Le second des deux mois ajoutés par le roi Numa au calendrier des Romains fut consacré à Neptune, parce que les pluies, à Rome, étaient très abondantes à cette époque de l’année. Dans notre calendrier républicain, février correspond à pluviôse, mois des pluies. On représente ce mois sous la figure « d’une femme vêtue de bleu, la tunique relevée par une ceinture, tenant en ses mains un canard, ayant près d’elle une urne qui verse de l’eau en abondance et à ses pieds un héron et un poisson. » Tous ces symboles indiquent le temps des pluies. (….)
UN MOIS POUR SE PURIFIER
Ce mois ne porta pas le nom du dieu auquel il était consacré. Numa l’appela februarius, du mot latin februare, qui signifie purifier. À cette époque de l’année, avaient lieu, en effet, des fêtes publiques expiatoires appelées Fébruales. Ces fêtes, qui commençaient le 1er février et qui duraient huit jours, avaient été instituées en l’honneur des morts. Des sacrifices étaient faits aux dieux infernaux, en l’honneur des morts. Pendant la durée de fêtes, il n’était permis à personne de se marier.
Le 15 février, on célébrait les Lupercales, fondées, dit-on, par Romulus et Remus, en l’honneur de la louve (en latin lupus) qui les avait nourris. Des pontifes appelés luperques sacrifiaient aux dieux, durant ces fêtes, des chèvres et des jeunes chiens, et avec des lanières de la peau des chèvres, ils fustigeaient les passants.
Les luperques, presque nus, frottés d’huile, se rendaient dans une grotte située au pied du mont Palatin et qui avait, dit-on, servi de tanière à la louve qui allaitait Romulus. C’est dans cette grotte, qu’on appelait lupercal, que les sacrifices avaient lieu : le couteau teint du sang des victimes était essuyé avec un morceau de aine qui avait été trempé dans du lait.
HONNEUR AU DIEU TERME
On célébrait encore, le 23 février, les Terminales, c’est-à-dire les fêtes données en l’honneur du dieu Terme, protecteur des limites. On représentait le dieu Terme sous la forme d’un bloc de pierre brut, tantôt sous la forme d’un pilier à tête humaine. On raconte que lorsque Tarquin le Superbe voulut bâtir un temple à Jupiter, les ouvriers ne parvinrent pas à enlever les statues de Terme et de la Jeunesse qui étaient sur l’emplacement choisi. Les augures consultés annoncèrent que cela voulait dire que la jeunesse de Rome serait éternelle et que ses limites ne seraient jamais diminuées. Les Terminales se célébraient dans les champs ; sur chaque borne, on élevait un autel au dieu des gâteaux, des fruits, un agneau, une jeune truie.
Signalons enfin parmi les fêtes romaines célébrées en février : les Quirinales, le 17, en l’honneur de Romulus, dont le surnom était Quirinus ; les Fornacales, le 18, en l’honneur de la déesse Fornax (four), qui présidait à la cuisson du pain.
OUBLIÉE LA CHANDELEUR ?
L’Église catholique célèbre tous les ans, le 2 février, la fête de la Purification de la Vierge. « Quarante jours après la naissance du Christ, la Vierge vint au Temple présenter, pour sa purification, deux tourterelles et deux pigeons. » En ce jour, on faisait autrefois des processions avec des chandelles allumées, d’où le nom de Chandeleur donné à cette fête. Le pape Gélase, en 472, fit supprimer cette cérémonie.
Février se distingue de tous les autres mois par une curieuse particularité : c’est le mois pendant lequel les jeunes filles parlent le moins. Et les mauvaises langues ajoutent que c’est uniquement parce que février n’a que 28 jours.
On ajoute un jour complémentaire tous les quatre ans à la fin du mois, tandis qu’il se plaçait autrefois entre le 23 et le 24. Toutefois, l’Église catholique a conservé l’intercalation romaine. Dans les années bissextiles, la Saint-Matthias, qui tombe d’ordinaire le 24 février, est célébré le 25 ; les autres fêtes reculent d’un jour, de manière que les anniversaires du 28 se présentent le 29.
DES PRÉSAGES FUNESTES ?
Lorsque le roi Numa eut introduit deux nouveaux mois, janvier et février, dans le calendrier romain, février terminait l’année. Ce fut César qui donna à ce mois le second rang, et la raison paraît assez curieuse. Le chiffre deux était considéré par les Romains comme néfaste, d’abord parce qu’il est pair, et que les nombres impairs seuls plaisent aux dieux (Numero deus impare gaudet) ; et ensuite parce qu’il indique toutes sortes de présages funestes. On donna le second rang à février parce qu’il était consacré à Neptune en même temps qu’à Pluton, c’est-à-dire au dieu des enfers. C’est pour la même raison que les fêtes en l’honneur des mânes, les Fébruales, avaient lieu le deux du mois.
Source : LÉVY (Albert).- La légende des mois (Paris, Librairie Hachette et Cie, 1879)