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  • QUELS VŒUX POUR 2016 ?

    psychologie.jpegSans nostalgie aucune, à quelques minutes de minuit, n’est-il pas réconfortant de tourner le dos à 2015, « cette année terrible que nous venons de vivre », dixit la bonne parole présidentielle ?

    Qu’il relève d’un rite festif ripailleur ou d’une simple convention sociale, le traditionnel échange de vœux tient plus, — osons le reconnaître —, de la sympathique incantation que d’une sincérité profonde, sans même prendre soin d’y mettre les formes.

    Combien de fois faut-il supporter de lire, dans notre courrier de janvier, la formule « Je vous souhaite tous mes vœux », barbarisme éclairant les sévices infligés à notre chère et belle langue de Molière.

    Ringards les vœux ?

    Pour le reste, « adresser nos vœux de bonheur » n’est-il pas quelque peu ringard, voire archaïque, en ce XXIe siècle hédoniste où de savants esprits se sont mis en tête de nous convaincre que le bonheur ne dépend que de nous ?

    Ces apôtres du bonheur, très en vogue dans les « magazines de psychologie vendus en kiosque », ont l’art de déguiser un produit marketing en une « vérité révélée » — venue dont on ne sait où, et inventée par on ne sait qui — au nom de laquelle il existerait bel et bien un « modus operandi » du bonheur, résidant tout entier sur le « pouvoir guérisseur de l’esprit ».

    Premier axiome du bonheur clef en main : privilégier une quête du bonheur sans Dieu. Détacher la condition humaine de la création, affranchir l’homme de tout ancrage spirituel, n’est-ce pas lui garantir qu’il est maître de lui-même, de son chemin de vie comme de son… bonheur ? Preuve que le bonheur est désormais à la portée de tous : le bonheur est sécularisé, laïcisé, matérialisé par des indices quantifiables et tangibles. « Dieu est mort », clamait Nietzsche. Tant mieux alors pour l’homme, enfin libéré du carcan religieux. Libre à lui de chanter en chœur la « ballade des gens heureux »… Et que ceux qui ne connaissent pas les paroles aillent au piquet, s’il vous plaît. Pas question de supporter les rabat-joies !

    Écoutez un peu les prophètes du bonheur !

    Deuxième axiome du bonheur clef en main : distiller un petit zeste de spiritualité — juste ce qu’il faut pour faire rêver — en flattant les charmes irrésistibles de la pensée orientale. En puisant pêle-mêle aux sources du bouddhisme, de l’hindouisme et du taoïsme, nos apôtres du bonheur font œuvre de syncrétisme pour le bien-être de l’humanité. Parce qu’ils en savent beaucoup plus que nous, ils sont savants. Parce qu’ils ont tout compris mieux que nous, ils deviennent des guides. Eux seuls ont déjà emprunté la piste. Alors suivons-les en confiance sur le chemin escarpé du bonheur. Eux seuls connaissent les écueils, les pièges et les impasses. Malheur à vous si vous ne les écoutez pas. Parce que le bonheur se construit pas à pas, dans leur sillage… Et nulle part ailleurs !

    Troisième axiome du bonheur clef en main : cesser de croire que le bonheur est une émotion éphémère qui dépend des autres et de votre environnement. Non, lisez bien nos prophètes des temps modernes : le bonheur est un mécanisme qui ne dépend que de vous, de votre talent à nourrir vos « pensées positives » — vouées exclusivement à chasser tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à des idées grises — de votre manière de « vous ancrer dans le présent », dans votre façon de « rester connecté à soi-même pour mieux habiter son corps »… Si vous ne ralliez pas cette nouvelle vérité scientifique, tant pis pour vous ! Vous refusez votre propre salut. Vous tournez le dos au bonheur. Et vous n’aurez pas le droit de vous plaindre… Dixi quod dixi !

    NB1— La présente chronique s’inspire librement de l’excellent article de Luc FERRY publié le 24 décembre dernier dans Le Figaro. Avec subtilité et humour, il détricote la mode de la « psychologie positive »… Bien mieux que moi !

    L-Ferry.jpeg

    NB2 — À parcourir aussi, l’article de Sylvaine PASCUAL sur son site : « Pensée positive ou le revers de la médaille »… Ou comment une spécialiste de la psychologie positive jette un œil critique, — pertinent et fort bienveillant — sur sa propre discipline.

     http://www.ithaquecoaching.com/articles/pensee-positive-le-revers-de-la-medaille-1215.html

    méfaits-pensée-positive.jpg

    §§§

     

    À quelques minutes de 2016,

    que faut-il retenir alors de mon ultime « humble avis » 2015 ?

     De toute évidence, après lecture de ces diverses sources, s’offrent à vous deux façons de formuler vos vœux pour 2016.

     — La façon branchouillée parce que tout le monde le dit comme ça.

     Je vous souhaite tous mes vœux pour 2016. (barbarisme oblige)
    Avec plein de pensées positives ! (…c’est écrit dans les magazines)

    — La façon sobre et classique parce que c’est ainsi qu’on écrivait jadis.

    Avec tous mes vœux pour l’Année nouvelle.
    Bonheur, Santé & Sérénité.

    Question subsidiaire : Devinez quelle est mienne ?

    Nouvel-An.jpg

     

     

     

     

  • NOSTAL-ZIK N°03

    Comme la nostalgie aime sourire aux petites ringardises, associons cette rubrique musicale à la magie de la Nativité, comme si peu de chanteurs osent à présent s’y risquer. Tant pis si nous défions la police de la pensée en vigueur, — diligentée par les bigots de la laïcité, — qui cherche à enfermer la foi dans le confinement de la vie familiale. Et savourons cette belle chanson de Noël interprétée en 1974 par le so british Gilbert O’Sullivan.

    Sa splendide chevelure vaporeuse, son élégante veste autrichienne, sa voix nasillarde au ton si singulier donnent un charme suranné à cette douce mélodie, soutenue par un chœur d’enfants sages bien comme il faut… Délicieuse parenthèse pour ré-enchanter Noël. Franchement, est-ce bien raisonnable ?

     

    Suivez le lien qui vous mène à l’artiste — Site de Gilbert O'Sullivan

  • ACTU & NOSTALGIE N°64

    Decembre.jpgComme la nostalgie se plaît assez dans les veillées d’hiver, mettons ce mois à l’honneur sous la plume de Francis Yard, poète normand injustement tombé dans l’oubli.

    Un couple de petits vieux bercés par la chaleur du poêle, un gros chat blanc fainéant, une causerie du soir, avare de mots, autour des premiers frimas de l’hiver : voilà mise en scène toute la poésie de décembre que nous aimerions tant revivre, entre rusticité et simplicité, avec le serein réconfort de se sentir bien, tout simplement.

     Décembre

     Chez les vieux, mes voisins d’en face,

    Qui somnolent auprès du feu,

    Je suis allé causer un peu.

    En dix pas, j’ai franchi la place

    Où mes sabots laissent leur trace…

     

    Les deux pieds sur sa chaufferette,

    Ses sabots de chaque côté,

    La vieille coud, jamais distraite,

    Tâtonnante, l’air entêté,

    Le nez pointu sous ses lunettes.

     

    Et son gros chat blanc dort en rond

    Près du poêle cerclé de cuivre,

    Le poêle noir qu’en entend vivre

    Avec son ronflement profond,

    Calme et plus doux au temps de givre.

     

    La lumière est diminuée,

    Les carreaux clairs devenus gris

    Se sont voilés, comme ternis

    De somnolence et de buée,

    Soupirs émus du bon logis…

     

    On ne sait même plus l’heure…

    Le temps assoupi demeure

    Immobile et tout transi…

    En cet exil de la terre,

    On se résigne à se taire.

    L’horloge somnole aussi.

     

    Pas un soupir, pas un souffle.

    Tout s’étouffe et s’emmitoufle…

    L’oubli morne a recouvert

    La forêt, la lande immense.

    C’est le règne du silence,

    La grande paix de l’hiver…

     

    Laissons les choses s’endormir.

    La neige tombe. C’est décembre.

    Sur l’an qui meurt pourquoi gémir ?

    Espoir vaut mieux que souvenir.

    Le poêle ronfle dans la chambre…

     

    Francis YARD — L’An de la terre (Paris, Grasset éditeur, 1906)

     §

     À propos de l’auteur —

    Francis-Yard.jpgAthanase François Yard, dit Francis Yard, (1876-1947), est natif de Boissay, en Seine-Maritime.

    Le succès qu’obtient son premier recueil de poèmes, — intitulé Dehors — comble ses rêves. Nanti d’un petit héritage familial, il s’installe à Paris pour s’y faire un nom.

    À Montmartre comme au Quartier latin, le cénacle culturel l’affuble d’un surnom qui a tout l'air d'un gentil quolibet, « le Poète des Chaumes ». Après deux ans d’aventure littéraire, jonchés de cruelles désillusions, il rejoint son pays natal où il embrasse la noble carrière d’instituteur. La passion qu’il voue à son métier lui ménage assez de temps pour écrire, dans un registre enraciné dans son terroir. Son inspiration le promène alors entre almanach, contes et légendes. Le « Poète des Chaumes » cède alors la place au « Barde de la Normandie », une juste consécration pour cet écrivain qui ne sut pas résister à l’appel de la terre… Tout à la gloire de son œuvre.

    À découvrir, la note biographique fort bien construite, rédigée en classe par les élèves du Collège Francis-Yard de Buchy, en Seine-Maritime — http://francisyard-col.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article9

    Hiver.jpg

     Source : Cours SCHWEITZER — Album de planches en couleur (Paris, Librairie Armand Colin, 1908)

    § 

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    Cahier-Recitations-.jpg

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