Sans doute n’est-ce pas le moindre de ses charmes : la nostalgie se révèle malicieuse lorsqu’elle nous invite à sourire aux promesses de jadis.
Dès la décennie 1950, la conquête spatiale a nourri autant de rêves que d’espoirs. Parmi les alibis qu’elle s’inventait alors, la quête de nouveaux gisements énergétiques. L’exploration des planètes voisines se révélait comme une « perspective nécessaire » pour répondre aux besoins de l’humanité en proie aux fantasmes de l’explosion démographique et à l’épuisement inéluctable des ressources naturelles.
Installer des bases sur Mars : cette solution de bon sens dessina une « nouvelle frontière » bien avant celle que JF. Kennedy prêta à l’exploration de la lune.
Irréfutable était l’axiome : cette base martienne consommerait certes beaucoup d’énergie, mais le sous-sol de la « planète rouge », supposé riche en uranium, suffirait largement à assurer le fonctionnement, voire même à offrir de nouveaux gisements à notre bonne vieille planète.
Aujourd’hui hélas, le rêve a vécu et la réalité est têtue. Si une base martienne appelle la construction de centrales nucléaires pour fonctionner à moindre coût, l’homme devra apporter le combustible parce que Mars ne recèle point d’uranium.
Coloniser Mars, encore une conquête de l’inutile ? Parce qu’elle tient à garder une part de poésie, la science-fiction éludera toujours la question…
Source : Extraction d'uranium sur la planète Mars - Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000
(1953) Illustrateur : Léon Goetgeluck
ARRÊT SUR IMAGE —
Une mine à ciel ouvert, des wagonnets sur rais qui acheminent le précieux combustible vers la centrale nucléaire : l’exploitation du sol martien semble relever d’une technologie terrestre ancestrale alors que trône, tout proche, l’aire de lancement de la navette interplanétaire. Preuve que le progrès humain a une vocation universelle…