à l’État dans la guerre de la liberté ; les citoyens qui, par leur savoir, leurs talents, leurs vertus, ont contribué à établir ou à défendre les principes de la République, ou faire aimer et respecter la justice ou l’administration publique. »

    Impossible d’affirmer, en 2011, si les heureux récipiendaires de la rosette « contribuent à établir ou à défendre les principes de la République, ou faire aimer et respecter la justice ou l’administration publique. » Tout simplement parce que la Grande Chancellerie est moins regardante sur l’honorabilité effective des personnalités pressenties.

    Pour être aujourd’hui promu chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, il faut être proposé par un ministre qui opère un choix discrétionnaire parmi les dossiers que lui soumettent les préfets, des associations ou un groupe de cent particuliers.

    Il faut en outre justifier de vingt ans de services publics ou d’activités professionnelles, assortis de « mérites éminents »… Mais impossible de trouver une définition de cette appellation non contrôlée, elle aussi discrétionnaire, ou plutôt arbitraire.

    Avec le résultat stupéfiant que l’on sait : chaque année, combien de membres du clergé médiatique ou de la faune artistique usurpent-ils, sans l’avouer, cette haute distinction ? Question incongrue, selon le code de la bienséance protocolaire, puisque la Légion d’honneur ne se refuse pas !

    Et si par hasard, un jour, ces « mérites éminents » devaient m’être reconnus par la grâce d’une complaisante cooptation, moi aussi je rendrai un hommage appuyé à l’Ordre de la Légion d’honneur, faisant mine bien sûr d’oublier cette chronique impertinente…

     

    Décoration-.jpg

     

     

     

     

  • BELLE RÉCITATION N°12

    arthur_rimbaud.jpgPuisque la nostalgie a le culte des bons usages, renouons avec la tradition des « compliments du Jour de l’An », ceux que les enfants sages, jadis, écrivaient ou récitaient à leurs parents dès potron-minet.

    Ce texte ad hoc d’Arthur Rimbaud comblera d’aise les oublieux ou les moins inspirés, ravis d’honorer la tradition à l’aide d’un poète maudit, éternellement à la mode.

     

     Premier Janvier

     Ah ! quel beau matin que ce matin des étrennes

    Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes

    Dans quelque songe étrange où l’on voyait joujoux,

    Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,

    Tourbillonner, danser une danse sonore,

    Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !

    On s’éveillait matin, on se levait joyeux,

    La lèvre affriandée en se frottant les yeux…

    On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,

    Les yeux tout rayonnants comme aux grands jours de fête,

    Et les petits pieds nus effleurant le plancher,

    Aux portes des parents tout doucement toucher…

    On entrait !... Puis alors les souhaits…en chemise,

    Les baisers répétés, et la gaieté permise !

     

    Arthur RIMBAUD — Œuvres complètes (Paris, Mercure de France éditeur)

     

    Nouvel an-.jpg