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Postage & Vintage - Page 68

  • IDENTITÉ FRANÇAISE N°2

    Histoire-01.jpgLa nostalgie aime magnifier le passé. Voilà pourquoi elle voue aussi un profond respect à l'histoire, à notre histoire, celle qui, selon le dogme républicain, est le terreau de notre « identité nationale ».

    N'en déplaise aux beaux esprits épris de cosmopolitisme : l'école laïque fut toujours une puissante machine à fabriquer de l'identité nationale. L'historiographie en porte un témoignage amusant, parfois même caricatural. Les vestiges pédagogiques que mettent à jours les manuels de jadis révèlent au grand jour « une certaine idée de l'Histoire de France ».

    Quelles valeurs suprêmes notre panthéon scolaire a-t-il voulu célébrer ? Quelles sublimes vertus se partagent nos héros ? Comment leurs exploits, leurs sacrifices, leur panache ont-ils façonné le mythe de « l'excellence française » ? De génération en génération, ces questions suggéraient bel et bien l'existence d'une identité nationale.

    Ce qui était jadis pertinent serait aujourd'hui devenu indécent. Curieuse expression d'un sentiment national timoré qui devrait presque se faire pardonner d'exister.

    Alors rien que pour le plaisir de redécouvrir nos héros préférés, - et leur glorieuse contribution à l'identité nationale  -, relisons sans attendre nos « Belles Histoires de France » !

     

    Histoires.jpgEXTRAIT —

    « Vercingétorix, Charlemagne, saint Louis, Jeanne d'Arc, Henri IV, Napoléon, Gambetta... Au hasard d'une jolie gravure, scolaire ou publicitaire, nos yeux d'enfant ont tous, un jour, caressé l'étoffe des héros. Comme le rêvait Ernest Lavisse, les livres d'école nous ont laissé une « provision de beaux souvenirs ». Et leurs images transportent encore notre imagination. Ce génie de la mise en scène, ce sens aigu du détail, cette magie des couleurs et des mouvements ont bâti le panthéon de nos héros.

    De vrais héros : leurs convictions et leurs sacrifices nous ébranlent ; leur courage et leurs exploits nous fascinent. Ils nous montrent le chemin de l'aventure, au service d'une noble et juste cause. On aimerait tant leur ressembler !

    Entrons alors dans ce panthéon, là où reposent les valeurs humanistes de la République. Il abrite des modèles de vertu, tels que notre pays n'en fait plus.

    Cette soif d'idéal n'est-elle pas le dernier rempart de notre unité nationale ? Ces héros nous rassurent. On aimerait tant les rencontrer !

    Redécouvrons donc nos belles histoires des France qui, sur les bancs de l'école, façonnait jadis « des hommes de progrès, de bons et sincères républicains, d'excellents français »...

    À cet instant, nous comprenons que nos héros sont indispensables, irremplaçables : ils hantent notre mémoire nationale ; ils incarnent la perfection morale. Impossible de leur échapper. Par-delà les siècles, ils sauront se rappeler à nous ! »

    Source : GIMARD (J. & M.) - Les Belles Histoires de France - De Vercingétorix à de Gaulle, 2000 ans de légendes (Paris, éditions Le Pré aux Clercs, 1999)

     

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  • STÉRÉOTYPE SCOLAIRE N°3

    Sous la lorgnette de la nostalgie, le stéréotype scolaire véhicule une amusante conception du dîner familial.

     

    Dîner-.jpg

    Savourons cette cocasse leçon de vocabulaire : le texte qui explicite l'image de ce « repas du soir » brosse un tableau haut en couleurs du bonheur conjugal de jadis. « Papa revient du travail » : autrement dit, il est exténué, impossible de l'associer à la moindre tâche ménagère. Remarquons qu'il trouve quand même la force de déboucher une bouteille de vin !

     

    Sa brave épouse, parée d'un joli tablier blanc, est le portrait de la parfaite ménagère : elle a toute seule dressé la table et préparé le dîner, elle sert les enfants, elle est encore debout quand son mari est assis. Et tout cela avec le sourire.

    Les mots en italiques enrichiront le vocabulaire de l'élève, et cette scène éducative servira de comportement modèle au futur père de famille... Comme quoi une bonne leçon de vocabulaire sait aussi initier à une certaine conception du savoir-vivre domestique !

     

    Source : DELANDRE (R.), LOCQUENEUX (A.), QUELLAIS (M.) - Le premier livre de français - cours élémentaire 1ère année (Paris, Delagrave, 1958)

     

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  • NOBLE JEU ET BEAU LIVRE N°7

    Tartakover-01.jpgParce que la nostalgie éprouve une certaine tendresse pour les poètes maudits, j'ai le plaisir de vous présenter « Tartacover vous parle », le dernier livre qu'a écrit un de nos prodigieux champions français du jeu d'échecs.

    À en croire les spécialistes du genre, cet ouvrage est rare. Ce titre a fait l'objet d'une édition unique, en 1953, et fut épuisé avant la fin des années 1950.

    Au gré des belles parties qu'il nous relate, jouées entre 1914 et 1931, Xavier Tartacover — version francisée de Tartakover Savielly Grigorievich — nous dresse le décor du « noble jeu » dans l'entre-deux guerres. Sur un ton un rien infatué, mêlant ironie et allégresse, il évoque le style de ses grands rivaux de l'époque et leurs contributions respectives aux théories de ce jeu envoûtant...

    En savourant tour à tour sa virtuosité échiquéenne, l'acuité pédagogique de ses commentaires, son art consommé de l'humour vachard, on ne sait plus vraiment qui était Xavier Tartacover (1887-1956), tant sa vie semble plus  tumultueuse encore que son œuvre.

    Cf en lien, une brève biographie, riche en événements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tartakover

    Les amateurs d'échecs que nous sommes célèbrent en lui le brillant avocat des « échecs romantiques » qui se plaisait à dépoussiérer le registre trop académique des grands maîtres de son temps. Tout au long de sa carrière, il appliquera sur l'échiquier l'adage du grand Tarrasch : « Ce qui est certain aux échecs, c'est que rien n'est certain... »

    Tartakover-02.jpgAvec lui, le coup le plus audacieux n'est jamais « faux ». Il est vrai de spontanéité, d'imagination et d'audace. Assez de quoi désarçonner les adeptes froids du rationalisme soviétique.

    Avec lui surtout, la joute échiquéenne est plus affaire de tempérament que de science. Pour preuve, — les initiés me comprendront —, il réhabilita avec brio des coups d'un autre âge, à l'exemple du Gambit sicilien (1- e4 c5 2- b4 ?!...), sans jamais céder à la facilité des « variantes apprises par cœur dans les livres ».

    Elle était encore loin la dictature implacable des logiciels échiquéens. Miroir d'une époque où l'erreur était gentiment humaine, comme nous le rappelle un des aphorismes dont il avait le secret : « Les grosses bourdes sont là, sur l'échiquier, elles attendent d'être commises... » En amateur assez peu éclairé, je ne manque jamais de répondre à l'appel !

     

    EXTRAIT —

    1-b4... Parmi les « débuts de fantaisie », ce coup d'aspect si bizarre prend une place d'honneur.

    Plus tard, lors du tournoi de New-York, en 1924, j'ai dénommé cette ouverture « Début d'Orang-Outang », et cela non seulement parce que je l'y ai appliqué, contre Maroczy, après une consultation préalable d'un jeune orang-outang, lors de notre visite collective au Jardin zoologique de New-York à la veille de la partie en question, mais aussi parce que la manœuvre grimpante b4-b5 fait songer à cet animal inventif. Le nom est resté.

    Source : Tartacover vous parle - Choix de ses meilleures parties d'échecs annotées par lui - (Paris, Librairie Stock, 1953)

     

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    Partie Torre v. Tartacover, 5e ronde, Tournoi de Moscou, 15 novembre 1925 (à droite, Tartacover)