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Mon échiquier - Page 7

  • L’ÉCHIQUIER DÉSENCHANTÉ

    Joueuse-01.jpgLa nostalgie peut-elle prendre rendez-vous avec l’avenir ? Cette question saugrenue vient vite à l’esprit après avoir savouré le film « Joueuse » de Caroline Bottaro. Les joueurs d’échecs chevronnés — parmi lesquels je me reconnais — penseront peut-être que cette charmante œuvre cinématographique contribuera à redorer le blason du « noble jeu ». Que nenni !

     

    Remarquons tout d’abord que l’affiche du film prend soin d’oublier l’échiquier, tant dans l’image que dans les mots. Une manière élégante de fuir l’univers réducteur des 64 cases, réputé par trop intello. Parce que « l’air du temps » est plutôt fâché avec les « produits intello »

     

    Saluons aussi la subtile « libre adaptation » du roman « La joueuse d’échecs » de Bertina Henrichs. Le jeu d’échecs n’est que le prétexte instrumental à une version contemporaine, glauque à souhait, du conte Cendrillon. Ou comment une simple femme de ménage, lasse de mimer le bonheur conjugal, se laisse porter et emporter par ce jeu envoûtant. Une terrible addiction entre refuge et perdition : misérable pathologie du joueur d’échecs, incarnée à merveille par Sandrine Bonnaire, en pauvresse plus touchante que jamais.

     

    Rendons enfin hommage au réalisme désenchanté qui sert d’approche au noble jeu et à ses mystères insondables. Même si certains clichés reviennent à outrance : la pseudo-connotation intellectuelle du jeu, les allusions philosophiques un peu lourdingues, — comme si les vrais joueurs d’échecs étaient du style à philosopher ?! —les échanges de regards, méchants ou compatissants, entre joueurs, une attitude désinvolte dont un joueur d’échecs bien élevé sait s’abstenir…

    Point d’orgue de la démonstration, les dialogues du film privilégient une conception aliénante du jeu d’échecs, assez véridique par ailleurs, comme nous l’assènent deux répliques-culte, à mon goût, sur l’étrange emprise cérébrale du « noble jeu » : « Pourquoi ce jeu, pour vous, est si important ? » (…) « À quoi ça sert d’être le meilleur, si on n’en fait rien ? »

    Tout le mystère des échecs se niche dans ces deux questions. Et la magie est à son comble lorsque l’héroïne dispute avec son mentor, les yeux dans les yeux, une partie à l’aveugle, un tumultueux Gambit Roi — les initiés me comprendront… —

    Comme un air de romantisme qui souffle sur l’échiquier !

    Juste assez pour ériger ce film en œuvre de référence pour les sociologues du jeu qui prendront plaisir, plus tard, à analyser la valeur symbolique des échecs dans notre monde robotisé… Et là, renaîtra la nostalgie pour le roi des jeux et jeu des rois.

     

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    REMARQUE SUBSIDIAIRE : les puristes de l’adaptation cinématographique s’interrogeront. Le roman initial a pour cadre la Grèce. Pourquoi le film a-t-il alors choisi la Corse ? Juste deux éléments de réponse : le vice-président de la Fédération Française des échecs est corse, et il apparaît subrepticement dans le film… Chut, je n’en dirai pas plus.

     

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  • ENFIN UN JEU DÉMOCRATIQUE !

    alice.jpgLa nostalgie a-t-elle encore assez de charmes pour embellir le « noble jeu »

    Les progrès technologiques nous permettent d’en douter, surtout depuis que de puissants logiciels ont mis à mal les « variantes romantiques » du jeu d’échecs, celles que nos ancêtres pratiquaient au XIXème siècle, et dont nous ne cessons d’admirer aujourd’hui encore l’audace fougueuse.

     À en croire la récente actualité, notre jeu préféré est promis, au cours du XXIème siècle, à conjuguer performances informatiques, élégance esthétique et valeurs démocratiques… Rien moins que tout cela !

     C’est ce que vient de nous démontrer avec talent le designer Michæl Marcovici, créateur du premier « jeu d’échecs démocratique » dont chaque pièce intègre une caméra, aidant à choisir entre elles le meilleur coup, et associant le jouer humain au jugement de la position…

     Pièces et pions communiquent entre eux pour échanger leur choix stratégique. Le joueur humain est libre de les interpeller pour les inviter à mieux réfléchir…

     Sur l’échiquier, les objets ont désormais une âme. Reste à savoir si la somme des opinions individuelles forment la « volonté générale », cet alibi décisionnel que seule la démocratie fut capable d’inventer pour asseoir sa légitimité !

     

    Deux sites pour découvrir cette curieuse machine à décider : 

    http://www.gizmodo.fr/2009/02/22/un-jeu-dechecs-aussi-democratique-que-bureaucratique.html

    http://sites.google.com/site/artmarcovici/democratic-chess

     

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  • NOBLE JEU ET BEAU LIVRE N° 6

    Livre Assiac.jpgLa nostalgie embellit le « noble jeu » lorsqu’on prend plaisir à s’immerger dans un vieux manuel d’échecs. « Plaisir des échecs », c’est justement le titre du sympathique livre que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui.

    Il s’adresse aux amateurs éclairés, penserait-on de prime abord, parce que son ambition est plus de distraire que d’enseigner, et surtout de mettre à l’épreuve notre perspicacité tactique. Mais le plus humble « pousseur de bois » puisera là l’envie d’apprendre et de progresser au fil des petites merveilles combinatoires qui, pour ajouter à notre bonheur, sont souvent illustrées d’anecdotes savoureuses. Miroir d’une époque où les livres d’échecs savaient aussi nous amuser, loin des démonstrations arides, - aussi cartésiennes que rébarbatives  - dont se satisfont hélas les Grands Maîtres d’aujourd’hui.

     Source : ASSIAC – Plaisir des échecs (Paris, Payot, 1958, 12 sur 18,5 cm, 238 pages)

     

    EXTRAIT-

    "L’élément de chance n’intervient aux échecs que dans la mesure où il est toujours possible à votre adversaire d’être victime d’une crise soudaine de « cécité échiquéenne ». Il peut fort bien arriver, d’ailleurs, que les deux adversaires souffrent simultanément du même mal. Pour être joueur d’échecs on n’en est pas moins homme ; lequel de nous ne garde pas le triste souvenir de quelque cas où, après avoir étudié à fond une combinaison complexe jusqu’au sixième ou septième coup, nous avons laissé une pièce en prise, ou même n’avons pas vu un mat en un coup ?

     Un cas typique de cette « cécité double » se produisit dans la partie Fairhurst-Reshevsky à Hastings, en 1937. Dans la position du diagramme ci-dessous, Reshevsky joue…h6 et quand Fairhurst répondit Dh5, Reshevsky para la menace par…Tf8. À ce moment, et, qui plus est, pendant les trois coups suivants, ni l’un ni l’autre des maîtres ne s’aperçut que les Noirs avaient un gain immédiat, forcé, et de plus très joli."

     

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    Les Noirs jouent et font mat en cinq coups.

    NB- Les experts qui nous communiqueront la combinaison gagnante - dans la rubrique « commentaires » - auront droit à une citation honorifique sur ce blog de très haute tenue culturelle !

     

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