Cette semaine, j’ai le plaisir de vous présenter une célèbre méthode de lecture, qui ne semble pas hélas avoir longtemps survécu à son auteur. Peut-être des pédagogues bien inspirés la pratiquent encore sans le savoir ?
DUPONT (H.A.).- La citolégie – Nouvelle méthode de lecture pratique –
(Paris, Librairie P. Ducrocq, 1893, 13 x 17,5 cm, 64 pages)
Hippolyte-Auguste Dupont, né en 1767 d’une famille de pauvres vignerons de l’Hérault. Illettré jusqu’à douze ans, il devient « petit marchand ambulant ». Un régent de collège lui donne des modèles d’écriture et des livres : « Je les lisais partout, dit Dupont, en mangeant, en marchant, sur mon grabat d’auberge, où le plus souvent je n’avais été admis que par charité. »
Tombé malade dans un hameau du Gard, les habitants l’engagent comme maître d’école, « moyennant cinq francs par mois et la nourriture ». Il travaille, surtout la calligraphie, et obtient son brevet. Il dirige l’école primaire d’Agde, puis fonde une école à Marseillas, dans l’Hérault. C’est là qu’il met au point la méthode de lecture, dite de « Citolégie ». Il crée en 1828 à Nancy un pensionnat primaire vite florissant ; en 1836, avec l’appui de l’université, l’ancien colporteur ouvre une maison d’éducation à Paris, rue Saint-Lazare. Comme les élèves, ceux de l’élite bourgeoise et intellectuelle de la capitale, affluent de tous côtés, il crée « l’omnibus de l’école », voiture qui va les quérir et ramener chez eux.
Dupont devient le conseiller de Louis-Philippe pour l’éducation de ses petits-fils. Décoré, retiré à Versailles, où il mourra en 1855, il publie des ouvrages didactiques et une « Lettre (édifiante) à Messieurs les instituteurs de France »…
Source : VIAL (Jean).- Les instituteurs – douze siècles d’histoire -
(Paris, Jean-Pierre Delarge éditeur, 1980)