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PAGE D'HISTOIRE N°2

QUAND L'HISTOIRE BÉGAIE...

À grands coups de communiqués de presse « bien ficelés » sur le web comme dans la presse magazine, un nouveau livre d’histoire – que j’aurai la charité de ne pas citer – réinvente « L’affaire Jeanne d’Arc » en promettant sur sa bande rouge marketing des « révélations sur l’un des plus grands secrets de l’histoire » (sic)

Pour les passionnés du « mystère jehannique », ce nouvel opus ne fait que cèder à la mode : remettre en cause une « histoire officielle », dénigrer sans oser le dire la véritable recherche historique, et offrir clef en main une nouvelle thèse à des lecteurs peu avertis ou avides de sensationnalisme.

La démonstration est d’autant plus stupéfiante qu’elle restitue servilement les arguments d’un ouvrage publié en… 1895. À une époque où, au cœur du débat de canonisation, il était de bon ton de discréditer les travaux des « trois papes du jehannisme » : Martin, Quicherat et Wallon.

L’auteur, Francis André, soutient les mêmes thèses (fantaisistes) que notre journaliste grand reporter de 2007.
Le précurseur de 1895 embaume son œuvre d’un parfum « dans l’air du temps » avec un zeste d’ésotérisme et d’antisémitisme délirant.
Le chercheur de 2007 entretient, avec grosses ficelles et sparadrap, les « silences d’une histoire officielle ».
D’un siècle à l’autre, les éditeurs ressortent les vieux pots pour servir la bonne soupe : un zeste de mystère, une pincée de conspiration, une louche de vraies-fausses révélations… Et l’appétit vient en mangeant. Mais gare à l’indigestion !

Source : ANDRÉ (Francis) - La Vérité sur Jeanne d’Arc – Ses ennemis, ses auxiliaires, sa mission –
(Paris, Chamuel Éditeur, 1895, 13 sur 19 cm, 396 pages)

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EXTRAIT –

À notre époque, les différents écrivains qui ont retracé la vie de l’héroïne ont tout dit sur elle, sauf la vérité.
Seuls, quelques poètes et quelques historiens semblent avoir vaguement saisi le sens des indications précieuses renfermées dans les Chroniques du temps et les pièces des Procès de la Pucelle.
Mais aucun d’eux ne paraît avoir soupçonné les ennemis et les auxiliaires réels de la jeune fille ; tous ont négligé d’insister sur les faits qui montrent sa véritable mission.
Si quelques-uns de ces faits se trouvent rapportés, ça et là, par hasard, on ne les a pas rapprochés pour les expliquer l’un par l’autre et reconstituer la trame de l’histoire véridique.
Cela tient, à notre avis, à deux raisons :
La première est que les historiens de Jeanne d’Arc se sont généralement copié les uns les autres sans remonter aux sources authentiques des faits qu’ils mentionnaient.
La seconde est que nul d’entre eux n’a vu que, dans ses actes militaires, Jeanne, porte-étendard du Roi du Ciel, fut doublée par une de ses sœurs, cette Claude d’Arc qui joua, de 1436 à 1440, un rôle inexpliqué encore sous le nom de Dame des Armoises.
L’oubli complet de l’existence de Claude rend incompréhensible l’épopée de Jeanne.
Dans la légende populaire, qu’ont reproduite, à l’envi, tous les historiens, la Pucelle apparaît en contradiction constante avec elle-même ; ses allures n’ont aucune homogénéité.
La vie de l’héroïne, telle qu’on nous la raconte, est un beau conte de fées qui ne résiste pas au froid examen du chercheur dès que, rejetant tous les écrits modernes, on lit, avec attention, en reconstituant le sens littéral de leurs paroles, les récits et les appréciations des Français du XVème siècle sur la Pucelle d’Orléans.

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