Comme la nostalgie sait, elle aussi, prendre ses quartier d’été, profitons de la récitation du mois pour découvrir un autre poète méconnu ou oublié, Philéas Lebesgue (1869-1958).
Agriculteur de métier comme ses parents, polyglotte érudit maîtrisant une quinzaine de langues, animateur d’un réseau d’écrivains à travers toutes l’Europe grâce à la chronique littéraire qu’il tient pour le compte de Mercure de France, trouvère inspiré des traditions rurales de son pays de Bray, chantre de la culture celtique sous un angle ésotérique qui lui vaut d’être proclamé « Grand Druide des Gaules », maire de son village, La Neuville-Vault, pendant près de quarante ans, cet auteur picard aux multiples vies laisse à la postérité une œuvre aussi riche que variée, — poèmes, romans, nouvelles, tragédies, essais — qui sera, par trois fois, couronnée par l’Académie française.
Une existence entièrement vouée aux belles lettres, administrant la preuve que l’écriture est aussi une raison de vivre…
Chanson d’août
Les gerbes blondes
Jonchent le sol,
Pends à ton col
La gourde ronde,
Il fera chaud
Tantôt.
À travers plaine
Vois les dizeaux1,
Pas un oiseau,
Pas une haleine,
Prend le vieux grès
Bien frais.
Midi ruisselle,
Pour oreiller
Sous le pommier
Mets la javelle2,
Nous dormirons
En rond…
Philéas LEBESGUE — Les Chansons de Margot (Paris, Mercure de France éditeur, 1926)
1 Dizeaux : les gerbes groupées par dix
2 La javelle : le blé en tas