Sous le charme d’une fable, nostalgie et poésie font cause commune pour donner à la vertu un semblant d’éternité.
Mieux que tout autre, Florian savait conjuguer malice et moralité, comme l’illustre cette fable méconnue, à la gloire de la posture exemplaire dont un prince digne de ce nom ne doit jamais se départir.
En toute chose, à l’endroit de ses sujets, il doit savoir se priver, se retenir, se contenir : une vérité monarchique qui vaut aussi en République.
Pour le cas où le doute nous gagnerait, employons-nous à promouvoir dans les écoles cette récitation hautement républicaine…
Le roi de Perse
Un roi de Perse, certain jour,
Chassait avec toute sa cour ;
Il eut soif, et dans cette plaine
On ne trouvait point de fontaine.
Près de là seulement était un grand jardin,
Rempli de beaux cédrats, d’oranges, de raisin.
« À Dieu ne plaise que j’en mange !
Dit le Roi, ce jardin courrait trop de danger :
Si je me permettais d’y cueillir une orange,
Mes vizirs aussitôt mangeraient le verger. »
FLORIAN