La nostalgie peut-elle s’immiscer dans les « années sombres » de l’Occupation ? Je sais que la question taraude certains lecteurs(rices) de mon roman historique TROMPE-LA-MORT tant le sujet traité — les cahiers secrets de Pierre Paoli agent français de la Gestapo — paraît dérangeant…
La barbarie s’accommode-t-elle d’un zeste d’empathie ? La monstruosité incarnée se prêterait-elle à une explication rationnelle ? Le sadisme le plus abject peut-il se voir reconnaître des circonstances atténuantes ? Voilà bien longtemps déjà que le tribunal de l’Histoire a rendu son verdict : s’il est juste de rendre hommage aux héros, il est sacrilège, presque indécent, de s’intéresser aux salauds, ces « patriotes dévoyés » comme les appelait le général de Gaulle.
Les romans explorant cette période, pour la plupart d’entre eux, sont pavés de bons sentiments : l’honneur y est sauf et la dignité exaltée.
Le mien se nourrit des pires instincts de l’homme quand tout semble à jamais perdu : l’ambition aveugle et elle s’affranchit de toute émotion…
La guerre déshumanise. Elle désinhibe les pulsions comme les rancœurs. TROMPE-LA-MORT en apporte un témoignage brut, d’autant plus glaçant que les faits sont authentiques.
Cette chronique vous donne libre parole bien sûr : à vous de livrer vos impressions…
EXTRAIT —
Jeudi 1er avril 1943
Ma période probatoire a dépassé mes espérances. Erich Hasse et Karl Dreyer, mes deux patrons, ne sont pas causants. Mais hier soir, devant mes collègues, ils ne tarissaient pas d’éloges à mon sujet lors du toast qu’ils ont levé à ma promotion. Mon embauche est confirmée. Mieux encore, en reconnaissance de mes « résultats fort prometteurs », je codirige désormais la section A2, d’égal à égal, avec Max Winterling.
Je suis fier de cette promotion. J’ai peine à réaliser en écrivant ces lignes. Je n’ai pas compté mes heures, il est vrai, pour démontrer ce dont je suis capable. J’ai pris l’initiative de coordonner les services dans le traitement des lettres de dénonciation que nous recevons tous les jours. Je fais profiter la maison de ma bonne connaissance du Cher. J’ai tissé un solide réseau d’informateurs parmi mes relations entre Aubigny, Bourges et Vierzon. Assez d’atouts, je crois, pour réprimer les exactions communistes et mettre hors d’état de nuire les partisans du bolchévisme. Alors je dois faire honneur à mon grade. Dès lundi, je vais m’atteler à la formation intensive qu’Erich Hasse veut me dispenser en personne.
Ce matin, il m’a remis un ausweis — laissez passer —, un Luger parabellum de calibre 9mm, assorti d’un port d’armes. Puis il a commencé à m’initier aux diverses techniques policières. La semaine prochaine, il va m’expliquer le protocole règlementaire des interrogatoires, et surtout le bon usage des méthodes fortes, « juste pour le cas où elles s’avèrent nécessaires », m’a-t-il précisé avec un rictus énigmatique.
Source : Jacques GIMARD — Trompe-la-Mort — Les cahiers secrets de Pierre Paoli, agent français de la Gestapo (Éditions Qui Lit Vit, 320 pages, format 14x20 cm, 22 €)
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Commentaires
j'ai lu votre livre et je le recommande
http://zazymut.over-blog.com/article-jacques-gimard-trompe-la-mort-84770483.html
Vous avez u ne question intéressante ici :
http://www.les-agents-litteraires.fr/trompe-la-mort-de-jacques-gimard#comments
J'aimerais connaître votre réponse
Merci