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résistance

  • PAGE D'HISTOIRE N°9

    P. Laborie-.jpgParce que la nostalgie est toujours en quête d’authenticité, je ne résiste pas au plaisir de vous conseiller un excellent livre, osant revisiter « l’histoire officielle » de la Résistance française, telle que l’ont façonnée la collusion gaullo-communiste de la Libération, la presse de l’époque et le cinéma des Trente Glorieuses.

    Sans polémique ni parti pris, l’auteur, Pierre Laborie, directeur d’études à l’EHESS, excelle à manier le doute méthodique qu’exige l’introspection historiographique.

    Il restitue la genèse d’une vulgate fort accommodante, conjuguant « bien-pensance » et connivences. Il dissèque les surenchères commémoratives qui ouvriront plus tard la voie au sentencieux « devoir de mémoire ». Il explore les contradictions, les glissements, les corrosions du culte voué à la Résistance, si poreux à l’insaisissable « air du temps ».

    Le style empesé, quelque peu trop universitaire, freine parfois l’appétit de dévorer les chapitres. La démonstration n’en est pas moins progressive, méthodique, éclairante. À elles seules, les notes en fin de chapitre appellent une lecture approfondie.

    Mieux qu’une étude parmi d’autres, un ouvrage de référence promis pour longtemps à faire autorité. Une véritable Bible sur l’obsession mémorialiste ! Pour les passionnés d’Histoire, épris de sens critique, rétifs au politiquement correct…

    LABORIE (Pierre) — Le Chagrin et le Venin – La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues (Paris, éditions Bayard, 2011, 14,5 sur 19 cm, 356 pages, 21 €)

     

    4e PAGE DE COUVERTURE —

    L’actualité rappelle en permanence la place particulière, parfois oppressante, que les années noires occupent dans la mémoire nationale. Un discours convenu, durablement installé depuis le film Le chagrin et la pitié, affirme ce que le pays aurait longtemps refusé de reconnaître : dans leur grande majorité, les Français ont été occupés à durer, repliés dans un attentisme marqué par l’opportunisme, par des arrangements consentants, ou plus, par une indifférence coupable aux minorités persécutées.

    Que transmet et signifie ce prêt-à-penser ? Pierre Laborie s’attache à en faire la généalogie, retraçant et questionnant le contexte de son émergence dans les années 1970, les facteurs qui ont contribué à le rendre dominant, le processus surtout qui a fini par l’imposer comme une évidence. (…)

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    Source : CHAULANGES (M. & S.) — Histoire de France - cours élémentaire (Paris, Delagrave, 120e mille, 1948)

     

    EXTRAIT —

    Les usages politiques de la Résistance ont constitué longtemps des pratiques banales, généralisées et méthodiques. Elles le sont encore aujourd’hui, à un degré moindre, mais toujours avec la même tendance à tordre les faits pour les ajuster aux intentions affirmées. Si jusqu’aux années 1970 aucune organisation ne s’est privée d’exploiter la rentabilité du gisement, si les gaullistes n’ont pas été en reste sur ce terrain, il est indéniable que le parti communiste apparaît comme le champion toutes catégories en la matière. Sans lésiner sur les moyens, en s’appuyant sur leur action déterminée dans la clandestinité, sur la violence de la répression à leur égard, et sur le lourd sacrifice de leurs militants, étrangers et français, les communistes se sont employés à faire confondre leur histoire avec celle de la Résistance intérieure, jusqu’à vouloir identifier l’une à l’autre. Entre autres visées, l’opération consistait à faire oublier la période 1939-1941 pendant laquelle l’appareil du parti communiste français avait soutenu aveuglément la politique extérieure de l’URSS, dans le prolongement et l’approbation du pacte germano-soviétique.

     

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    Source : GAUTROT-LACOURT (Jeanne) & GOZÉ (Edmond) — Premier Livre d'Histoire de France - cours élémentaire

    (Paris, Éditions Bourrelier, 1955)

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    Dans la même veine historiographie, sans prétention didactique, mon roman historique, écrit à partir de mes recherches dans les archives départementales du Cher et de témoignages inédits recueillis auprès de personnes ayant vécu cette période. Là où on réalise que l’Occupation se dérobe aux jugements un peu trop... hâtifs.

    Source : Jacques GIMARD — Trompe-la-Mort — Les cahiers secrets de Pierre Paoli, agent français de la Gestapo (Éditions Qui Lit Vit, 320 pages, format 14x20 cm, 22 €)

     

    POUR COMMANDER CE LIVRE :

        http://www.editionsquilitvit.com/boutique/#cc-m-product-5209776163

        http://www.amazon.fr/Trompe--Carnets-Secrets-Français-Gestapo/dp/2919760041/ref=sr_1_6?s=books&ie=UTF8&qid=1309345014&sr=1-6

    Si vous souhaitez organiser une conférence-débat, contactez l’auteur…

     

    guy-moquet-pcf.jpgÀ propos de la solide emprise de la « bien-pensance » sur l’histoire de Résistance intérieure, un exemple édifiant et très actuel dans le département du Cher.

    Cf. lien ad hoc — http://librherry.canalblog.com/archives/humeur/index.html

     

     

     

  • ACTU ET NOSTALGIE N°13

    de Gaulle-01.jpgLe gaullisme relèverait-il de la nostalgie ? La question n’est pas trop déplacée au lendemain du 18 juin, date éponyme de celui qui incarne à jamais l’âme de la Résistance française.

    Place singulière que celle occupée par Charles de Gaulle dans le Panthéon de nos héros républicains…

    Impossible aujourd’hui d’ouvrir un débat serein sur la dimension héroïque de ce militaire félon.

    Tout juste cinq mois après son célèbre appel, il se proclame chef des Français libres et il crée l’Ordre de la Libération. Bien décidé qu’il est à écrire sa propre légende… Étrange curiosité de notre histoire de France : rares sont les personnages historiques proclamés héros de leur vivant !

    Cette posture héroïque, si singulière dans notre mémoire collective, a de quoi intriguer les jeunes générations. Parce qu’elles n’ont pas baigné dans l’hagiographie gaulliste, elles s’interrogent tout naturellement sur l’opportunité de ce culte mémoriel :

    — Est-ce la divine providence ou un troublant concours des circonstances qui a forgé l’épopée gaulliste ?

    — La geste gaullienne – avec ses dogmes, ses légendes, ses gardiens du temple — permettrait-elle à « ceux qui n’ont pas vécu cette époque » de porter un regard froid et lucide sur cet homme d’État dont le pragmatisme a souvent servi d’alibi aux pires reniements ?

    — Sous son génie de passer outre, L’homme de 18 juin n’a-t-il pas construit son ambition en écartant de son chemin tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre — dans l’ordre : Pétain, Giraud, La Rocque, Leclerc, Soustelle etc… — ?

    — Existerait-il,  un de Gaulle « consensuel et respectable » — l’homme du 18 juin — et un de Gaulle « sulfureux et contestable » — le président épris de plébiscites — ?

    Toutes ces questions nous interrogent sur la dimension vraiment héroïque du personnage, si tant est que l’héroïsme puisse répondre à des critères atemporels…

    2Euros-DG.jpgPour les adorateurs de l’homme du 18 juin, un nouveau rite s’offre à eux : la Monnaie de Paris met en circulation une pièce de deux Euros à l’effigie du général. Avoir de Gaulle en poche, quelle plus belle façon de lui vouer son éternelle reconnaissance, telle une médaille miraculeuse !

    Les gaullistes repentis, eux, veilleront à la dépenser sans scrupule, juste pour le plaisir de relancer la consommation…

     

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  • PAGE D'HISTOIRE N°8

    GM-01.jpgParce que la nostalgie est intimement liée à l'émotion, savourons le plaisir de conseiller un excellent livre d'histoire. Un vrai, comme on les aime, parmi ceux qui savent faire la part entre la légende, toujours suspecte, et la réalité, rarement exaltante...

    En s'attaquant à l'affaire Guy Môquet — enquête sur une mystification officielle — on pourrait penser que les auteurs, Jean-Marie Berlière et Franck Liaigre, aiment jouer les historiens maudits. Parce qu'ils ne font pas partie du sérail médiatique du mandarinat universitaire estampillé « spécialistes de l'Occupation ». Parce qu'ils donneraient l'impression de se poser en redresseurs de torts. Parce qu'ils refusent d'obtempérer à la « caporalisation mémorielle », au risque de « désenchanter le réel », comme ils le confessent d'un air malicieux.

    Leur étude sur fonds d'archives est précise, concise, fort éloquente. L'écriture, assez tonique, donne envie d'aller jusqu'au bout. Un hommage mérité en un temps où l'université ne connaît plus de grande plume.

    En moins de 130 pages, en dehors des annexes et des notes, nos deux experts démontent les ressorts bien huilés de la première mystification française du XXIe siècle : le culte rendu à Guy-Môquet sur l'autel de la concorde républicaine...

    Inutile d'accabler notre petit Nicolas : l'histoire n'a pas attendu son mauvais génie, — l'auguste énarque Guaino —, pour inventer le story-telling, cette cuisine éditoriale où la guimauve hagiographique fait mousser les bons sentiments patriotiques.

    Jean Jaurès, Léon Blum, Mendès-France ne sont-ils pas, à leur manière, des « saints laïcs » ?  Une posture d'intouchables qui dissimule elle aussi, sans doute, une part de mystification, propice à nourrir les rêves du peuple de gauche. Autant dire que l'histoire des impostures a de beaux jours devant elle...

    Sans artifice ni concession, la démonstration de MM. Berlière et Liaigre est d'autant plus remarquable qu'elle dérange.

    Elle s'appuie tout d'abord sur des archives et des faits que des historiographes partisans ont préféré laisser de côté.

    Elle jette aussi un regard sans complaisance sur la redoutable manipulation de la classe ouvrière par le parti communistes français, gardien et inventeur de sa propre histoire.

    Elle se plaît enfin à ringardiser un peu plus « l'école résistancialiste » qui s'échine, à coups de subventions et de commémorations, à ériger la Résistance en un puissant vecteur de valeurs humanistes, comme si la muse Clio pouvait se permettre de donner des leçons de morale, déguisées en instruction civique.

    Les vrais livres d'histoire, eux, à l'image de celui-ci, ont la décence de laisser le lecteur seul juge. Parce qu'un citoyen éclairé n'a que faire d'une histoire officielle...

     

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    BERLIÈRE (Jean-Marc) & LIAIGRE (Franck) - L'affaire Guy Môquet - Enquête sur une mystification officielle - (Paris, Larousse, octobre 2009, 160 pages, 12 €)

     

    GM-02.jpgNB- En clin d'œil à la couverture de ce livre, une anecdote historique pour celles et ceux qui empruntent, comme moi, l'inconfortable ligne 13 du métro parisien.

    C'est le 27 janvier 1946 que la station Marcadet-Balagny a changé de nom pour célébrer la mémoire de Guy Môquet, le plus jeune des prisonniers fusillés au camp de Châteaubriant le 22 octobre 1941. Exécuté à 17 ans, le jeune homme est devenu la figure emblématique de l'engagement communiste dans la Résistance, et la référence éponyme de la dialectique Sarkozyste ...