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  • JE SAIS TOUT N°5

    Je Sait Tout, Édi-Monde, Hannibal, Don Quichotte, imagination, culture populaireQue la nostalgie puisse se reconnaître une vertu culturelle, il n’est plus permis d’en douter lorsqu’on feuillette le magazine JE SAIS TOUT. Pour faire honneur à son sous-titre — L’aventure humaine de tous les temps —, il nous initie aux ressorts insoupçonnés de l’imagination pour le meilleur de ce qu’elle offre : le trésor perpétuel des civilisations. Liée à la volonté et à l’audace, l’imagination trace la voie du progrès et façonne les grands hommes. Qu’elle soit habitée par l’ambition, à l’image d’Hannibal, ou portée par le rêve, à l’exemple de Don Quichotte, seule l’imagination parvient à « hausser le réel d’un ton » comme le promet notre ami philosophe Gaston (Bachelard). Une belle leçon d’instruction morale comme les publications dédiées à la jeunesse n’osent plus en servir. Parce que, depuis bien longtemps, la culture populaire déserte le terrain de l’aventure humaine, celui de l’exaltation, pour préférer le registre plus consensuel de la compassion… Là où hélas l’imagination se sent si à l’étroit.


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    EXTRAIT —

    Ce n’est pas dans le seul domaine intellectuel que règne l’imagination en faculté maîtresse. Le personnage d’Hannibal nous le montre.  Ce grand capitaine mena au IIIe siècle avant Jésus-Christ contre les Romains de longues guerres qui sont, elles aussi, un grand moment de l’aventure humaine. Hannibal, comme Alexandre le Grand, nous prouve que l’on peut être à la fois un grand homme de guerre et un homme de grande culture, — Hannibal parlait plusieurs langues dont le latin et le grec —, aussi bien qu’un homme agissant en vue de la réalisation d’un grand idéal. L’idéalisme d’Hannibal fut certes terni par le fanatisme et la haine des Romains que lui avait légués son père Hamilcar. Tout fanatisme est assurément regrettable, mais conjugué avec la force de son imagination et de sa volonté, il permet à Hannibal de tenir tête à l’impérialisme romain, à leur haine contre Carthage qu’exprimait Caton l’ancien dans sa formule célèbre « Carthago delenda est », — Carthage doit être détruite —.

    Sans doute le fanatisme des deux adversaires trouvait-il en partie sa source dans le mépris que chacun professait pour la religion de l’autre. La mythologie simpliste des Romains pouvait paraître à Hannibal une religion bien primitive et dépourvue de mystère. Le culte carthaginois de Moloch, Tanit et Astarté, qui exigeait des sacrifices humains, semblait en revanche au Romains bien barbare.

    Nous ne pouvons faire grief à Hannibal d’avoir été un homme appartenant à une civilisation donnée à un moment donné de l’histoire. Il nous montre au contraire que seule l’imagination jointe à la volonté peut donner naissance à un grand homme. Seule l’imagination, pouvoir constant à travers les siècles de l’aventure humaine, peut aussi permettre à chacun de comprendre les autres hommes. N’est-ce pas par un effort d’imagination que nous pouvons et devons comprendre telle mentalité différente de la nôtre, telle civilisation qui n’est pas la nôtre, telle œuvre que nous n’aurions su créer nous-mêmes ? L’imagination, convenablement guidée, ne serait-elle pas synonyme de civilisation ?

     Source : JE SAIS TOUT n°5, 13 mai 1969 –  L’aventure humaine de tous les temps (Paris, Édi-Monde)


     

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  • ACTU & NOSTALGIE N°35

    Carte-electorale.jpgLa nostalgie se reconnaîtrait-elle dans le scrutin législatif ? Aussitôt posée, la question nous propulse vers une lointaine époque où le tempérament français se nourrissait d’un antiparlementarisme primaire. Tout au long des années trente, il est vrai, les scandales politiques étaient assez nombreux pour donner du grain à moudre à l’humeur frondeuse de nos aïeux.

    Si les élections législatives font aujourd’hui la part moins belle aux notables bedonnants jouant d’influences plus ou moins occultes, il n’en demeure pas moins que la perception de ce scrutin recèle la même ambiguïté dans l’esprit des électeurs… Surtout depuis que notre vénérable Ve République voue un culte respectueux au scrutin de circonscription.


    SCRUTIN AMBIGU

    Comme notre député est réputé être « représentant du peuple et élu de la nation », — souveraineté nationale oblige, selon l’article 3 de notre Constitution —, il n’a en théorie aucun compte à rendre à ses électeurs. Mais comme il s’agit d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, impossible pour un candidat, et encore moins pour le député sortant, de nier le rapport direct de légitimité qui le lie aux électeurs de son ressort territorial.

    Dès lors, chaque élection législative demeure prisonnière des mêmes ambiguïtés : s’agit-il de donner une majorité parlementaire au nouveau président de la République ou de contribuer à l’équilibre des pouvoirs en exprimant le souhait d’une « cohabitation institutionnelle » ? S’agit-il d’approuver ou de désavouer une politique nationale ou des promesses d’actions locales, plus perceptibles et plus rationnelles pour une démocratie de proximité ? S’agit-il de souscrire au programme d’un parti politique ou d’exprimer l’attachement que l’on porte à une personnalité locale ?

    Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les sensibilités lors d’un scrutin législatif d’autant plus qu’il se prête à 577 élections locales !

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    AMATEURISME DÉBRIDÉ

    Cette confusion dialectique est mieux encore orchestrée depuis que le marketing politique s’est emparé des campagnes électorales, du moins pour les candidats qui se donnent les moyens de leur ambition…

    Si elle n’est pas encore une science exacte, la communication politique repose sur des principes élémentaires. Pour mieux conjuguer émotion, séduction et conviction, — les trois qualités que Cicéron attribuait au bon orateur — le message est désormais « segmenté » selon les « cibles prioritaires » en fonction d’un « planning de campagne » méthodique privilégiant les meilleurs supports médiatiques.

    Cette approche rationnelle ne vaut bien sûr que pour les candidats aguerris jouissant d’une solide logistique partisane. Les autres candidats, dont l’amateurisme débridé fait souvent sourire, ont pour mérite de donner tout son charme à la campagne électorale, entre folklore désuet et pas de clerc…

    Pour en avoir un aperçu grandeur nature, comparez les professions de foi que vous venez de recevoir par voie postale et amusez-vous à dénicher « le détail qui tue »

    Juste pour l’exemple, venez explorer le « petit inventaire esthétique » auquel mon blog villageois vient de se livrer sur la propagande électorale de la 3e circonscription du Cher

    Là comme ailleurs, certains candidats ne ratent pas l’occasion de « se tirer une balle dans le pied »… Faut-il s’en réjouir ou s’en lamenter ? Tout dépend du zeste de compassion que nous mettons dans l’expression de notre suffrage. 

    Cf. lien ad hoc — http://librherry.canalblog.com

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