Cette semaine, je vous invite à découvrir un livre bouleversant, d’un auteur méconnu, dont le talent fut remarqué par Charles Péguy, qui remua ciel et terre pour lui trouver un éditeur.
LAVERGNE (Antonin).- Jean Coste ou l’instituteur de village
(Paris, Librairie Paul Ollendorff, nouvelle édition, 1903 – 12 sur 19,5 cm, 314 pages)
NDLR - Dans la veine de Zola et de Daudet, ce roman réaliste brosse un tableau misérabiliste de la condition sociale de « hussard noir de la République », à une époque où les instit’ avaient de bonnes raisons de se plaindre…
EXTRAIT – La pendule de la première classe marque dix heures. Le directeur de l’école, M. Largue, fait un signe. Aussitôt, un élève quitte son pupitre, sort, et va mettre en branle la cloche fêlée, appendue tout près d’un couloir, sorte de boyau étroit et sans jour, par lequel l’école des garçons, sise derrière la mairie de Peyras, communique avec le dehors.
À la voix cassée de la cloche répond un brouhaha joyeux. Le bourdonnement d’une ruche en éveil court au bas de la vétuste et branlante bâtisse dont le rez-de-chaussée, en contre-bas du sol de la hauteur d’une marche, comprend quatre classes en enfilade, sans air, aux murs lépreux et écaillés par l’humidité : école bien misérable pour une petite ville de sept à huit mille habitants, en ces temps de belles constructions scolaires.