Comme la nostalgie aime se joindre à la ronde des saisons, rendons hommage à un texte (presque) centenaire à la gloire du mois de Novembre, dans la douceur de cet été de la Saint Martin, qui ne se reconnaîtra jamais dans la propagande agaçante autour du réchauffement climatique.
Comble du plaisir : cette récitation est empruntée au répertoire poétique, par trop méconnu, de Madame Alphonse Daudet, alias Julia Allard de son nom de jeune fille, alias Marguerite Tournay, le pseudonyme littéraire qu’elle s’était donné à l’âge de dix-sept ans.
L’auteur anonyme de la « notice », — en préambule du recueil Lumières et Reflets —, se ravit de ces « poésies toutes frémissantes de jeunesse et de vérité. » Et de laisser libre cours à son enthousiasme : « Comme les grandes poétesses qui l’avaient précédée, elle était de celle dont l’âme ne s’est épanouie que pour chanter. »
Julia Daudet, plume de l’ombre de son prolixe mari Alphonse, ne mérite-t-elle pas autant que lui la postérité ? La notoriété de son œuvre paie le lourd tribut d’une humilité aussi vertueuse qu’émouvante.
§§§
Novembre
Arbres parisiens, aux sèves mesurées
Par la pierre, l’asphalte et par le gaz ardent,
Vous portez des oiseaux et des nids cependant,
Et le soleil vous fait des branches empourprées ;
Vous êtes la nature au milieu des palais,
Du morne cimetière et du faubourg alerte ;
Vous dépassez parfois les murs d’un souffle frais
Où le hasard d’un fruit met une pulpe verte.
Ce soir, contre ma vitre, entre vos noirs rameaux
Où la feuille en détresse a des révoltes d’aile,
J’évoque un fleuve lent à sa rive fidèle,
Et la paix ancestrale où dorment les hameaux.
Paris, dont la rumeur a tinté dans un lustre,
De quelque choc lointain, sur son pavé heurté,
Paris, je l’entends bien, mais, rêvant de l’été,
Je me crois accoudée à quelque vert balustre.
Une abeille bruit, un liseron penché
Ferme comme un cornet sa corolle de soie.
Le soir rôde, un parfum pénétrant et séché,
Jaillit sous l’arrosoir qui met la terre en joie.
L’heure est divine, ainsi qu’un sursis de bonheur
À tous ceux qu’accable le mal obscur de vivre.
Souvenir d’oasis à goût d’arbre et de fleur,
Malgré la nuit, l’hiver et l’approche du givre !
Source : Madame A. DAUDET — Lumières et Reflets (Paris, Libraire A. Lemerre, 1920)
Madame Julia Daudet, (1876) d'après Auguste Renoir
Un lien Wikipedia consacré à Julia Allard, épouse Daudet — https://fr.wikipedia.org/wiki/Julia_Daudet
Un lien pour découvrir son œuvre poétique — http://archive.org/stream/lesmusesfranai02scuoft#page/54/mode/2up
Un lien pour mieux connaître le couple Daudet — http://maisons-ecrivains.fr/2008/11/alphonse-daudet-draveil-champrosay/
Vous recherchez des récitations évoquant l’enfance ou le rythme des saisons ?
Procurez-vous vite mon Petit Cahier de Récitations, en vente dans les bonnes librairies.
Jacques GIMARD — Petit Cahier de Récitations – Jouez à réviser vos classiques !
Paris, Hors collection, juin 2015, 18 x 23 cm, 5 €)
Découvrez ce cahier d’antan sur le site de mon éditeur
http://www.horscollection.com/site/petit_cahier_de_recita...