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Abondance de promo ne nuit pas…
Au moment où sort en librairie mon (magnifique) album L’ÉCOLE DE PAPA, le Ministère de l’Éducation nationale laisse entrevoir une énième remise en cause de l’enseignement de l’Histoire, comme si le vent de la nostalgie ne suffisait pas à son bonheur.
L’incorrigible « bien-pensant » que je suis ne peut être suspecté de mauvais esprit à l’égard de Xavier Darcos, lui-même professeur d’histoire !
Certes, une grande réforme est toujours pavée de bonnes intentions. Mais celles qui préfigurent le « Nouveau Lycée » m’autorisent à en douter…
Rationaliser l’enseignement en classe de seconde sur la base d’un tronc commun et réogarniser l’année scolaire sur deux semestres sont de louables objectifs, propices à dépoussiérer cette institution napoléonienne, vieille de deux cents ans.
Mais supprimer dudit « tronc commun » l’enseignement de l’histoire est, à mon humble avis, une vraie mauvaise idée :
- Jadis l’histoire fut déjà, sur un autre niveau d’enseignement, rétrogradée parmi de vagues « disciplines d’éveil » avant qu’elle ne soit réhabilitée. Pourquoi alors vouloir à nouveau la rabaisser ?
- Éluder l’enseignement de l’histoire ne contrevient-il pas à cet obscur « devoir de mémoire » que de grands esprits ont inventé pour culpabiliser les jeunes générations, déjà peu instruites des grandes brûlures du tissu national ?
- Faire l’impasse sur cet enseignement, en reniant « l’éveil à la citoyenneté », n’est-ce pas surtout faire injure à la « Mémoire des Peuples » que célébrait le sage Michelet, en un siècle pétri d’humanisme ?
Pourquoi ressortir de la Boîte de Pandore une mauvaise idée que l’on a déjà regrettée naguère ? Témoignage pathétique d’une Gouvernance qui perd elle-même la mémoire…
Jules réveille-toi, ils sont devenus fous !
Le juriste dévoyé que je suis ne peut laisser filer cette date historique, célébrant le 50ème anniversaire de notre Loi fondamentale, notre inoxydable « Constitution du 4 octobre 1958 ».
Comme si la nostalgie avait soudain le bon goût de courtiser Thémis qui a toujours pris le malin plaisir à me tourner le dos.
Une nostalgie qui garde un petit arrière goût d’ennui, en souvenir des matins blafards où je me rendais à la sinistre Rotonde - l’annexe de la Faculté de droit de Clermont-Ferrand - pour suivre, dans un amphi enfumé, bondé d’étudiants chahuteurs, un cours de droit constitutionnel à la pointe de l’année 1978. Époque où de « brillants constitutionnalistes » insistaient sur le danger d’une « alternance politique qui serait fatale à des institutions taillées sur mesure pour le Général de Gaulle ».
Depuis lors, l'eau a coulé sous ce pont aux ânes. L’alternance n’a même pas ébranlé nos institutions. Et les gaullistes orthodoxes, jetant l’anathème sur ceux qui osé égratigner les Tables la Loi, ont une « petite gueule bien pathétique »…
Cette nostalgie rime aujourd’hui avec ironie. La veille même de ce cinquantenaire, s’est éteint Jean Foyer, garde des Sceaux du général de Gaulle, un des pères de la Vème République, à quelques jours du discours commémoratif qu’il devait prononcer.
Implacable roue du temps : le Comité d’experts que Michel Debré avait réuni autour de lui pour rédiger notre texte constitutionnel, ne ressemblera bientôt qu’à un cimetière de grands juristes abandonnés à l’ingratitude de notre oublieux XXIème siècle.
Cette même nostalgie rimera aussi peut-être avec sympathie. Si Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, avait la sympathique idée de lever un petit secret qui me taraude. Dans mon vieil amphi clermontois, le vénérable Doyen René Chiroux insinuait avec malice que Michel Debré aurait aidé son fils Jean-Louis en lui filant en douce quelques notes sur les travaux confidentiels de la Commission consultative constitutionnelle. Une aubaine pour la thèse de droit qu’il préparait alors !
Allez Jean-Louis, profite de ce splendide anniversaire pour lever ce petit secret de la Vème République. Avoue avec panache. Repends-toi. Il y a prescription. La jolie Thémis ne t’en voudra pas. Et la République encore moins…