En image comme en musique, la nostalgie n’aurait-elle d’autre génie que d’embellir le passé ? La question nous caresse l’esprit… et l’oreille en écoutant Bourvil chanter Joli mois de mai.
Une mélodie hawaïenne, quelque peu incongrue, se mêle à l’ambiance glauque d’un bistro de coin de rue. Et pourtant la magie opère. Avec un talent incomparable, Bourvil prend la posture du « gentil franchouillard au cœur tendre », à l’air désabusé, brin de muguet dans la main droite et verre de vin dans la main gauche. Comme si le réconfort baladait son refrain d’une main à l’autre, à la seule idée que « le joli mois de mai connaît tant de choses puisqu’il fait naître les roses… »
Autre temps, autre mœurs : cette chansonnette paraîtra bien niaise, aujourd’hui, à nos générations Y et Z qui aiment tant cultiver la dérision. Admettons que le charme des chansons de jadis peine à survivre à leur époque quand bien même cherchent-elles à la magnifier. Raison de plus pour les écouter : ne nous donnent-elles pas envie de partir explorer les émotions et les rêves qui trottaient dans la tête de nos parents et grands-parents ? Inépuisable trésor de la nostalgie que ce voyage dans le temps, sans oublier pour autant de savourer les belles surprises du présent