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générations futures

  • FUTUR ANTÉRIEUR N°5

    An2000-Image.jpgDans les périodes de doute, la nostalgie offre un refuge commode pour se mettre à l’abri de l’anxiété : avec la certitude que « tout était si bien avant », on puise dans le passé de « vraies valeurs », celles que le présent a tant de peine à rappeler à lui.

    Autre échappatoire, plus propice au rêve encore : explorer le futur, avec la secrète intuition de produire du sens, face à un présent qui se dérobe aux explications et surtout aux solutions.

    Alors soudain il paraît sage de se projeter dans ce qui n’est pas encore, sous prétexte qu’il est raisonnable de le prévoir, au nom du développement durable, au nom du redressement productif, au nom des générations futures…  Au nom de toutes ces belles formules à la mode qui œuvrent si bien à fabriquer de la bonne conscience.

    Pendant que la CIA collecte le maximum de données pour deviner comment le monde sera en 2030, le gouvernement français vient d’installer la commission Innovation 2030, une task force qui a pour seule obligation de résultat celle d’être visionnaire, puisque sa mission consiste à repérer les futurs champions industriels dans l’espoir de stimuler la créativité des entreprises.

    En notre XXIe siècle désenchanté, saluons la magie inspiratrice de la science-fiction, même au prix d’un petit numéro d’illusionnisme. Et amusons-nous à croire que nos gouvernants sont capables d’imaginer l’économie de demain alors qu’ils ne savent pas affronter les réalités d’aujourd’hui…

    Preuve que l’anticipation laissera toujours ouverte la porte du rêve, celle que notre enfance ouvrait naguère sur l’an 2000.

    Cf. liens ad hoc —

    http://www.gouvernement.fr/gouvernement/en-direct-des-ministeres/installation-de-la-commission-innovation-2030

    http://lentreprise.lexpress.fr/innovation/hollande-installe-la-commission-innovation-2030_40194.html

    Maison-An2000.jpg

     Source : Album du Chocolat Aiglon - L'An 2000 (1953) Illustrateur : Léon Goetgeluck


    ARRÊT SUR IMAGE —

    Sa façade est d’un jaune jonquille qui ferait injure à nos plans locaux d’urbanisme. Elle est ronde parce qu’elle est giratoire de façon à suivre le mouvement du soleil. Elle offre en terrasse un splendide solarium sous cloche, paradis hédoniste du propriétaire heureux qui aime se coincer la bulle : si la maison de l’an 2000 n’existe pas encore, admettons que l’imaginaire des années cinquante n’a pas son pareil pour nous faire rêver. Exposition d’un confort un rien ostentatoire, ambiance de sereine insouciance, invention d’un bien-être complice de futilité : tout ce que 2013 ne permet plus… Raison de plus de sourire à ce paradis promis et perdu.