Parce qu’elle hante nos souvenirs d’enfant, la nostalgie sourit à l’évocation du « Seigneur de la jungle ». Impossible alors de bouder l’exposition « Tarzan ! — ou Rousseau chez les Waziri », que le Musée du quai Branly nous présente jusqu’au 27 septembre prochain.
La prétention intello du sous-titre de l’expo, intelligible au niveau bac + 15 — combien, parmi cent Français, sont capables de faire le rapprochement entre le philosophe et l’Afrique ? — est heureusement vite oubliée dès qu’on aborde les premières vitrines. Planches originales de BD, vieux livres illustrés, extraits de films au charme suranné : tout l’imaginaire du « beau héros musclé » suffit à mettre entre parenthèses les diverses sources qui ont inspiré l’exotisme romantique d’Edgar Rice Burroughs.
On ne porte qu’un œil distrait à l’évocation des mythes de l’enfant sauvage, de King-Kong, du Yéti et autres créatures fantasmagoriques. On survole les savantes explications qui s’attardent sur l’archéologie littéraire du personnage Tarzan. Car le plaisir est ailleurs, simple et primaire : on admire les vieilles BD colorées des années 30, on compare la plastique des diverses actrices incarnant la prude Jane, on dresse l’inventaire désopilant des incroyables pagnes, slips, et autres caleçons léopard de nos Tarzans en goguette…
C’est sans doute parce qu’on savoure à cœur joie ces « petits rien-du-tout » qu’on est prompt à pardonner de curieuses anomalies, assez étonnantes pour ce grand musée « où dialoguent les cultures », selon son slogan éponyme.
Quelques vitrines donnent l’impression de bouche-trou fourre-tout. Les textes du « parcours jeunes » usent à l’envi d’un parler d’jeuns mal digéré, mi-démago, mi-débilosse. Certains panneaux didactiques laissent même traîner des fautes d’orthographe… Comme quoi le joli musée du Quai Branly sait aussi tutoyer l’air du temps !