Cette semaine, j’ai le plaisir de vous représenter un insolite recueil de poésies, dont le trait d’union est de célébrer la mémoire de mon héroïne préférée. Inabordable Jeanne d’Arc, comme le souligne avec tant de justesse Jules Lemaître dans sa préface : « Certaines figures dégagent un tel rayonnement d’idéal, qu’elles demeurent inaccessibles même à l’art et à la poésie, qui sont les interprétations humaines les plus élevées. On a écrit sur Jeanne d’Arc bien des poèmes et des pièces de théâtre, sans que sa personnalité légendaire ait pu être fixée par un véritable chef-d’œuvre. »
ALBALAT (Antoine).- Les poètes de Jeanne d’Arc
(Paris, Librairie des Annales, 1911- 154 pages, 14 sur 19 cm)
NDLR – Dans son immortelle Ballade, Villon atteste que Jeanne d’Arc appartient déjà à la légende de son siècle…
EXTRAIT –
Ballade des Dames du temps jadis
Dictes-moy où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine,
Archipadia, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Écho, parlant quad bruyt on mayne
Dessus riviere ou sus estan,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
Semblablement où est la royne
Qui commanda que Buridan
Fust gecté en ung sac en Saine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
La royne Blanche comme ung lys,
Qui chantoit à voix de sereine ;
Berthe au grand pied, Bietris, Allys,
Harembourges, qui tint le Mayne,
Et Jeanne, la bonne Lorraine,
Qu’Anglois bruslerent à Rouen ;
Où sont-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
Prince, n’enquerez de semaine
Où elles sont, ne de cest an,
Que ce reffrain ne vous ramaine :
Mais où sont les neiges d’antan !
François VILLON