Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Postage & Vintage - Page 83

  • RAVISSANTE RÉCITATION N°4

    Rentrée Geo.jpgEn ce jour de rentrée des classes, la nostalgie se veut compatissante.

     Retrouver les copains, c’est jamais triste.

    Mais retourner à l’école, ce n’est pas vraiment gai.

     Par-delà le siècle, cette journée si particulière se plie aux mêmes rites et transporte les mêmes émotions.

     Un de mes poètes préférés nous invite à en partager la mélancolie, sans laquelle le charme de la « vraie rentrée » serait rompu.

     Une pensée émue pour toutes celles et tous ceux qui se reconnaîtront au fil de cette ravissante récitation…

     

     

     

     

    PREMIÈRE SOLITUDE

     

    On voit dans les sombres écoles

    Des petits qui pleurent toujours.

    Les autres font leurs cabrioles :

    Eux, ils restent au fond des cours.

     

    Leurs blouses sont très bien tirées.

    Leurs pantalons en bon état,

    Leurs chaussures toujours cirées ;

    Ils ont l’air sage et délicat.

     

    Les forts les appellent des filles,

    Et les malins des innocents :

    Ils sont doux, ils donnent leurs billes,

    Ils ne seront pas commerçants.

     

    Les plus poltrons leur font des niches,

    Et les gourmands sont leurs copains ;

    Leurs camarades les croient riches,

    Parce qu’ils se lavent les mains.

     

    Ils frissonnent sous l’œil du maître,

    Son ombre les rend malheureux ;

    Ces enfants n’auraient pas dû naître,

    L’enfance est trop dure pour eux !

     

    Oh ! la leçon qui n’est pas sue,

    Le devoir qui n’est pas fini !

    Une réprimande reçue,

    Le déshonneur d’être puni !

     

    SULLY PRUDHOMME.- Les solitudes (1889)

     

    Rentrée 03.jpg

     

     

     

     

     

  • PAGE D'HISTOIRE N°4

    Paris brûle 01.jpgComme chaque année, au fil des grandes pages de l’histoire de France, le service public télévisuel accomplit sa mission commémorative.

    L’énième rediffusion de « Paris brûle-t-il ? », jeudi 21 août, participe à cette discrète page culturelle qui suffira à réveiller, l’espace d’un soir avachi sur notre canapé, le vague souvenir de la Libération de Paris.

    Même si cette « grande fresque » a quelque peu vieilli, elle brille à présent d’un charme suranné, comme seule la nostalgie sait embellir le septième art.

    Certes, l’insertion d’images authentiques de la Libération rend un peu plus maladroite la théâtralité des combats reconstitués.

    Certes, le scénario fait peut-être la part un peu trop belle à la légende intouchable de la division Leclerc.

    Certes, on se surprend, plutôt qu’à suivre la vraie-fausse intrigue, à dévisager les vieilles gloires de notre patrimoine cinématographique.

    Mais dès que défile le générique, on a l’impression de refermer ces vieux manuels scolaires des années 1950. Dans la même veine héroïque, ils ont façonné le tableau historique des 24 et 25 août 1944, tout à l’honneur de la « Résistance parisienne » qui, dans la pédagogie politiquement correcte de l’époque, vole souvent la vedette aux troupes alliées. Comme si la France savourait sans pudeur la joie de s’être libérée toute seule…

     

    IMG 02 copie.jpg
    EXTRAIT –

     Le 6 juin 1944, sur les plages de Normandie, des milliers de navires débarquèrent des armées françaises (sic), anglaises, américaines, avec un matériel considérable de canons et de chars blindés. Après deux mois de combats, elles approchèrent de Paris.

    Alors, Paris se souleva. Hommes, femmes, enfants élevèrent des barricades. On vit des jeunes gens sans armes attaquer des tanks et des camions ennemis. Enfin, le 24 août 1944, les chars du général Leclerc entrèrent dans la capitale, pendant que les cloches sonnaient à toute volée. Fous de joie, les Parisiens riaient, pleuraient, chantaient la Marseillaise, criaient : « Vive la France ! ». Ils étaient libres.

    Le lendemain, le général de Gaulle entra dans Paris.

     Source : AUDRIN (E.) & DECHAPPE (M. & L.) – Notre France, son Histoire - Cours élémentaire des écoles primaires 

    (Paris, Editions Lavauzelle, 1968)

     

    IMG 01 copie.jpg

     

     

     

     

  • PAGE D'HISTOIRE N°3

    14 Juillet 01.jpg Nostalgie et commémoration font-elles bon ménage ?
    La première laisse libre cours à l’émotion, la seconde participe à l’éclat de l’institution. Autant dire qu’elles se dérobent à toute comparaison.
    Le traditionnel « défilé militaire du 14 juillet », parce qu’il consacre notre « Fête nationale », est sans doute la seule célébration où le sentiment patriotique sait encore faire battre notre cœur…
    Sentimentalisme désuet, penseront certains mauvais esprits, à une époque où toute effusion nationaliste devient suspecte.
    Au fil des « leçons en images », les manuels scolaires de jadis n’omettaient pas d’expliquer aux enfants de France pourquoi notre Fête nationale est célébrée le 14 juillet, même si les explications trahissent parfois un certain embarras…
    Ainsi, le manuel que j’ai le plaisir de vous présenter cette semaine joue sur deux registres pour légitimer notre Fête nationale :
    Le 14 juillet 1789, prise de la Bastille : acte de rébellion, colère du peuple, vindicative, sanglante et destructrice.
    Le 14 juillet 1790, Fête de la Fédération : acte de communion, exaltant l’unité de la nation française, en présence de notre bon Roi.
    Pour s’acheter une bonne conscience, et donner un peu plus de respectabilité à notre Fête nationale, l’Histoire a préféré retenir la deuxième version.

    Défilé militaire 14 juillet.jpg


    Aujourd’hui, depuis 1880, un défilé militaire rehausse le prestige de notre 14 juillet, en soulignant la vocation patriotique de cette célébration.
    Moins médiatique à présent, parce que trop traditionnel sans doute, ce « joli défilé » a beaucoup de mal à capter l’attention de la presse, qui préfère désormais commenter les peoplesques anecdotes de la garden-party dans les Jardins de l’Élysée. Là, grands commis de l’État, courtisans serviles et clergé médiatique rivalisent de ramage pour capter un sourire du Prince.
    Le 14 juillet, entre fontaines de champagne et délicats macarons, l’aristocratie républicaine célèbre à sa manière la Fête nationale, pendant que le bas peuple s’encanaille au bal des pompiers… Ainsi se perpétue la Fête de la Fédération, « la fête de l’union, de la fraternité entre les Français ». Alors vive le Roi, et vive la République !

    Garden party 02.jpg


    EXTRAIT -
    Le 14 juillet 1789, le peuple avait crié sur les murs de la Bastille qu’il allait démolir : « Nous sommes libres ! »
    Un an plus tard, il va crier : « Nous sommes frères ! »
    Une grande fête s’organise à Paris sur une place appelée le Champs-de-Mars. Il y viendra des Français de toutes les provinces.
    Les Parisiens prennent la pioche et roulent la brouette en chantant. Et le Champs-de-Mars est prêt pour le grand jour.
    Sur toutes les routes de France, des Bretons, des Normands, des Poitevins, des Gascons gagnent à pied Paris. Ils s’en vont vers le Champs-de-Mars.
    La grande cérémonie a lieu. Le roi y assiste. On appelle cette fête : Fête de la Fédération, c’est-à-dire la fête de l’union, de la fraternité entre les Français.
    Quand tous sont réunis comme se réunissent des amis ou des frères, les canons tonnent, les musiques éclatent ; l’on crie : « Vive la Nation ! » L’on applaudit, l’on s’embrasse, l’on chante et l’on danse.
    Tous sont heureux d’être Français et de former une même patrie.

    Source : BERNARD (P.) & REDON (F.) - Notre premier livre d’Histoire - cours élémentaire - (Paris, Fernand Nathan éditeur, 1972)

    14 juillet 02.jpg