Puisque la nostalgie se nourrit du temps qui passe, osons un clin d’œil, en ce début d’année, à l’imperturbable ronde des mois, au fil d’un poème qui réussit la prouesse de tous les citer, dans un élan harmonieux d’émotions bucoliques.
Le talent de son auteur, Rosemonde Gérard, puise, à n’en point douter, aux illustres sources d’inspiration que lui offrait son environnement familial. Parmi ses aïeux, elle compte Madame de Genlis. Parmi ses familiers, Leconte de Lisle, son parrain, et Alexandre Dumas, son tuteur, tous deux membres du conseil de famille veillant à la protection de cette orpheline de père.
En 1890, elle épouse Edmond Rostand, l’auteur de Cyrano de Bergerac. Ses prédispositions à l’écriture empruntent peu, osons-nous croire, à l’état de mariage puisque son premier recueil de poésies — Les Pipeaux — fut publié un an avant qu’elle convolât en justes noces. Une authentique poétesse souvent honorée par les manuels de récitation de l’école républicaine façon Belle Époque…
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Les mois
Janvier prend la neige pour châle ;
Février fait glisser nos pas ;
Mars de ses doigts de soleil pâle,
Jette des grêlons aux lilas.
Avril s’accroche aux branches vertes ;
Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
Juin fait pencher la rose ouverte
Près du beau foin qui craque et rit.
Juillet met leurs œufs dans leurs coques ;
Août sur les épis mûrs s’endort ;
Septembre aux grands soirs équivoques,
Glisse partout ses feuilles d’or.
Octobre a toutes les colères,
Novembre a toutes les chansons
Des ruisseaux débordant d’eau claire,
Et décembre a tous les frissons.
Rosemonde GÉRARD — Les Pipeaux (Paris, Fasquelle éditeur, 1889)
Source : DUTILLEUIL (J.) & RAMÉ (E.) — Les Sciences physiques et naturelles – cours élémentaire et moyen
(Paris, Libraire Larousse, s.d.)