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  • FUTUR ANTÉRIEUR N°2

    An2000- - copie.jpgLorsqu’elle se conjugue au futur antérieur pour revisiter l’imaginaire de la voiture de l’an 2000, la nostalgie nous rendrait presque jaloux…

    Au regard de la sacro-sainte bagnole, le progrès technique contribue-t-il vraiment à améliorer notre qualité de vie ? Le doute n’était pas permis dans les années 1950 : les Trente Glorieuses magnifiaient les signes ostentatoires de réussite, de confort et de luxe, ceux que de splendides carrosseries savaient si bien faire miroiter…

    Rien d’étonnant alors si les esprits visionnaires de l’époque projetaient sur le troisième millénaire des valeurs esthétiques parmi lesquelles la discrétion ne trouvait guère sa place.

    Ainsi va l’anticipation : comme « on n’arrête pas le progrès », l’imagination est débridée. L’extravagance est de mise. La belle voiture comble d’aise les auxiliaires être et avoir. Alors tout est bien dans le meilleur des mondes…


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    Source : Agent de police de la circulation - Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000 (1953) Illustrateur : Léon Goetgeluck


    ARRÊT SUR IMAGE —  Cette ambiance de boulevard périphérique saturé nous est familière bien sûr. Étrange impression, néanmoins, sous le jeu des ces formes rondes et colorées : le progrès semble si sympathique dans ce joyeux embouteillage de l’an 2000. On s’interroge sur l’utilité de ce policier courageux dont le casque est relié à un masque à oxygène, pollution oblige. On ne se lasse pas d’admirer le design furieusement vintage des voitures du futur. On s'étonne de la présence de ce curieux véhicule bleu, au premier plan, dont les ailes sur le toit suggèrent l’invention de la voiture volante. Pourquoi diable son conducteur n’a-t-il pas pris la voie des airs pour fuir ce bouchon d’enfer ? Question incongrue, voyons : l’anticipation n’a que faire des esprits rabat-joie ! 

  • ACTU ET NOSTALGIE N°18

    234.jpgQuand la nostalgie explore les fictions d’antan, — celle  que la télévision accompagnait d’un rectangle blanc pour éloigner les enfants du petit écran — revient en mémoire l’ombre terrifiante de Belphégor qui jetait nuitamment ses malédictions dans le dédale du Louvre.

    Réflexe incongru bien sûr : cette silhouette inquiétante rejaillit aujourd’hui sous l’apparence des inénarrables femmes en niqab qui déambulent sur les trottoirs parisiens sans respect aucun pour la divinité moabite.

    Belphégor, elle, savait se tenir. Elle ne quittait jamais les murs de son monument historique préféré. Elle n’apparaissait que la nuit. Elle ne revendiquait aucun droit à l’identité culturelle ou religieuse.

    Rien de comparable, sinon l’allure spectrale, aux étranges femmes en niqab. Leur accoutrement échauffe les grands esprits de notre représentation nationale. Au nom d’une laïcité qui ne sait plus où donner de la tête, ce port vestimentaire est désormais proscrit sur l’espace public. La loi votée le 12 octobre 2010 est entrée en vigueur le 11 avril, à l’appui d’une curieuse dialectique où les prétentions pédagogiques se mêlent confusément aux  circonlocutions politicardes.

    Les zélés porte-parole du législateur nous expliquent qu’avant de sanctionner notre mutine Belphégor, l’autorité judiciaire lui fera un « rappel à la loi »… Un « stage de citoyenneté » lui sera proposé comme alternative à l’amende de 150 Euros. Au besoin, « une ambassadrice de la laïcité », — un dispositif financé à hauteur de 80.000 euros par le ministère de l’immigration —  l’assistera pour l’aider à mieux assumer de lever le voile, et ainsi mieux prendre confiance sur notre généreuse terre d’asile…

    Que d’égards républicains pour d’indomptables sosies de Belphégor...

    Et quel affront pour une divinité qui, par sa discrétion, incarnait la plus noble des vertus laïques !

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    Serie TV - Belphegor - Generique par webmaster18



  • BELLE RÉCITATION N°13

    Calvet-.jpgLa nostalgie recèle de curieuses pépites pédagogiques, comme l’illustre cette récitation pour le moins « stigmatisante », pour reprendre un mot à la mode.

    Les canons de la masculinité — dans le registre « Tu seras un homme » — proscrivaient jadis la moindre émotivité et rendaient toute idée de confort suspecte de la part d’un garçon.

    Le ton de cette étrange récitation tourne en dérision l’expression de la sensibilité, à une époque où elle était censée être l’exclusive du genre féminin. Une franche discrimination que la pédagogie assumait alors sans honte ni complexe… Preuve que l’éducation morale campe sur les certitudes de son temps, pour le meilleur comme pour le pire.

     

    Monsieur Douillet

     

    Monsieur Douillet a bonne mine,

    Le teint frais d’un rose naissant :

    On mettrait sa chair en tartine

    Tant elle a l’air appétissant.

     

    Il est gras comme un coq en pâte ;

    Dans ses habits tout est rempli.

    Mais ce garçonnet que l’on gâte

    N’est bien qu’à table ou dans son lit.

     

    L’hiver, quand le froid nous assiège,

    Tout fourneau devient son voisin ;

    Il attend, pour toucher la neige,

    Des gants fourrés du magasin.

     

    En été, Monsieur s’exténue ;

    Et dès qu’il se met au travail,

    Il a trop chaud, il souffle et sue :

    Passez-lui donc un éventail !

     

    Pour une épine qui le blesse,

    Le voilà les yeux à l’envers.

    Vite des sels ! Une compresse !

    Monsieur se pâme ! Il a ses nerfs !

     

    Un rien lui fait des peurs extrêmes :

    Peur des chutes, peur d’un faux pas,

    Peur des coups, peur des gestes mêmes.

    C’est du verre, n’y touchez pas !

     

    Douillet, puisqu’ainsi je le nomme,

    C’est en vain qu’un jour, mon garçon,

    Tu porteras barbe au menton.

    Tu ne seras jamais un homme.

     

    Maurice MOREL — Violettes et Primevères (Paris, Larousse éditeur, s.d.)

    Récitation extraite d’un manuel scolaire : CALVET (J.) & LAMY (R.) — Le Français par la lecture expliquée – cours moyen (Paris, J. de Gigord éditeur, 5e édition, 1934)

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