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histoire - Page 2

  • ACTU & NOSTALGIE N°33

    Affiche_exhibitions.jpgLa nostalgie serait-elle subversive ? La question donnerait presque mauvaise conscience aux visiteurs de l’exposition Exhibitions, l’Invention du sauvage que le musée du quai Branly présente jusqu’au 3 juin 2012.

     En voulant « poser la question du regard sur l’autre », et à trop vouloir peut-être nous interroger, l’exposition joue avec les anachronismes en osant quelques raccourcis dans les méandres complexes de l’histoire des mentalités. En quoi le racisme goguenard de la Belle Époque, largement entretenu par l’école laïque de Jules Ferry — aussi ministre des Colonies — devrait-il nous inviter à la repentance ? Pourquoi la représentation antique du « bon sauvage » devrait-elle indisposer l’homme du XXIe siècle, naturellement plus ouvert aux vertus de l’humanisme éclairé que ses aïeux ? En quoi « l’air du temps » devrait-il nous faire expier la prétention civilisatrice d’un XIXe siècle pétri de scientisme ?

    Ce parti-pris didactique, — qui s’attribue des vertus pédagogiques sur le registre assez simpliste du « Plus jamais ça ! » —, peine en outre à dissimuler d’autres maladresses, plus étonnantes encore pour un grand musée national.

    En support d’une riche iconographie, souvent empruntée à l’univers caricatural du spectacle, les commentaires déclinent à l’envi l’analogie sémantique entre race et racisme. Comme si le mot race, parce qu’il fut trop longtemps voué à une acception péjorative, devenait un gros mot de la langue française. Est-ce par naïveté ou par complaisance ?  L’exposition sent bon le « politiquement correct ». Et rien que pour ce travers rhétorique, si délicieusement en phase avec la « bien-pensance à la mode de chez nous », elle vaut vraiment le détour.

    Autre surprise, assez déconcertante : entre « l’invention du sauvage » et la fascination pour les difformités physiques, l’exposition mélange à souhait les représentations malsaines de l’altérité, en les renvoyant dos-à-dos dans le folklore désuet des « bêtes de foire », comme si le racisme avait partie liée avec le voyeurisme.

    De toute évidence, cette simplification anthropologique nuit à la démonstration : si le racisme appartient aux préjugés d’un autre âge, les disgrâces physiques se prêtent encore à une curiosité décomplexée, comme en témoigne ce site « médical » présentant « les records du monde les plus incroyables de 2012 ». Comme quoi l’exhibition de corps humains différents est, encore de nos jours, propice à la distraction beaucoup plus qu’à l’indignation…

    Cf. le lien ad hoc — http://sante.planet.fr/humour-sante-les-records-du-monde-plus-incroyables-de-2012.181877.103.html?xtor=EPR-26-182641[Medisite-a-la-Une]-20120405

    Dernier soupir d’agacement pour les puristes de la muséographie : l’exposition révèle d’étranges indices d’à-peu-près. Certaines légendes explicatives, rédigées en petits caractères, ont le don d’agacer nos yeux plongés dans la pénombre. Plus consternant encore : les commentaires muraux recèlent une petite collection de fautes d’orthographe et de syntaxe. Certaines phrases, lourdes et pompeuses, semblent même empruntées au pataouète kamtchatka. Prouesse ethnographique d’acculturation française !

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    Message explicite de cette image extraite de la presse enfantine de la fin du XIXe siècle :

    c'est le "bon blanc" qui est victime de l'exhibition...



    L'exposition choc de Lillian Thuram par lefigaro 

     

     

     

  • ACTU & NOSTALGIE N°29

    Jeanne-01.jpgComme la nostalgie porte un regard bienveillant sur nos héros nationaux, le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc ne saurait nous laisser indifférents, et encore moins l’étrange pèlerinage du président de la République à Domrémy.

    Entre bonne et mauvaise foi, le clergé médiatique feint l’indignation : Nicolas Sarkozy se livrerait là à une basse opération électorale, « en rendant hommage à la Pucelle d’Orléans, symbole du FN ».

    Les mêmes clercs semblent bizarrement oublier que notre Ségolène nationale avait plusieurs fois célébré le culte de Jeanne d’Arc lors de sa campagne électorale de 2007, sans pour autant jeter la suspicion sur ses pieuses intentions…

    Condamnée par l’Église au XVe siècle, canonisée par la même Église au début du XXe siècle, célébrée par la Commune de Paris, par Jean-Jaurès puis par François Mitterrand en 1982 et en 1989, — lui-même transfuge des Camelots du Roi avant de s’inventer une ambition à gauche —,  idolâtrée par l’extrême-droite, Jeanne d’Arc est, à n’en point douter, l’héroïne totémique de notre République, celle dont la puissance mystique inspire tant d’incantations politiques, aussi naïves que grotesques.

    Bref, pour emprunter un affreux mot-code au clergé médiatique, Jeanne d’Arc est « instrumentalisée » chaque que fois que la France joue à se faire peur avant d’affronter le verdict des urnes.

    Toujours le même psychodrame et toujours la même question : entre les journalistes en quête de polémiques et les politiques en mal d’inspiration, qui sont les plus pathétiques ? Jeanne réveille-toi, ils se moquent de toi…



    Sarkozy célèbre le 600e anniversaire de la... par BFMTV

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    Source : BAINVILLE (Jacques) — Petite Histoire de France (Tours, Maison Alfred Mame & Fils, 1929)

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    histoire, Jeanne d'Arc, Sarkozy, Domrémy, héroshistoire, Jeanne d'Arc, Sarkozy, Domrémy, hérosPour redécouvrir Jeanne d’Arc sous un angle historiographique et savoir comment son image a évolué au fil des manuels scolaires de jadis, je vous invite à consulter deux de mes ouvrages...

     





    §

    Encombrante Jeanne —

    Prisonnière des Bourguignons, Jeanne d’Arc fut remise le 20 décembre 1430 aux Anglais, moyennant rançon. À cet endroit, l’attitude de Charles VII prête à controverse. Le roi de France pouvait-il sauver Jeanne d’Arc ? Probablement pas. Les caisses du royaume étaient vides et ses prisons n’avaient aucun prisonnier de marque à proposer en échange. Preuve de son impuissance : l’opération qu’il élabore pour faire évader la captive échoue tout près de Rouen. À regret ? Peut-être pas, car la fougue illuminée de la Pucelle s’avérait incontrôlable. Refusant de rester sur l’échec du siège devant La Charité-sur-Loire (novembre 1429), Jeanne entreprend à l’insu du roi l’assaut de Compiègne, alors que s’amorcent des négociations discrètes avec l’occupant. L’impétueuse Jeanne d’Arc contrarie la politique de Charles VII. Son insoumission est désobligeante, son obstination devient encombrante… 

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    Source : BONIFACIO & MARÉCHAL — Histoire de France - cours moyen 1ère année (Paris, Hachette, 1964)

     

    Écho de notre temps —

    « Jeanne d’Arc est mon grand écrivain. Nul ne s’exprime mieux qu’elle, par la forme et par le fond. » Jean Cocteau

     

    Parole de héros —

    « Il avait été à la peine, c’était bien juste qu’il fût à l’honneur ! »

    Jeanne d’Arc, à propos de son étendard, lors du sacre de Charles VII à Reims.

     


    Laurent Voulzy - Jeanne (Live @ Direct Star sur... par DirectStar

  • PAGE D'HISTOIRE N°9

    P. Laborie-.jpgParce que la nostalgie est toujours en quête d’authenticité, je ne résiste pas au plaisir de vous conseiller un excellent livre, osant revisiter « l’histoire officielle » de la Résistance française, telle que l’ont façonnée la collusion gaullo-communiste de la Libération, la presse de l’époque et le cinéma des Trente Glorieuses.

    Sans polémique ni parti pris, l’auteur, Pierre Laborie, directeur d’études à l’EHESS, excelle à manier le doute méthodique qu’exige l’introspection historiographique.

    Il restitue la genèse d’une vulgate fort accommodante, conjuguant « bien-pensance » et connivences. Il dissèque les surenchères commémoratives qui ouvriront plus tard la voie au sentencieux « devoir de mémoire ». Il explore les contradictions, les glissements, les corrosions du culte voué à la Résistance, si poreux à l’insaisissable « air du temps ».

    Le style empesé, quelque peu trop universitaire, freine parfois l’appétit de dévorer les chapitres. La démonstration n’en est pas moins progressive, méthodique, éclairante. À elles seules, les notes en fin de chapitre appellent une lecture approfondie.

    Mieux qu’une étude parmi d’autres, un ouvrage de référence promis pour longtemps à faire autorité. Une véritable Bible sur l’obsession mémorialiste ! Pour les passionnés d’Histoire, épris de sens critique, rétifs au politiquement correct…

    LABORIE (Pierre) — Le Chagrin et le Venin – La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues (Paris, éditions Bayard, 2011, 14,5 sur 19 cm, 356 pages, 21 €)

     

    4e PAGE DE COUVERTURE —

    L’actualité rappelle en permanence la place particulière, parfois oppressante, que les années noires occupent dans la mémoire nationale. Un discours convenu, durablement installé depuis le film Le chagrin et la pitié, affirme ce que le pays aurait longtemps refusé de reconnaître : dans leur grande majorité, les Français ont été occupés à durer, repliés dans un attentisme marqué par l’opportunisme, par des arrangements consentants, ou plus, par une indifférence coupable aux minorités persécutées.

    Que transmet et signifie ce prêt-à-penser ? Pierre Laborie s’attache à en faire la généalogie, retraçant et questionnant le contexte de son émergence dans les années 1970, les facteurs qui ont contribué à le rendre dominant, le processus surtout qui a fini par l’imposer comme une évidence. (…)

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    Source : CHAULANGES (M. & S.) — Histoire de France - cours élémentaire (Paris, Delagrave, 120e mille, 1948)

     

    EXTRAIT —

    Les usages politiques de la Résistance ont constitué longtemps des pratiques banales, généralisées et méthodiques. Elles le sont encore aujourd’hui, à un degré moindre, mais toujours avec la même tendance à tordre les faits pour les ajuster aux intentions affirmées. Si jusqu’aux années 1970 aucune organisation ne s’est privée d’exploiter la rentabilité du gisement, si les gaullistes n’ont pas été en reste sur ce terrain, il est indéniable que le parti communiste apparaît comme le champion toutes catégories en la matière. Sans lésiner sur les moyens, en s’appuyant sur leur action déterminée dans la clandestinité, sur la violence de la répression à leur égard, et sur le lourd sacrifice de leurs militants, étrangers et français, les communistes se sont employés à faire confondre leur histoire avec celle de la Résistance intérieure, jusqu’à vouloir identifier l’une à l’autre. Entre autres visées, l’opération consistait à faire oublier la période 1939-1941 pendant laquelle l’appareil du parti communiste français avait soutenu aveuglément la politique extérieure de l’URSS, dans le prolongement et l’approbation du pacte germano-soviétique.

     

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    Source : GAUTROT-LACOURT (Jeanne) & GOZÉ (Edmond) — Premier Livre d'Histoire de France - cours élémentaire

    (Paris, Éditions Bourrelier, 1955)

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    Dans la même veine historiographie, sans prétention didactique, mon roman historique, écrit à partir de mes recherches dans les archives départementales du Cher et de témoignages inédits recueillis auprès de personnes ayant vécu cette période. Là où on réalise que l’Occupation se dérobe aux jugements un peu trop... hâtifs.

    Source : Jacques GIMARD — Trompe-la-Mort — Les cahiers secrets de Pierre Paoli, agent français de la Gestapo (Éditions Qui Lit Vit, 320 pages, format 14x20 cm, 22 €)

     

    POUR COMMANDER CE LIVRE :

        http://www.editionsquilitvit.com/boutique/#cc-m-product-5209776163

        http://www.amazon.fr/Trompe--Carnets-Secrets-Français-Gestapo/dp/2919760041/ref=sr_1_6?s=books&ie=UTF8&qid=1309345014&sr=1-6

    Si vous souhaitez organiser une conférence-débat, contactez l’auteur…

     

    guy-moquet-pcf.jpgÀ propos de la solide emprise de la « bien-pensance » sur l’histoire de Résistance intérieure, un exemple édifiant et très actuel dans le département du Cher.

    Cf. lien ad hoc — http://librherry.canalblog.com/archives/humeur/index.html