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ACTU ET NOSTALGIE N°16

DécorationLH.jpgLa nostalgie use parfois du « droit de remontrances ». Et on lui donne raison lorsqu’on parcourt la liste des heureux promus du Nouvel an dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.

Soyons charitables à l’endroit des noms qui nous affligent parmi les récipiendaires. Depuis trop longtemps déjà, il est vrai, la tradition est établie : les trois promotions annuelles (1er janvier, Pâques et 14 juillet) suscitent plus d’indignation que d’admiration. Triste destin pour la plus prestigieuse distinction française !

Certes, la pensée profonde de son instigateur dissimule un certain cynisme : « Les Français ne sont pas changés par dix ans de révolution, et n’ont qu’un sentiment : l’honneur, il faut donner un aliment à ce sentiment ; il leur faut des distinctions », déclarait Bonaparte en mai 1802.

Mais cette distinction, pour justifier son appellation, retient une conception assez rigoureuse de l’honorabilité. La loi du 29 floréal an II — 19 mai 1802 —, portant création de la Légion d’honneur, entend récompenser des services militaires. Elle jette aussi les bases d’une nouvelle aristocratie qui, reconnue pour son talent ou son mérite, participe au prestige du régime napoléonien, magnanime à l’égard de ses valeureux sujets.

Bonaparte.jpgPrenant soin de distinguer les militaires des citoyens, l’article 1er de ladite loi aménage des critères précis d’attribution : « Sont membres de la Légion d’honneur tous les militaires qui ont reçu les Armes d’honneur. Pourront y être nommés les militaires qui ont rendu des services majeurs à l’État dans la guerre de la liberté ; les citoyens qui, par leur savoir, leurs talents, leurs vertus, ont contribué à établir ou à défendre les principes de la République, ou faire aimer et respecter la justice ou l’administration publique. »

Impossible d’affirmer, en 2011, si les heureux récipiendaires de la rosette « contribuent à établir ou à défendre les principes de la République, ou faire aimer et respecter la justice ou l’administration publique. » Tout simplement parce que la Grande Chancellerie est moins regardante sur l’honorabilité effective des personnalités pressenties.

Pour être aujourd’hui promu chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, il faut être proposé par un ministre qui opère un choix discrétionnaire parmi les dossiers que lui soumettent les préfets, des associations ou un groupe de cent particuliers.

Il faut en outre justifier de vingt ans de services publics ou d’activités professionnelles, assortis de « mérites éminents »… Mais impossible de trouver une définition de cette appellation non contrôlée, elle aussi discrétionnaire, ou plutôt arbitraire.

Avec le résultat stupéfiant que l’on sait : chaque année, combien de membres du clergé médiatique ou de la faune artistique usurpent-ils, sans l’avouer, cette haute distinction ? Question incongrue, selon le code de la bienséance protocolaire, puisque la Légion d’honneur ne se refuse pas !

Et si par hasard, un jour, ces « mérites éminents » devaient m’être reconnus par la grâce d’une complaisante cooptation, moi aussi je rendrai un hommage appuyé à l’Ordre de la Légion d’honneur, faisant mine bien sûr d’oublier cette chronique impertinente…

 

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