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ACTU & NOSTALGIE N°34

vote, démocratie, politique, élection, président de la République, suffrage, La nostalgie oserait-elle s’aventurer sur le terrain politique ? La question semble de circonstances en pleine effervescence démocratique, quelques jours avant le verdict des urnes.

Le suffrage universel direct est devenu si consubstantiel de notre Ve République que le clergé médiatique n’ose même plus s’interroger sur sa pertinence… Et pourtant !

Cinquante ans après la réforme constitutionnelle de 1962 portant élection du président de la République au suffrage universel direct, n’est-il pas aujourd’hui plus légitime que jamais de nous interroger sur le bien fondé de cette dramaturgie républicaine ?

vote, démocratie, politique, élection, président de la République, suffrage, De toute évidence, le suffrage universel divise plus qu’il ne rassemble : le prochain président de la République sera élu, une fois encore, par une courte majorité de Français. La minorité, résignée ou déçue, ne se reconnaîtra pas en lui. Mauvais départ pour l’homme clef de voûte de nos institutions, censé « assurer, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. » (article 5 de la Constitution du 4 octobre 1958)

Dès lors que le suffrage universel suggère une fragile expression de la souveraineté nationale, dès lors que le nouveau président incarne des valeurs et un programme qui ne se soucient guère de l’unité nationale, dès lors que ses décisions et ces initiatives seront toujours dictées par des considérations inspirées du clientélisme électoral, il est permis de douter des vertus incantatoires du suffrage universel direct.

A cette faiblesse institutionnelle, s’ajoutent les quatre fragiles postulats de l’idéal démocratique.

En démocratie, paraît-il, chacun a une opinion. Sans chercher à savoir si elle procède de la réflexion ou de la pulsion, positive ou négative. Expression d’adhésion ou de rejet.

En démocratie, toutes les opinions se valent. Précepte aussi égalitariste qu’optimiste.

En démocratie, la somme des opinions individuelles forment l’expression de la volonté générale. Une équation jamais vérifiée.

En démocratie, la volonté générale ne se trompe jamais. Seule l’histoire se rend compte plus tard — et trop tard — des errements démocratiques… et des erreurs fatales.

Grâce à ces postulats résolument optimistes, la démocratie garde intacte la puissance enchanteresse de son illusion, qu'est venue consacrer la sentence lucide, un rien désabusée, de Winston Churchill : « La démocratie est le pire système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire. »

Le pire système ? Oui, il faudra bien l’élire « notre » président de la République, devoir civique oblige. Alors permettez-moi d’attendre le 6 mai pour savoir si c’est vraiment le mien… Mais comme le vote est « secret », je ne me sens pas obligé de vous le dire.


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